Depuis que l’annonce de l’obligation vaccinale a été annoncée par le Président de la République, les débats se multiplient. Pour certains, la question ne doit même pas être posée mais s’impose naturellement. D’autres en revanche veulent éviter toute stigmatisation, en refusant d’être catégorisés comme anti vaccin. Manque ou erreur de communication, pourquoi cette décision fait-elle couler autant d’encre ?

 

Depuis le printemps 2020, le coronavirus a bouleversé le quotidien de tous les professionnels de santé, et les infirmières libérales comme leurs consœurs hospitalières ont été (et elles le sont encore) en première ligne. Depuis des mois, c’est le sujet de la vaccination qui occupe la grande majorité des débats et des discussions. Aujourd’hui encore, alors que les soignants dans leur quasi-totalité, qu’ils soient IDEL(s), médecins hospitaliers, masseurs-kinésithérapeutes libéraux, …, sont encore pleinement mobilisés pour faire face à cette épidémie de coronavirus, ils se sentent stigmatisés depuis l’allocution télévisée d’Emmanuel MACRON, président de la République. Le 12 juillet dernier, il expliquait devoir prendre des mesures pour endiguer les nouvelles menaces avec l’émergence de nouveaux variants. Si le « pass sanitaire » a fait l’objet de beaucoup de débats, la question de l’obligation vaccinale de tous les soignants et plus généralement de tous ceux qui accompagnent les plus fragiles, a cristallisé l’attention du grand public sur une problématique bien plus complexe qu’elle ne pourrait apparaitre.

Les infirmières libérales, des professionnelles au service de la santé des patients

 

Bien qu’elle concerne également les infirmières libérales et tous les professionnels libéraux de santé, cette obligation vaccinale a été décidée pour apaiser les craintes liées au personnel soignant des EHPAD et autres établissements hospitaliers. On ne s’attardera pas sur les nombreuses (et futiles ?) polémiques nées de la qualité des études en la matière, certains prétendant que les chiffres communiqués par Santé Publique France étaient erronés. Au 5 juillet, ces études soulignaient ainsi que 80.3 % des professionnels libéraux de santé avaient déjà reçu au moins une dose de vaccin, et que 74.9 % étaient déjà vaccinés. Cela soulignerait bien qu’infirmières libérales et soignants de ville n’ont pas attendu que la vaccination soit rendue obligatoire pour s’y soumettre. Faut-il rappeler, qu’en dehors de tout impératif légal, l’infirmière libérale doit avant tout rassurer et apaiser les craintes de ses propres patients ? Et un patient ou une patiente, hospitalisée à domicile, a besoin d’échanger avec le seul soignant se déplaçant chaque jour à son domicile : l’infirmière libérale.

Aussi, pointer du doigt les soignants dans leur globalité en exigeant de leur part la vaccination systématique n’est pas de nature à apaiser une relation déjà tendue. En outre, la démarche conduit à laisser penser, que la minorité d’infirmières libérales non encore engagées dans le processus de vaccination serait à considérer comme des ferventes défenseuses d’un mouvement « anti-vaccin ». Pourtant, il n’en est rien. Il suffit de lire les nombreuses interviews d’infirmières et d’infirmiers non vaccinés pour le comprendre. Une grande majorité des « non-vaccinés » se pose des questions, en émettant des doutes raisonnables sans vouloir être porteur d’un message anti-vaccin. Mais dans l’opinion publique, le mal est fait et Camille, une infirmière libérale de Toulouse, le confirmait aux journalistes de la Dépêche : « Je n’ai pas la même pression qu’en hôpital c’est certain, mais beaucoup de mes patients me disent que, si je ne suis pas vaccinée avant fin août, je ne rentrerais plus chez eux ».

C’est une stigmatisation très mal vécue par de nombreux professionnels libéraux de santé, d’autant plus que le gouvernement et toutes les autorités sanitaires ont salué et reconnu « leur exemplarité tout au long de la crise sanitaire« . Alors que depuis des mois, les infirmières libérales sont mises à contribution par les autorités publiques, que ces dernières se félicitent de la mobilisation de la profession tout entière, cette reconnaissance est mise à mal aujourd’hui par une injonction vaccinale, qui a certainement été mal expliquée par les autorités. Et les questions se multiplient déjà pour savoir quelles seront les conséquences d’une non-vaccination après la date fatidique du 15 septembre ? D’ici là, il aura fallu apaiser les esprits et répondre aux inquiétudes des infirmières libérales comme des autres professionnels concernés. Un été tendu en perspective donc ….

 

Et vous, êtes-vous déjà vaccinés ou engagés dans le processus de vaccination ? En tant qu’infirmière libérale, estimez-vous que la question de l’obligation vaccinale ne doive même pas se poser ? Ou estimez-vous au contraire que la mesure ne soit pas adaptée ? Pourquoi ?