Les infirmières libérales assistent à une mutation profonde de leurs conditions d’exercice. S’installer en solitaire est désormais une exception, et l’exercice coordonnée est présenté comme la solution d’avenir, avec une autre notion qui commence à prendre de l’importance : le partenaire patient.

 

L’exercice coordonné, les infirmières libérales appelées à abandonner l’exercice solitaire

 

Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires incitent tous les professionnels de santé à choisir l’exercice coordonnée en les invitant à rejoindre ou à créer une des structures spécialement conçues pour cela. Les infirmières et infirmiers libéraux font partie de ces professionnels, et force est de constater que l’exercice solitaire est de plus en plus déserté par les professionnelles qui s’installent. Désormais, l’exercice en maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou en centres de santé se généralisent. Si chacune de ces structures présentent des spécificités, l’exercice coordonné repose sur deux principes constitutifs :

  • La coordination des professionnels engagés autour d’un projet de santé
  • Des aides diverses et variées des autorités sanitaires pour rendre l’alternative plus attractive encore

Revendiquant depuis de nombreuses années la reconnaissance de leur rôle et de leur expertise, les infirmières libérales peuvent enfin trouver, à travers ce choix, une manière de valoriser leurs compétences et de renforcer leur place centrale dans l’organisation de la prise en charge des patients.

Maisons de santé pluriprofessionnelles ou Centre de santé, des parcours accessibles à tous les professionnels de santé

Le succès de ces structures, dont les dernières Réformes de Santé vantent les avantages et les atouts, est incontestable. Ainsi en juillet 2020, on comptabilisait en France 1617 MSP (et 451 projets en cours d’élaboration) et 428 centres de santé. Dans les faits, l’Assurance Maladie souligne que bien souvent, les créations de ces centres de soins, s’appuyant sur cet exercice coordonné, sont dues à la volonté des professionnels de santé eux-mêmes. Ce sont eux, qui s’engagent dans la procédure pour répondre aux problématiques essentielles, à savoir :

  • S’engager dans une autre forme d’exercice libéral de leur profession et adhérer à un projet de santé en fonction de leurs aspirations (il revient en effet aux infirmières libérale et aux autres professionnels de ces structures de définir un véritable projet de santé, base même de la création à venir)
  • Contourner les problématiques d’installation, tant en termes de choix des locaux qu’en ce qui concerne l’identification de la patientèle du territoire,
  • Mutualiser les coûts et bénéficier d’aides financières pour conduire le projet.

 

Parfois, ce sont les collectivités locales qui vont chercher à créer une MSP sur leur territoire, le plus souvent pour faire face à une problématique de désertification médicale. Même dans ce cas précis, les infirmières libérales doivent adhérer au projet, en participant à son élaboration. Le projet de santé est toujours rédigé en tenant compte des ambitions et attentes des professionnels de santé d’une part, mais aussi des besoins en termes de santé du territoire.

De l’exercice coordonné au partenariat patient, une évolution des soins de ville

 

Sur la base de ce projet de santé, la structure de soins pourra ensuite signer un Accord conventionnel interprofessionnel (ACI), reconnaissance officielle et financière du projet par l’Assurance Maladie et facilitant la mutualisation des investissements et des coûts. C’est donc bien un mode d’exercice différent de celui encadrant une infirmière libérale choisissant d’exercer seule. C’est toute l’organisation quotidienne, qui est alors revue et transformée.

C’est une évolution comparable à une autre notion, portée par la dernière réforme « Ma Santé 2022 » : le partenaire patient. Bien que la France ne soit pas en avance sur cette notion, elle entend ne plus se laisser distancer en la matière, notamment par rapport au Canada où le partenariat patient est devenu un socle du système de santé. Il s’agit bien d’une relation de collaboration et de coopération, visant à garantir plus d’autonomie et d’autodétermination aux patients eux-mêmes. Cette approche, dont les objectifs participent à l’efficience du système de soins et à la rationalisation des coûts, vise en outre à améliorer l’expérience patient tout en améliorant le bien-être des professionnels de santé eux-mêmes. Une approche nécessitant la coordination des équipes de soins, et faisant de ces maisons de santé une des bases nécessaires pour son déploiement.

 

Comment jugez-vous de cette transformation en profondeur de l’organisation des soins avec ces structures dédiées à l’exercice cordonnée ? Estimez-vous que cette notion de partenaire patient soit une des grandes évolutions des années à venir ?