Comment vont les infirmières après un an de crise sanitaire ?

Les infirmières libérales et hospitalières sont sur tous les fronts depuis plus d’un an maintenant. Elles ressentent une fatigue intense bien compréhensible. Plus inquiétant, les infirmières libérales et hospitalières avouent aussi ressentir un sentiment d’épuisement professionnel.

Devenir infirmière, une vocation de plus en plus plébiscitée

 

On pourrait croire, au premier abord, que la profession infirmière offre les meilleures conditions de travail qui soient, tant en exercice hospitalier que dans un cabinet d’infirmières libérales. Les lycéens semblent en tout cas partager ce sentiment, lorsque l’on étudie leur choix d’orientation pour cette année 2021. Jusqu’au 8 avril dernier, ils ont ainsi exprimé leurs vœux pour leur avenir sur la plateforme Parcoursup. Et pour la 3ème fois de suite, ce sont bien les études pour devenir infirmière qui arrivent en tête de ces choix, selon les chiffres communiqués par le ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’innovation.

Sur les 640.800 lycéens s’étant inscrit, plus de 9 % ont fait savoir leur volonté de s’engager pour décrocher le diplôme d’Etat Infirmier. L’attractivité de la profession infirmière n’est pas nouvelle, mais elle semble se renforcer, puisqu’on enregistre une augmentation de 13 % par rapport à l’année dernière. La crise sanitaire n’est pas étrangère à cet engouement massif, puisque le rôle essentiel des infirmières dans le système de santé en France a été mis en lumière. Et le ministère de la Santé a officiellement affirmé son ambition de créer 6.600 nouvelles places dans les Instituts de formation en soins Infirmiers dans les prochaines années, et cette annonce a pu participer à la décision de certains étudiants. Pour autant, ces innombrables vocations traduisent-elles réellement une profession attractive en termes de rémunération et de condition de travail ? Un grand nombre d’infirmières libérales et hospitalières ne partagent pas ce constat angélique bien au contraire, et là encore, l’épidémie de coronavirus n’a pas atténué les souffrances, que ressentent ces professionnelles de santé.

 

Les infirmières, des professionnelles au bord de l’épuisement professionnel

 

Les infirmières sont sollicitées depuis plus d’un an pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Certes, l’engouement des plus jeunes pour leur profession peut les motiver et les réjouir, comme cela a pu être le cas avec les applaudissements du 20h00. Mais les infirmières libérales et hospitalières ressentent un épuisement professionnel, un épuisement renforcé par les relations plus que difficiles entre ces professionnelles de santé et les autorités sanitaires. Et ce sentiment est confirmé par les résultats d’une étude d’HIMSS (Healthcare Information and Management Systems Society), qui a analysé la réalité des médecins et des infirmiers dans 10 pays. Et c’est en France, que médecins et infirmiers ressentent le plus cet épuisement puisqu’ils sont 67 % à l’avouer. Et pour la majorité d’entre-eux (62 %), la crise de la Covid-19 n’a fait que dégrader une situation préexistante à la crise. Pour les infirmières libérales, le constat est identique même si les causes peuvent être différentes.

La profession infirmière à replacer au cœur du système de santé

 

Bien évidemment, lorsque l’on entre dans le détail, les revendications de rémunération salariales figurent en bonne place parmi les attentes de la profession, mais celle-ci souhaite avant tout bénéficier d’une totale reconnaissance. Et cette reconnaissance passe notamment par une meilleure organisation des relations entre les infirmières et les autres professionnels de santé. S’agissant des infirmières libérales, cette demande n’est pas nouvelle, puisqu’en 2018, un sondage de l’Ordre National des infirmiers soulignait que 63 % des IDEL(s) souffraient d’un ou plusieurs symptômes de burn-out. Nous étions alors avant la crise sanitaire, et l’identification des principales causes de ce stress chronique chez les infirmières libérales mettaient alors en évidence :

  • Une charge de travail trop importante, avec des agendas surchargés
  • La « charge émotionnelle », que l’infirmière libérale doit être en mesure de prendre en charge seule et sans aide extérieure,
  • La question financière avec des inquiétudes sur leur avenir,
  • La non-reconnaissance de leur rôle, faisant naitre un « sentiment d’injustice et de culpabilité »
  • Une charge administrative jugée excessive

 

On retrouvait déjà en 2018 pour les infirmières libérales les mêmes causes, qui n’ont pas été allégées ou atténuées par la crise sanitaire. Cette exacerbation des colères donnera-t-elle le coup de départ d’une transformation en profondeur ?

 

Et vous, quel est votre ressenti après un an de crise sanitaire ? Vous sentez-vous en situation d’épuisement professionnel ?