Les infirmières et infirmiers, qu’ils soient libéraux ou hospitaliers, sont au cœur de notre système de santé publique. Aussi pour faire évoluer ce dernier, les autorités multiplient les propositions pour faire évoluer la profession, même si la multiplication des statuts ne semble pas faire l’unanimité au sein des soignants dans leur ensemble.

 

 

Le statut d’infirmière de pratique avancée, une évolution récente souvent remise en cause

 

Depuis que les Infirmières en pratique avancée ont fait leur apparition en France, ce nouveau statut, qui rappelons-le concerne aussi bien les infirmières hospitalières (IPA) que les infirmières libérales (IPAL), a déjà suscité bon nombre de débats. Les études et autres rapports se multiplient, et lorsque la députée Anne Chapelier (élue du Gard et IADE de profession) a présenté, fin juin dernier, le rapport sur la formation des professions paramédicales, la pratique avancée était un des sujets étudiés pour envisager la réforme nécessaire de notre système de santé publique. L’évaluation de ce statut reste le pré-requis, et si depuis 3 ans, 4 mentions distinctes existent pour la pratique avancée (pathologies chroniques stabilisées ou prévention et polypathologies courantes en soins primaires ; oncologie – onco-hématologie ; la maladie rénale chronique – dialyse – transplantation rénale ; la psychiatrie – santé mentale), le rapport propose déjà 3 nouveaux champs d’application :

  • La santé scolaire,
  • La santé au travail,
  • La gériatrie et les soins palliatifs.

Cette évaluation des IPA et des IPAL devrait également permettre d’étendre cette pratique avancée à d’autres professions, bien que cette proposition soulève de nombreuses contestations de part et d’autre. Enfin, sans préjuger des conséquences de cette évaluation, Mme Chapelier insistent en expliquant que ces infirmières et infirmiers doivent « pouvoir intervenir en premier recours auprès des patients […] et être accessibles sans prescription médicale ». Pourtant, c’est une autre proposition, qui soulève plus de polémiques encore en préconisant de faire (déjà) évoluer le statut d’IPA vers un autre.

 

D’IPA à infirmier praticien, une nouvelle évolution à venir pour la profession ?

 

Alors que le Haut Conseil des Professions Paramédicales (HCPP) a rendu, dans son arrêt du 24 juin dernier, un avis franchement défavorable à la création d’une 5ème mention au statut d’IPA, il peut alors paraître trop ambitieux de vouloir créer un nouveau statut. En effet, le rejet large de la mention « Urgences » pour les infirmières et infirmiers concernés a révélé des oppositions fortes. Les infirmiers anesthésistes (IADE) ne cachent pas, depuis plusieurs semaines, leur opposition farouche à cette création d’une IPA Urgences. Pourtant, cette création répondait notamment aux recommandations de la Cour des Comptes, qui, en 2019, préconisait le renforcement de la délégation des tâches à l’hôpital pour rendre le système de soins plus efficient. Outre les infirmiers anesthésistes, les médecins n’ont pas soutenu cette volonté du gouvernement.

Dans ces conditions, la proposition de Mme Chapelier de créer un « statut d’infirmiers cliniciens spécialisés » peut apparaître comme allant à contre-courant. En anesthésie, en chirurgie et en pédiatrie, Mme Chapelier estime que cette évolution permettrait de répondre à une véritable problématique de santé publique (manque de personnel médical) tout en répondant aux demandes de reconnaissance d’infirmières se targuant de solides expériences hospitalières.

L’idée a immédiatement provoqué de nombreuses créations, et des groupes de pression sont à l’œuvre pour faire avancer ou reculer le projet. De son côté, même si les deux initiatives ne sont pas directement liées, l’Association Nationale Française des Infirmier.e.s en pratique avancée (ANFIPA) a lancé Le Lab’Idées, une plateforme de partage, d’échange et de proposition autour de l’IPA et de l’IPAL.

Infirmier praticien ou évolution de l’infirmière en pratique avancée, quel sera l’avenir de la profession ? Les prochains mois devraient être essentiels pour voir se dessiner les grandes orientations, même si le ministère de la santé conserve le souvenir d’une autre ambition, visant à créer une profession médicale intermédiaire. On se souvient alors qu’une levée de boucliers avait ruiné une telle ambition. En sera-t-il de même pour ce projet d’infirmier praticien spécialisé ?

Selon vous, quelle devrait être la piste à suivre pour renforcer la place de la profession infirmière au cœur du système de santé en France ? Comprenez-vous les hostilités vis-à-vis d’un nouveau statut ?