Déserts médicaux, vieillissement de la population, complexification des soins, condamnation des IDEL(s) par la Cour des comptes, ….bien des questions pèsent sur l’avenir de la profession. Faute de décision globale, les infirmières et infirmiers libéraux sont en droit de s’interroger sur leur avenir !

La désertification médicale, un casse-tête pour les infirmières et infirmiers libéraux

Depuis des années, le Ministère de la Santé ne cesse de proclamer haut et fort, que l’égalité d’accès aux soins pour les patients sur tout le territoire est et restera une des priorités des autorités sanitaires du pays. Cette belle ambition n’empêche pas l’intensification de la désertification médicale. On évoque souvent ces déserts médicaux s’agissant des médecins généralistes voire même des spécialistes, mais rares sont les approches s’intéressant principalement aux infirmières et infirmiers libéraux. Le sujet mériterait pourtant d’être débattu, car lorsque des populations se retrouvent privés de médecins, l’IDEL reste bien souvent le seul professionnel de santé du territoire concerné.

Certes, il existe aussi des régions ou des départements, où les professionnels de santé, dont les IDEL(s), sont trop nombreux au vu du ratio soignant / patient. Mais depuis plusieurs années maintenant, des décisions visent à réduire ces inégalités géographiques. Les freins à l’installation de nouveaux cabinets d’IDEL(s) dans des régions déjà bien (trop) couvertes se doublent d’incitations pour venir exercer dans ces déserts médicaux. Qu’il s’agisse de « contrats santé solidarité », de « contrats incitatifs infirmiers », …, toutes ces mesures anticipent également les conséquences du vieillissement de la population, qui ne peut pas être ignorée par une telle démarche.

Lorsque le vieillissement de la population accentue le phénomène de désertification

La volonté affichée d’égalité d’accès aux soins pour tous, portée par Marisol Touraine, se complexifie lorsqu’on la place en parallèle avec les besoins grandissants d’une population vieillissante. La concurrence trop forte de certaines régions s’oppose alors aux difficultés pour les patients de trouver un professionnel de santé dans d’autres.

Il faut en outre tenir compte des demandes de soins infirmiers, qui ne vont cesser de croitre dans les années et les décennies à venir. La priorité donnée aux hospitalisations de courte durée (ambulatoire) ainsi que l’incitation faite aux personnes âgées de rester le plus longtemps possible à leur domicile ne font qu’accroitre ces prévisions à la hausse de l’activité des IDEL(s).

Certes, le ministère de la Santé intensifie ses efforts pour développer les services de HAD (Hospitalisation à domicile) et autres palliatifs à cette demande croissante de soins hors milieu hospitalier. Ces ambitions affichées heurtent fréquemment les infirmières et infirmiers libéraux, qui restent, depuis plusieurs mois, stigmatisés de toute part. la solution parfaite n’existe pas, mais encore faudrait-il disposer d’une vue d’ensemble afin d’adopter définitivement une politique de santé claire et stable.

Nous évoquions ainsi, il y a quelques jours, une décision de la CPAM de Savoie visant à remettre en cause le mode de calcul des indemnités kilométriques des IDEL(s). N’est-ce pas en soi une mesure contradictoire avec les objectifs affichés, d’autant plus que la région concernée, une région montagneuse, souffre déjà d’un habitat trop épars pour susciter l’ « intérêt des pouvoirs publics » ?

L’avenir des infirmières et des infirmiers libéraux, une évolution ou une (r)évolution ?

Cette succession de problématiques, de prime abord bien distinctes et pourtant si intimement liées, pose le problème de l’avenir même de la profession d’infirmière libérale. Les maisons de santé, les services de HAD, …., voulus par le ministère de la Santé, conféreront ils une place suffisante aux infirmières et infirmiers libéraux ? Les IDEL(s) pourront-ils faire face à une demande accrue de soins infirmiers à domicile, sans qu’on leur reproche une hausse trop importante du nombre de ces derniers ? L’infirmière ou l’infirmier libéral est-il vraiment pris en compte dans les prévisions de développement établis par le ministère de la santé ? La question peut se poser, lorsque l’on constate le peu de cas fait à l’ordre national des Infirmiers (ONI) de la part du ministère lui-même.

Toutes ces questions et bien d’autres restent en suspens et devront, un jour ou l’autre, faire l’objet d’un débat plus vaste. En attendant, les infirmières et les infirmiers libéraux vont devoir continuer à tenir compte des décisions parfois contradictoires de leur autorité de tutelle.

Infirmières et infirmiers libéraux, partagez-vous cette impression de « flou artistique » concernant l’avenir de votre profession ? Comment envisagez-vous l’évolution du métier dans les années, les décennies à venir ?