C’est malheureusement un sujet omniprésent et pourtant si peu traité. Les violences faites aux soignants et notamment aux infirmières libérales.

La violence physique ou verbale, une autre réalité du quotidien pour les IDEL(s)

 

C’est un sujet récurrent dans le quotidien d’une infirmière ou d’un infirmier libéral. Au cours de ses tournées quotidiennes, l’infirmière libérale est souvent confrontée à des situations de violences physiques ou verbales. Des propos déplacés aux injures, en passant par la remise en compte des aptitudes professionnelles de l’infirmière, ces violences du quotidien compliquent encore un peu plus l’activité professionnelle des IDEL(s). Et les formes peuvent être multiples, comme chacun a pu le constater au cours de cette crise sanitaire. Au printemps 2020, certaines infirmières libérales n’ont-elles pas du retirer leur caducée de leur pare-brise pour ne pas s’exposer aux tentatives de vol des masques et des gels hydroalcooliques, alors considérés comme des denrées rares et précieuses ?

Dans d’autres cas, les violences se font plus graves encore, mettant l’intégrité physique de la professionnelle en danger, et de nombreux faix divers attestent de cette triste réalité. Si les violences physiques ou verbales faites aux infirmières et infirmiers libéraux demeurent donc incontestables, il reste néanmoins difficile de dresser un état des lieux précis et détaillé. Les signalements sont peu nombreux et ne concernent que les cas les plus graves, et au vu de l’emploi du temps déjà bien rempli d’une infirmière libérale, celle-ci ne peut pas consacrer de précieuses minutes chaque jour pour détailler toutes ces situations conflictuelles du quotidien.

Pourquoi les infirmières libérales sont-elles victimes de harcèlement et de violences ?

 

De multiples raisons peuvent expliquer ces violences faites aux soignants, que ce soit vis-à-vis des infirmières libérales ou des soignants hospitaliers. Le 16 mars dernier, l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé (ONVS) a publié son rapport 2020 (sur les données de 2019). Cette étude recense principalement les violences constatées en milieu hospitalier, et là encore, le constat dressé est loin de refléter la réalité vécue par les infirmières, médecins et autres aides-soignantes. 26.060 signalements ont été effectués en 2019, une progression de plus de 10 % par rapport à l’année 2018. Mais pour l’infirmière libérale comme pour les soignants hospitaliers, signaler cette violence, considérée comme « quotidienne » et « normale », n’est pas considéré comme un geste naturel. Ainsi le rapport 2020 des violences faites aux soignants souligne que moins de 10 % des établissements de santé participent à ces remontées. Autant dire que le phénomène serait d’une ampleur démesurée, si tous les faits de violence étaient remontés.

Bien que les soignants à l’hôpital ne travaillent pas seuls, dans 81 % des cas ces violences sont solutionnées par le ou la professionnelle concernée sans aucune aide extérieure. Et pour les infirmières libérales, cette solitude explique en partie le phénomène. Premier soignant face à la souffrance ou à la détresse du patient et de son entourage, l’infirmière libérale doit s’en sortir sans pouvoir espérer l’intervention d’une aide externe. C’est ce constat que dresse le rapport, quand il s’intéresse au « peu de signalements en SSIAD ou HAD ». Les infirmiers libéraux ou les soignants intervenants au domicile se retrouvent dans des « situations de violence complexes, parfois très difficiles à gérer, avec une anxiété d’autant plus forte chez les soignants qu’ils peuvent se retrouver isolés et dans un contexte hostile ». L’hostilité peut reposer sur la non-acceptation de la maladie ou des maux, ou sur l’incapacité à accepter l’arrivée d’une « étrangère à la vie du foyer » et peut donc se traduire sous de multiples formes. Le rapport propose des témoignages poignants, reflétant la diversité de ces situations : « C’est moi qui commande chez moi, tu fais ce que je te dis, je t’em… »  « Les conseils sont interprétés comme des ordres, alors que mon intention ne l’est pas. » et parfois certains infirmiers libéraux ne savent plus comment réagir face à cette agressivité ou à des gestes ou propos déplacés, comme cette infirmière ne pouvant que constater : « Impossibilité d’assurer la qualité du soin ».

Naturellement, cette violence participe à l’épuisement et au stress des infirmières et infirmiers libéraux, dont l’activité quotidienne se révèle encore plus usante.

Et vous, quel jugement portez-vous sur cette violence faite aux infirmières libérales ? Comment faites-vous face à ces situations difficiles ?