Car on a beau être soignant, on n’en reste pas moins humain ! Comme tout le monde, les IDE courent le risque d’être hospitalisées, un jour ou l’autre et pour une raison ou une autre. Mais comment gérer le fait de passer, subitement, de l’autre côté de la barrière ? Qu’apporte cette expérience à sa pratique de soignant ? Quelles relations entretenir avec les soignants ?

Un soignant-patient : une position ambiguë

Quand les soignants deviennent des patients

Même si, en théorie, une infirmière perd tout statut dès lors qu’elle est hospitalisée pour ne devenir qu’une patiente comme les autres, il est indéniable que cette situation particulière n’est pas exempte d’ambiguïté et parfois même de tensions.

En effet, en tant que professionnelles, les infirmières ont un autre regard sur les soins effectuées par les soignants du service, l’organisation du service, la gestion de la douleur etc. Elles décèlent immédiatement les dysfonctionnements, les manquements aux règles et les erreurs. De ce fait, outre l’angoisse qu’elles peuvent ressentir à l’idée que les choses pourraient ne pas être faites dans les règles de l’art, elles peuvent aussi, inconsciemment, créer une tension par la pression qu’elles imposent à l’équipe de soin ! Et cela peut devenir un cercle vicieux : elles-mêmes stressées à l’idée d’être jugées en permanence, les soignantes peuvent commettre encore plus d’erreurs ce qui accentue la pression exercée sur elles par la patiente et ainsi de suite.

Certaines infirmières choisissent par exemple de ne rien laisser passer et signalent aux soignants chaque erreur commise, chaque petit détail, créant une situation oppressante pour tout le monde !

D’autres choisissent de ne rien dire mais souffrent intérieurement à chaque fois qu’un soignant doit intervenir.

Or, très souvent, l’hospitalisation d’une soignante se passe très bien. Si vous vous sentez stressée à l’idée d’être hospitalisée et soignée, le plus simple est sans aucun doute d’en discuter avec l’équipe. Expliquez-leur que vous ne les jugez pas et même, invitez-les à s’imaginer à votre place pour mieux comprendre vos angoisses et vos éventuelles gaffes. Vous pouvez également choisir l’humour comme mode de dialogue : la connivence qui s’installera entre vous et l’équipe de soin détendra l’atmosphère et vous fera passer à tous un moment plus agréable.

L’expérience de l’hospitalisation : un plus pour la pratique du métier ?

Quoi qu’il en soit, il ressort que l’expérience vécue, par une infirmière, de la position de patient lui permet de plus facilement développer une empathie avec ses propres patients. La gestion de la douleur notamment peut être améliorée. Une fois qu’on a vécu deux heures sans antalgique alors qu’on en ressentait le besoin, on comprend mieux l’insistance de certains patients à en réclamer !

De la même manière, l’approche du soin, que ce soit dans les mots, dans les gestes et dans l’attitude, se fait plus douce, plus délicate… finalement plus humaine. Tant que l’on n’a pas soi-même été soumis à des soins réalisés de manière machinale, presque mécanique, on peut difficilement se rendre compte de la «quasi-brutalité » que cela peut représenter…

Quoique difficile, l’expérience du statut de patient par un soignant peut donc se révéler très formatrice. Et vous ? Avez-vous déjà eu l’expérience d’une hospitalisation pendant votre carrière ? Comment avez-vous géré la relation avec l’équipe soignante ? Avez-vous eu de mauvaises surprises ? Qu’est-ce que cela a pu vous apporter dans votre pratique quotidienne de votre métier ? Partagez vos expériences.