Les cabinets infirmiers et les laboratoires d’analyses sont paradoxalement à la fois en situation de complémentarité et de concurrence. En effet, les cabinets infirmiers réalisent, pour le plus grand bien des patients, les prélèvements biologiques et les transmissions aux laboratoires d’analyses dans les cas où la zone géographique est en pénurie d’établissement de biologie médicale par exemple. D’un autre côté, dès lors qu’un patient fait appel à un cabinet infirmier, c’est un acte perdu pour le laboratoire d’analyse… Cette situation ne risque pas de s’arranger avec l’ordonnance n° 10-49 du 13/01/2010 qui prévoit que seuls les établissements accrédités seront autorisés à effectuer des prélèvements médicaux ou à conventionner des libéraux pour les réaliser.

Les IDE libéraux au secours des laboratoires d’analyses

Si les laboratoires d’analyses possèdent en interne leurs propres infirmières préleveuses, il arrive souvent qu’ils fassent appel à des infirmières libérales pour assurer les surcroîts ponctuels d’activité ou pallier les impossibilités de déplacements de ses salariés. La personne en libérale est chargée d’aller effectuer ces prélèvements aux domiciles des patients et de les transmettre aux laboratoires « employeurs ».

Cependant, il n’y a ici aucune relation de subordination ni même de collaboration, au sens légal du terme : les IDE sont rémunérés par la sécurité sociale et les complémentaires santé de la même manière que d’habitude. Les IDE doivent réaliser une feuille de soin comme à leur habitude et gérer leur facturation avec leur logiciel de gestion infirmier habituel. En fait, le laboratoire d’analyse fait juste office de « rapporteur d’affaires ».

La réforme de la biologie médicale : les prélèvements en question

Une polémique a soulevé le monde des IDE pendant quelques mois à cause des incertitudes que contenait cette réforme. On a beaucoup parlé d’interdiction d’effectuer des prélèvements biologiques pour les IDE. En réalité, les choses sont bien évidemment un peu plus complexes que ça.

Ce que prévoit l’ordonnance n°10-49 du 13/01/2010 c’est que les laboratoires seront entièrement responsables de la totalité du processus de traitement des prélèvements biologiques, de la phase pré-analytique à la phase post-analytique, condition sine qua non de l’obtention de l’accréditation obligatoire qu’ils devront détenir pour exercer leur activité. En revanche, les prélèvements pourront être réalisés en dehors de l’établissement, en particulier au domicile des patients. Pour ce faire, les IDE devront signer une convention avec le laboratoire en question.

C’est ici que les choses se compliquent. En effet, quel serait l’intérêt pour un laboratoire de conventionner un IDE qui encaisserait donc pour lui-même les actes de prélèvements ? Le manque à gagner serait conséquent. Restent les cas où aucun salarié de l’établissement ne pourrait se déplacer. Mais ces cas ne représentent qu’une part infime du « marché ». Il apparaît donc, finalement, que les grands perdants de l’affaire seront les IDE libéraux ! En effet, les prélèvements peuvent représenter jusqu’à 20% de l’activité d’un cabinet. La perte sera dure à encaisser pour les cabinets.

En définitive, si l’ordonnance n’interdit pas formellement aux IDE de réaliser les prélèvements, elle limite de fait leur intervention en les subordonnant à la convention des laboratoires d’analyses médicales.

Ce n’est qu’à l’horizon 2016 que cette réforme verra ses premiers effets réels. Comment voyez-vous l’avenir d’ici cette date ? Avez-vous déjà travaillé avec des laboratoires d’analyses en tant qu’IDE libéral(e) ? Partagez donc votre expérience, vos inquiétudes ou vos espoirs sur le sujet.