Les itinéraires professionnels des infirmières libérales sont soumis à des hauts et à des bas. La tentation d’étendre son activité de base à d’autres domaines de compétences est tentante tant par curiosité que par intérêt économique. De multiples sociétés tentent de convaincre les infirmières libérales de promouvoir leurs produits mais le pari est à double tranchant.

L’esthétique : un champ des possibles restreint

Lorsque les infirmières libérales décident d’étendre leur palette d’action, elles ne peuvent pas s’attaquer à tout et n’importe quoi. Une IDEL reste une IDEL devant gérer les fiches de soins, le suivi des patients, mettre à jour son logiciel de gestion infirmier, elle ne devra pas s’éloigner de façon trop lointaine du strict domaine médical.

esthetique infirmiere liberaleLa principale piste réside dans le domaine de l’esthétique. Cette branche éloignée de la médecine a en commun, une prise en charge du corps et un accent porté sur le soin. Les patients peuvent donc parfaitement comprendre qu’une infirmière libérale puisse proposer des services tels qu’une épilation, des soins anti-âge ou encore de la photoréjuvénation. Cette double casquette a ainsi été admise dans un pays comme le Québec où l’association du médical et de l’esthétique est jugée totalement cohérente. L’infirmière libérale profitera de son expérience dans le domaine de la santé pour administrer des soins esthétiques, parachevant ainsi sa fonction de soignante.

Les IDEL peuvent ainsi ne plus être que dans la souffrance ou la palliation de la douleur mais bien dans le confort et la relaxation. Le rapport au patient est tout autre et offre des satisfactions professionnelles bien différentes.

Les frontières de la légalité

En France, le Code de la Santé Publique répertorie toutes les activités pratiques que les infirmières libérales peuvent exercer. Tout exercice commercial est ainsi proscrit et une IDEL ne peut en aucun cas se transformer en VRP pour des sociétés de produits esthétiques.

Le domaine de l’épilation est aussi sujet à de nombreux débats allant jusqu’au juridique. De nombreuses IDEL sont démarchées, jour après jour, par des entreprises leur proposant notamment du matériel d’épilation à chaleur pulsée. L’achat est lourd (jusqu’à 50.000 euros) et son utilisation sur des patients est formellement interdite par la loi. Une fois l’achat effectué, l’IDEL se retrouve endettée et incapable de rentabiliser ce lourd matériel. Pis, une accusation de pratique illégale de la médecine peut être émise comme cela est arrivé en 2012 à l’encontre d’une infirmière libérale dans le Sud de la France.

« La médecine ne doit pas être exercée comme un commerce. »

Le débat sur la diversification des infirmières libérales est donc sujet à polémique et rejaillit sur d’autres pratiques toutes aussi sensibles telles que l’aromathérapie ou le massage dit de détente. Il est désormais temps d’affiner les statuts et d’imprimer noir sur blanc les droits et non droits de pratiquer lorsque l’on associe infirmières libérales et activité professionnelle dans le domaine de l’esthétique.

On peut très bien considérer que, dans le cadre d’un accompagnement vers la fin de vie par exemple, une infirmière puisse naturellement intervenir pour apporter des soins de confort et de beauté à des patients qui ont grand besoin de se sentir pris en charge et valorisés. Mais d’un autre côté, et c’est là la base de la déontologie professionnelle : la médecine ne doit pas être exercée comme un commerce, et il serait particulièrement malvenu de profiter de la vulnérabilité de certains patients pour « vendre » des prestations de confort complémentaires. La question est intéressante !

Et vous, avez-vous déjà pensé à vous diversifier ? Êtes-vous souvent démarchées par des entreprises d’esthétique afin de vous servir de leurs produits ? Avez-vous des demandes spécifiques de patients pour des massages de détente ou d’autres pratiques ? Jugez-vous normal que l’on interdise l’épilation à chaleur pulsée pour les infirmières libérales ?