Tous les IDEL sont confrontés un jour ou l’autre, à l’instar de leurs collègues en service, à la mort d’un patient. Epreuve douloureuse, parfois difficile à surmonter, elle suppose du soignant une force de caractère nécessaire. Il faut en effet réussir à faire soi-même le deuil de la personne alors que des liens avaient pu se créer, mais il faut aussi savoir rester fort pour annoncer aux proches la mauvaise nouvelle. Et, contrairement aux IDE en service, les IDEL sont, eux, seuls face à la mort du patient.

Le soignant face à la mort : la gestion deuil

Face à la mort d’un patient, le soignant est doublement touché par des démons intérieurs. En tant qu’individu d’abord, il est, comme tout un chacun, ramené à l’appréhension de sa propre mort, de celle de ses proches et au souvenir des décès antérieurs qu’il a pu connaître.

Mais en tant que soignant, il est aussi confronté au deuil personnel représenté par le décès d’une personne qu’il a appris à connaître, qu’il a accompagnée et à qui il a tenté, tant bien que mal, de redonner de la dignité, du bien-être et du soulagement.

Mais également, en tant que praticien, il peut souffrir d’un échec narcissique important. Que n’ai-je pas fait ? Qu’ai-je mal fait ? Aurais-je pu faire quelque chose de plus ? Est-ce ma faute ?

Face à cela, chacun réagit différemment :

  • Colère et rage : contre Dieu, contre la mort, contre les médecins ou contre la société. La révolte peut soulager un temps mais, à terme, ne provoquera que plus de souffrance encore.
  • Déni : refus de la mort. Soit juste avant le décès, soit après. Malheureusement, refuser la mort ne changera rien. Le principal est de réussir à s’en accommoder, malgré tout.
  • Résignation : elle peut être bénéfique dans une certaine mesure mais est souvent l’expression d’une aigreur, d’une lassitude ou d’un sentiment négatif à l’égard du métier-même de soignant.
  • Et enfin, bien sûr, la Tristesse, tout simplement.

Quelle que soit la réaction de chacun, il faut garder en tête que personne ne sort indemne d’une mort, encore moins d’une succession de morts. Les décès répétés des patients peuvent amener le soignant au bord de la dépression, suite à une surcharge psychologique que personne ne devrait avoir à endurer.

Car si c’est aussi cela la beauté du métier d’infirmier, il faut accepter sa propre humanité et ses propres besoins : on ne peut aider les autres si l’on est soi-même en souffrance. Il peut donc être nécessaire d’envisager des rendez-vous avec un professionnel. Au moins pour évacuer, parler, évoquer ces décès et leur impact sur sa vie, discuter de sa relation avec son métier de soignant. L’objectif est de rester à même de pratiquer son métier, pour continuer à aider les autres.

Et vous, comment gérez-vous la mort de vos patients ? Comment gérez-vous la famille et les proches du patient décédé ? Connaissez-vous des soignants qui n’ont pas supporté le décès d’un ou de plusieurs patients ? N’hésitez pas : l’échange est nécessaire pour aider les uns et les autres à surmonter des épreuves.