Depuis la loi de modernisation de notre système de Santé (26 janvier 2016), l’article L 4301-1 du Code de la Santé publique a introduit le principe de la pratique avancée des auxiliaires médicaux. Depuis, la profession infirmière a été la première à bénéficier de cette avancée, répondant à des standards déjà utilisés au niveau international. En 2018, les décrets d’application étaient alors officialisés pour permettre l’arrivée des infirmières en pratiques avancées (IPA) et des IPA libérales. En 2018, la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) prévoyait la formation de 5.000 IPA avant 2023, une ambition revue au cours du Ségur de la Santé avec la volonté de former 3.000 professionnels d’ici 2022. Selon l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), on comptait en 2020 260 IPA en France. Et on comptabilise pour cette année 2020-2021 1393 étudiants engagés dans cette voie (729 en Master 1 et 664 en Master 2). Si les objectifs affichés semblent atteignables (même si cela sera difficile), le déploiement massif de ces nouvelles infirmières et infirmiers se heurte cependant à deux obstacles majeurs : des contingences matérielles d’une part et une prise de conscience encore insuffisante d’autre part.

Surmonter les obstacles freinant le déploiement des infirmières en pratiques avancées

Pour les IPA, il est nécessaire de lever les obstacles, empêchant à cette nouvelle profession de se déployer dans les meilleures conditions. Pour surmonter ces obstacles, Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), et Julie Devictor, présidente du Conseil national professionnel (CNP) des IPA, ont été reçues par Olivier Véran, Ministre de la Santé en avril dernier. Cela a permis à ces professionnelles de lister les principaux points de blocage, à commencer par l’incapacité du système d’information de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie à reconnaître les IPA comme prescripteurs. Cela engendre des tracasseries notamment pour les infirmières en pratiques avancées libérales au niveau de la facturation, mais cela empêche aussi les autres professionnels de santé de reconnaître ces IPA et IPAL à leur juste valeur. La question de l’accès direct a également été évoqué. Mais les représentantes de la profession ont également insisté sur la nécessité d’une revalorisation salariale, comme l’a souligné Mme Henriot :

« Notre travail en ville doit être déployé avec un modèle économique encourageant afin que nous puissions intervenir dans le champ des soins primaires avec une approche sur les déterminants de santé. »

A l’écoute, le ministre de la Santé a voulu se montrer volontariste et ambitieux, en soulignant que des mesures seront prises rapidement pour permettre le déploiement plus massif encore des infirmières en pratiques avancées.

Renforcer le statut des IPA et des IPAL, avant tout une reconnaissance officielle acceptée de tous

 

A ces problématiques, qui, n’en doutons pas, seront solutionnées à court ou moyen terme, s’ajoute une confusion, mise en avant par Bruno Benque, rédacteur en chef de Cadre de Santé et partagée par un grand nombre de professionnels de santé. Alors que les autorités publiques ont reconnu, depuis plusieurs années, les pratiques avancées notamment pour la profession infirmière, elles ont également fait droit à de nombreuses demandes de revalorisations de compétences pour un grand nombre de professions médicales et paramédicales.

Ainsi dernièrement, la demande d’évolution des compétences des infirmiers anesthésistes a fait l’objet d’une visio-conférence entre ces derniers et le ministre de la Santé le 27 mai dernier. Une visio-conférence, durant laquelle Olivier Véran s’est interrogé :

« Qu’est-ce-que les pratiques avancées. L’IADE autonome n’en a pas besoin. S’agit-il d’une notion de statut ? de missions ? d’appellation ? Non, je crois qu’il s’agit plutôt de reconnaître des compétences nouvelles à acquérir, jusqu’à la prescription… »

 

Nul doute, que les prochaines semaines seront l’occasion pour les autorités publiques de renforcer cette communication sur le rôle et les missions de ces infirmières en pratiques avancées.

Et vous, comprenez-vous ces blocages freinant le déploiement des IPA et des IPAL ? Pensez-vous que la place des IPA est connue de tous les professionnels de santé ? Et des patients ?