C’est une revendication récurrente pour les infirmières libérales et pour leurs consœurs hospitalières : l’élargissement des compétences de la profession. Et aujourd’hui, alors que les infirmières sont à bout de souffle, cette évolution semble d’ores et déjà acquise même si ….

Les infirmières et infirmiers veulent changer leur avenir : quitter la profession ou se former !

Dans une consultation réalisée du 2 au 7 octobre 2020 auprès des 350 000 infirmiers inscrits à l’Ordre et à laquelle 59 368 infirmiers ont répondu, l’Ordre nationale des Infirmiers (ONI) s’est attaché à comprendre l’état d’esprit des infirmières libérales et hospitalières en cette fin d’année si difficile. On sait la période difficile, tant les IDEL(s) et les infirmières hospitalières sont sur-sollicitées continuellement depuis le Printemps dernier.

Pour une infirmière sur trois (30%), les IDE « exercent des taches qui sortent de leur champ de compétences réglementaire pour faire face au surcroit d’activité général lié au Covid », et ce constat est partagé par les infirmières libérales et hospitalières. Entre cette surcharge de travail, la perte de sens du métier, le manque de moyens mais aussi de reconnaissance, la profession se déclare à bout, et 43% des infirmières et des infirmiers « ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans cinq ans ».

Certes, le malaise et les revendications préexistaient à cette crise du coronavirus, mais l’année 2020 aura été un accélérateur, un amplificateur, et 37 % des infirmières et infirmiers estiment que cette pandémie mondiale « leur a donné envie de changer ». Si certains envisagent donc de jeter l’éponge, d’autres espèrent pouvoir continuer à exercer mais dans des conditions améliorées, et la formation fait partie des pistes à étudier, tant par les IDE que par les autorités publiques.

 

La formation pour gagner en compétences, une nécessité pour les infirmières libérales comme hospitalières

 

Car si la crise a souligné les lacunes du système de santé en France, elle a également mis en avant le décalage entre les missions assignées à l’infirmière et la réalité du quotidien. Cela fait partie des revendications de la profession depuis des années, mais le constat est aujourd’hui, en plus, partagé par de nombreux spécialistes. Ainsi, cette revalorisation des compétences pour les infirmières libérales notamment est présentée comme une absolue nécessité pour M. Guy Vallancien, chirurgien et universitaire :

« Ce sont les infirmiers qui vont dans les maisons. Il faut évoluer comme au Canada, par exemple, où ils sont le premier maillon de la prise en charge, »

Cela passera nécessairement par de la formation continue pour les infirmières libérales et hospitalières mais aussi par une refonte des études en soins infirmiers pour l’avenir. L’extension et l’élargissement des compétences infirmières représente une évolution, à laquelle les Français eux-mêmes sont favorables. Prescription d’imagerie médicale ou d’analyses biologiques, petites sutures, traitements médicaux,… les propositions sont nombreuses et l’universitaire renforce son argumentation en soulignant : «  Il existe un besoin mais aussi une acceptation de ce besoin ».

Vers un élargissement des compétences des infirmières libérales pour une meilleure reconnaissance

 

Si des professionnels de la santé soutiennent donc les revendications de la profession, les autorités publiques pourraient, elles-aussi, se laisser convaincre depuis que des économistes soulignent eux-aussi la nécessité de faire évoluer la profession. L’économiste Nicolas Bouzou expliquait ainsi aux journalistes d’Infirmiers.com : « Des méta-analyses et des revues de la littérature récentes prouvent qu’élargir les compétences infirmières augmente l’efficience du système de soins. On observe aussi une diminution de la durée d’hospitalisation et de leur nombre. Ce n’est pas seulement une question de corporatisme, cela serait bénéfique pour tout le monde. »

A l’heure où le Ségur de la Santé doit être suivi d’une réforme encore plus vaste du système de Santé en France, ce gain d’efficience de ce dernier, assuré par l’évolution des compétences des infirmières et infirmiers, ne pourra donc plus être ignoré. Et cela pourrait permettre à la profession de trouver une nouvelle raison d’espérer et de se recentrer autour d’une profession, qui reste marquée par ce sentiment de vocation. A moins, qu’il ne soit déjà trop tard, et que les 43 % d’infirmières ne s’imaginant pas rester dans la profession, aient déjà pris une décision irrévocable.

 

Et vous, quel est votre sentiment sur le sujet ? Pensez-vous que cet élargissement des compétences pour les infirmières libérales et hospitalières sera une réalité dans quelques mois ? Et ou placez-vous le curseur ?