56.5 % des infirmières libérales en situation d’épuisement professionnel !

 

Le constat est aussi implacable qu’il est inquiétant. Plus d’une infirmière libérale sur deux affirme être confrontée à des signes de burn-out. A l’instar d’un grand nombre de professionnels de santé, les infirmières libérales supportent de plus en plus mal la dégradation de leur condition d’exercice. Mais jusqu’à quand ?

Le mal-être des infirmières libérales, des tensions de plus en plus usantes

 

Il suffit de parcourir les forums de discussion ou encore les réseaux sociaux pour prendre véritablement conscience du malaise des soignants au quotidien. A l’hôpital comme à la ville, les professionnels de santé expriment depuis de nombreuses années des revendications, souvent ignorées voire méprisées des autorités sanitaires. Les infirmières et infirmiers libéraux ne sont pas mieux ni plus mal lotis que les autres professions concernées. Ce malaise préexiste à la crise sanitaire, qui n’a fait qu’aggraver une situation jugée délicate par certains. Outre les études annuelles prenant le pouls des différentes professions, une nouvelle étude de la caisse de retraite des auxiliaires médicaux libéraux (Carpimko), réalisée par le cabinet Stimulus, met en évidence un essoufflement du système.

 

Plus d‘un soignant libéral sur deux confronté au burn-out

Et cette dernière souligne cet état alarmant des professionnels libéraux de santé, puisque 53 % de ceux-ci reconnaissent présenter des signes de burn-Out. Plus d’un libéral de santé sur deux, un chiffre qui fait peur, d’autant plus lorsqu’il est ramené au moral de la population dans son ensemble. En effet, en France, 12 % de la population seulement seraient confrontés à ce type de manifestations d’un épuisement professionnel.

Les IDEL(s), une des professions les plus en souffrance en France ?

 

Sans réelle surprise, les infirmières libérales apparaissent être une des professions les plus touchées par ce syndrome de l’épuisement professionnel. Ne souligne-t-on pas qu’elles demeurent le premier soignant en lien direct et quotidien avec les patients ? si cette proportion s’élève à 48.6 % pour les orthophonistes ou à 32 % pour les masseurs-kinésithérapeutes, 56.5 % des infirmières et infirmiers libéraux sont confrontés à cette triste et difficile réalité. Inutile de chercher bien loin l’origine de cette usure aussi bien physique que mentale des IDEL(s), puisque la charge de travail ne cesse de s’accroitre pour ces professionnelles de santé. Sur cette question de l’organisation du travail, l’étude souligne, que les infirmières libérales, contraintes de devoir passer plus de deux, trois ou quatre heures quotidiennes dans les transports, sont encore plus atteintes que leurs consœurs.

Mais l’étude souligne aussi et surtout, que cet épuisement psychologique résulte, notamment en cette période de crise sanitaire, à la nature même de la profession. En visitant des patientes et des patients de plus en plus âgés, et de plus en plus souvent isolés, les infirmières libérales doivent faire face à une détresse psychologique, à laquelle elles doivent répondre en plus des soins à prodiguer.

Un avenir à réinventer pour la profession infirmière ?

Comme bien d’autres professionnels de santé, les infirmières et infirmiers libéraux ne peuvent pas « oublier » leur quotidien après des journées de travail harassantes et usantes. La frontière entre vie professionnelle et vie personnelle devient de plus en plus floue et difficile à définir. L’étude de la Carpimko souligne que le « le simple fait de couper le téléphone en dehors des périodes de travail peut engendrer une tension psychologique et éthique », souligne l’étude. ». Entre emploi du temps surchargé et la résistance face aux souffrances de leur patientèle, ces professionnelles de santé doivent en outre faire face à toutes ces tracasseries administratives, qu’elles dénoncent depuis des années.

Naturellement, la crise sanitaire du coronavirus n’a pas arrangé la situation. Le temps nécessaire à la désinfection des locaux ou du matériel, la préparation et le respect des gestes barrières alourdissent un quotidien, qui n’avait pas besoin de l’être et fait peser une nouvelle crainte pour les IDEL(s). 79 % d’entre-eux se déclarent ainsi inquiets pour leur santé physique, entre manipulation des patients et risques de contamination. Cette accumulation des pressions explique cet état de mal-être généralisé, et souligne l’urgence à réagir. Sous quelle forme et de quelle manière ? Chacun a son idée, même si aucun consensus ne se dégage encore.

 

Ressentez-vous cet épuisement professionnel au quotidien ? Quelles solutions devraient être mises en place, selon vous, pour apaiser une situation aussi tendue ?