C’est une question, qui agite les forums spécialisés et les réseaux sociaux. Dans un centre de vaccination, les rémunérations ne sont certes pas identiques pour toute la profession infirmière, mais cela peut s’expliquer.

Les infirmières libérales payées deux fois plus que les infirmières hospitalières dans les centres de vaccination ?

 

Tous les professionnels de santé, qu’ils exercent à l’hôpital ou sous un autre statut, sont mobilisés depuis de nombreuses semaines pour participer à la campagne de vaccination. Les premiers temps de celle-ci furent tendus, puisque chaque profession, chaque ordre revendiquait l’envie de participer d’une manière plus active. On se souvient des revendications portées par les infirmières et infirmiers libéraux notamment, en faisant valoir que la vaccination faisait partie de leurs compétences propres. Elles souhaitaient non seulement vacciner les patients mais demandaient que leur soit reconnu le droit à la prescription. Après des semaines de négociations et de querelles – et la profession infirmière n’est pas la seule à avoir bataillé pour obtenir gain de cause – on pouvait penser que la question était définitivement réglée. Aujourd’hui d’autres débats restent vifs mais se concentrent autour de la rémunération des professionnels de santé, participant à cette vaste stratégie de vaccination. En élargissant le droit à vaccination au plus grand nombre, les autorités publiques se sont également attachées à encadrer l’intervention de chacun de ces professionnels, notamment en ce qui concerne la rémunération.

Alors que certains hommes politiques et soignants avaient demandé qu’une « rémunération universelle » soit attribuée à chaque vaccinateur, indépendamment de son titre, le gouvernement en a décidé autrement en listant les rémunérations légales en fonction de la fonction de la profession et du titre de chacune et chacun. Depuis, les querelles et les débats se font de plus en plus vifs, certaines professions s’estimant lésées par rapport à d’autres, les étudiants en santé se considérant comme les grands perdants de cette décision politique, … Si la profession infirmière n’a pas échappé à ces querelles, elle est traversée par une autre gronde, puisque sur les réseaux sociaux et autres forums spécialisés, on peut lire que les « infirmières libérales seraient payées deux fois plus que leurs consœurs hospitalières ». 

La rémunération des infirmières libérales pour participer à la vaccination

Pour être précis, toutes ces rémunérations sont fixées par le décret publié le 5 février dernier au Journal Officiel. Alors que le dispositif est aujourd’hui rôdé et pleinement opérationnel, certains médias se sont même fait l’écho de ces différences de rémunérations, comme l’a fait le magazine Challenges dans son dernier numéro en notant que « les infirmiers des hôpitaux découvrent que […] leurs collègues libéraux gagnent deux fois plus qu’eux. »

D’après les textes, l’infirmière libérale, venant renforcer l’équipe dans un centre de vaccination, bénéficie d’une indemnité de 55 € par heure (60 € les dimanches, jours fériés et samedis après-midi). Sa consœur hospitalière, venant en dehors de ses heures de travail, est payée 24 € par heure (48 € les dimanches, jours fériés et samedis). Pourtant cette différence de rémunération doit être atténuée, dans la mesure où l’infirmière salariée perçoit un salaire net, alors que l’IDEL devra s’acquitter de ses charges (environ 45 % pour une rémunération nette de 30.25 €). On est donc loin d’une rémunération deux fois plus importante, surtout en considérant les sommes versées les samedis après-midi, dimanches et autres jours fériés. Dans un cas (en semaine), les infirmiers libéraux perçoivent une somme supérieure aux infirmiers hospitaliers, qui reçoivent néanmoins plus en dehors de ces jours traditionnels.

Cette querelle, et toutes celles qui lui ont précédées, souligne les plaintes de certaines catégories de se voir ainsi stigmatiser, puisque en voulant individualiser la rémunération de chacun, les autorités sanitaires ont souhaité apporter des réponses personnalisables et adaptées au quotidien de chaque professionnel concerné.   Encore aurait-il fallu prendre le temps de les expliquer, afin d’éviter ce type d’amalgame, surtout après plus d’un an de mobilisation générale et une profonde fatigue de la part des personnels concernés.

 

Et vous, comprenez-vous ces différences de rémunération ? Ou auriez-vous préféré un « forfait universel » applicable à toutes et tous ?