Ces derniers jours de mars auront été éprouvants pour la profession infirmière. Cette dernière a dû se battre pour voir ses compétences en matière de vaccination enfin reconnues. Et dans le même temps, des leçons de morale commencent à apparaître dans les procédures intentées contre les infirmières et infirmiers libéraux ? Une période difficile dans un contexte plus que tendu….

Une leçon de morale donnée à la profession infirmière ?

 

Même pendant la période de crise sanitaire, certaines infirmières et infirmiers libéraux continuent d’être poursuivis devant les tribunaux pour des procédures en réclamation d’indus. Il ne s’agit aucunement de juger tel ou tel épisode, chaque histoire masquant des réalités bien différentes, mais bien de souligner l’orientation donnée désormais par l’Assurance Maladie à ces procédures contentieuses. C’est sur le plan de la morale et des finances publiques, que les autorités sanitaires veulent positionner ces différents présentés devant un tribunal.

Ainsi le 23 mars dernier, une infirmière libérale comparaissait devant le tribunal de Bayonne. Il lui était reprochée d’avoir indûment encaissé 94.500 € entre le 1er janvier 2016 et le 31 octobre 2014, grâce à des surfacturations voire dans certains cas à de fausses facturations. Les débats ont permis de souligner que l’infirmière libérale avait été repérée par une analyse statistique, son nombre de patients étant largement inférieur à celui de ses consœurs et confrères, alors que ses revenus, eux, étaient sans commune mesure avec ce constat. Le jugement sera rendu le 1er juin prochain, et une amende de 50.000 € et une peine de prison de 10 mois de prison avec sursis ont été demandés à son encontre.

Sans revenir sur les faits, c’est la position de la CPAM qui peut heurter toute une profession. En effet, l’avocate de l’Assurance Maladie, Me Sophie Serrano a souligné, devant les magistrats, que la condamnation de cette infirmière libérale était aussi « une question de protection des fonds publics« . Les infirmiers libéraux seraient ainsi responsables en partie de la gestion des fonds de l’Assurance Maladie. Cette défense tenterait donc de faire de cette histoire individuelle une question de morale publique, ce qui, une fois de plus, ternit l’image des infirmières et infirmiers libéraux.

 

Après la leçon de morale, une reconnaissance (tardive) des compétences de la profession

Mais l’actualité des infirmières et infirmiers libéraux est aussi marquée par la reconnaissance, que certains estiment bien trop tardive, de leurs compétences propres. Alors que les pharmaciens et les sages-femmes avaient été autorisés au début du mois de mars à vacciner leurs patients contre la COVID-19, ce droit à prescription avait été refusé aux infirmières libérales, déclenchant la colère de toute une profession.

Elles étaient nombreuses à souligner la situation de ces personnes âgées, ne pouvant se déplacer en cabinet médical ou dans des centres de vaccination, qui ne pouvaient donc pas recevoir le vaccin tant espéré, puisque le seul soignant se rendant à leur chevet ne pouvait pas le faire. En élargissant la population de vaccinateurs à plus de 250.000 professionnels, un décret du 25 mars a pallié à ce qui apparaissait être comme une grossière erreur : « Le décret n°2021-325 du 26 mars 2021, pris après l’avis du 25 mars 2021 de la HAS, élargit les compétences vaccinales des infirmiers en les autorisant à prescrire le vaccin AstraZeneca et à l’administrer, notamment pour favoriser les démarches d’aller vers les personnes éloignées du système de santé et celles à domicile présentant des difficultés pour se déplacer et se rendre en centres de vaccination. »

C’est donc une reconnaissance des compétences propres de la profession, et une fois n’est pas coutume, les infirmières et infirmiers libéraux et hospitaliers peuvent se féliciter du soutien reçu par de nombreux médecins. Interrogé par les journalistes de LCI, le docteur Nathalie Meyer, médecin en Gironde plaidait en faveur de cette reconnaissance avouant même :

« Les infirmiers sont tout à fait capables, et parfois même mieux que nous, d’effectuer ce type de soins et de gérer un éventuel anaphylactique »

Il est évident, qu’après la crise, cette défiance des autorités publiques vis-à-vis de la profession reviendra dans les débats, et la profession infirmière devra alors faire entendre ses revendications. Peut-être faudra-il alors se souvenir de ce questionnement du même docteur Meyer : « Le lobby des infirmiers est peut-être moins puissant que d’autres ? »

 

Et vous, estimez-vous aussi que le lobbying des infirmiers est moins puissant que d’autres dans le domaine de la santé ? Et que pensez-vous de l’apparition de cette morale et de l’intérêt général dans les procédures à l’encontre des IDEL(s) notamment ?