La question peut heurter mais elle s’impose au vu de la multiplication des messages des IDEL(s) en ce sens sur les réseaux sociaux. Des infirmières libérales ont accepté de venir renforcer les équipes hospitalières, mais des semaines, voire des mois après, certaines et certains le regrettent au vu du mépris qui leur est opposé.

L’infirmière libérale appelée à la rescousse des services hospitaliers

Devenir infirmière et infirmier libéral ou hospitalier représente une véritable vocation, et lorsque Maxime Le Gall, un infirmier libéral de décide de répondre à l’appel de l’AP-HP au printemps dernier, c’est aussi   « pour aider les consœurs et les confrères, qui ont vraiment souffert et, évidemment, pour les patients ». En revanche, l’infirmier libéral se préoccupe aussi, et chacun peut le comprendre, de sa future rémunération. Il rappelle ainsi qu’il accepte la mission pour une rémunération de 16 € de l’heure. La question n’est pas de s’interroger sur la faiblesse ou la générosité de cette rémunération mais bien de souligner que le contrat entre les hôpitaux de Paris d’une part et l’infirmier libéral repose bien au départ sur un accord convenu entre les deux parties.

Lorsque Maxime Le Gall constate que la rémunération perçue ne correspond pas à celle définie au départ, il entre en contact avec les services des ressources humaines. C’est en relayant sur Twitter les différents échanges qu’il a pu avoir avec ces administrations, que l’infirmier libéral a suscité l’indignation d’un grand nombre d’autres IDEL(s). Malgré les explications avancées par l’administration, la rémunération se révèle en effet inférieure, et cette même administration espère même que ce n’est « pas la rémunération qui vous a motivé ». Il ne s’agit pas d’épiloguer sur un cas personnel, mais bien de s’apercevoir que cela a permis de libérer la parole.

 

Les infirmières libérales trompées seront-elles prêtes à se (re)mobiliser ?

 

Les rémunérations perçues bien inférieures à celles présentées pour attirer les renforts pendant la crise sanitaire du printemps dernier, les délais de paiement extrêmement longs (jusqu’à 6 mois dans certaines situations), les missions effectuées ne correspondant pas du tout au descriptif annoncé, … on ne peut pas lister l’ensemble des témoignages, qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Toujours est-il qu’un nombre important d’infirmières et d’infirmiers libéraux se déclarent écoeurés de ce mépris qui leur est opposé « après-coup ». Ils ne sont pas les seuls, car bien d’autres professionnels médicaux ou paramédicaux sont concernés par ces problèmes de rémunération et/ou de reconnaissance.

On peut comprendre que l’urgence de la situation (en mars et avril, la priorité était bien de renforcer le système hospitalier) ait pu impliquer des erreurs dues à la précipitation, mais en septembre ou octobre 2020, tout devrait être régularisé, d’autant plus que le gouvernement a insisté sur le renforcement de l’hôpital public en France.

Toujours est-il que plus de 6 mois après le début de la crise du Covid-19, les hôpitaux français sont confrontés à une nouvelle vague, qui inquiète tous les professionnels de santé. Et les mêmes solutions sont alors déployées pour réussir à surmonter cet afflux de patients. Les infirmières et infirmiers libéraux, les professionnels paramédicaux, … sont appelés à la rescousse pour venir en aide à des équipes hospitalières épuisées et débordées.

La vocation et la destination altruiste de la profession infirmière n’a pas disparu, mais force est de constater qu’au vu de la multiplication des messages négatifs sur cette problématique, les infirmières libérales réfléchissent à deux fois avant de s’engager. Et pourtant, le besoin se fait pressant, à en croire les autorités sanitaires.

Dans le même temps, les infirmières libérales s’inquiètent elles-aussi sur l’impact du durcissement des contraintes qui seront décidées par le gouvernement dans les prochaines heures et les prochains jours. Car si certains IDEL(s) accepteront de répondre favorablement aux demandes de renforts, qui sont appelés à se multiplier dans les prochains jours, tous et toutes redoutent aussi une détérioration des conditions d’approvisionnement en équipements de protection, un problème déjà rencontré au début de la crise sanitaire.

A force de tirer sur la corde, les autorités sanitaires ont donc réussi à démobiliser un peu plus les professionnels libéraux de santé, et c’est là un sujet, qu’il faudra rapidement aborder et solutionner pour ne pas avoir à en subir les conséquences désastreuses dans les années qui viennent.

Et vous, répondrez-vous à l’appel à renfort lancé par les hôpitaux ? L’avez-vous fait à l’occasion de la première vague de l’épidémie et quel est votre retour sur le sujet ?