Le système de santé français, malgré ses défauts, fait rêver de nombreux pays dans le monde. C’est ainsi que le Japon s’y intéresse de très près par l’intermédiaire d’un docteur en sociologie Tetsu Harayama.  Cela fait vingt-cinq ans que ce chercheur étudie comparativement les milieux hospitaliers japonais et français afin de tenter d’importer dans son pays des pratiques qu’il estime judicieuses.

La situation médicale au Japon

L’accident nucléaire de Fukushima du 11 Mars 2011 a complètement déstabilisé les citoyens japonais. Face à une telle catastrophe nucléaire, ils se sont recroquevillés chez eux et n’ont plus osé faire quoi que ce soit à l’extérieur par peur des retombées radioactives. Pis, ce drame a complètement cassé un système déjà branlant en éliminant quantité d’hôpitaux et d’établissements de santé privés.

japanese-doctorLes principales victimes de cet effondrement médical sont les personnes âgées, recluses et seules. Face à cette carence en soins, les infirmières libérales seraient la solution idoine mais le Japon n’a pas encore adopté cette profession. Le professeur Harayama rappelle que 2% de la population infirmière japonaise sont appelées visiteuses. Ces visiteuses sont salariées et se fondent dans un système proche de notre HAD (Hospitalisation À Domicile). Exclusivement destinées à effectuer des soins de base, ces visiteuses ne sont nullement des infirmières libérales puisqu’elles ne choisissent pas leurs patients et sont restreintes à des personnes en fin de vie.

Vers une exportation du modèle IDEL

Le professeur Harayama guidé par Maryse Boulongne, infirmière à la retraite, s’est particulièrement intéressé à l’hôpital Montdidier-Roye, situé en Picardie. En étudiant attentivement chaque branche de la médecine française, le professeur Harayama s’est aperçu de la multifonctionnalité des infirmières libérales françaises et de leur capacité à endosser plusieurs casquettes.

Non seulement, elles ne sont pas condamnées à ne travailler que sur une courte période de trois ou quatre ans à l’image des visiteuses japonaises. De plus, les infirmières libérales savent tant distribuer des soins pour des patients à troubles légers, s’occuper de grabataires, nouer des liens avec leurs patients et prendre en main leur logiciel de gestion infirmier. Conquis par cette flexibilité et l’ensemble de ces savoir-faire, ce docteur en sociologie était parvenu à transmettre l’idée qu’il fallait exporter cela au Japon. Le gouvernement nippon était sur le point de lancer une expérimentation autour des IDEL lorsqu’un nouveau bord politique prit le pouvoir et ruina les espoirs du professeur Harayama.

Les principaux opposants japonais à l’adoption du modèle IDEL restent les médecins qui ne veulent pas voir leur fonction de guérisseurs adoptés par d’autres. Le monopole de l’administration de soins au Japon reste du côté des médecins et les guérisseuses agissent comme des aides-soignantes en maisons de retraite. Le vaillant professeur Harayama ne baisse pourtant pas les bras et continue de clamer haut et fort qu’il peut y avoir, dans quelques années, des infirmières libérales au Japon, pour le bien de son pays.

Et vous, pensez-vous qu’il est juste d’exporter le modèle IDEL au Japon ? Seriez-vous pour une importation de la fonction de visiteuses en France ? Avez-vous déjà songé à vous implanter dans un pays étranger afin d’y apporter votre savoir-faire ?