Après une longue période de questionnements et de doutes, il semblerait que la France soit désormais prête à faire face à Ebola. Les professionnels de santé comme la population, malgré la psychose du départ, sont maintenant formés et parés. Et, en Afrique de l’Ouest, au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée, qu’en est-il ? Alors que François Hollande venait en Guinée ce vendredi, quels sont les moyens  développés par nos pays pour venir en aide à ces populations décimées par la maladie aux systèmes de santé plus que jamais défaillants ?

La France est-elle désormais préparée à l’épidémie ?

Il semblerait à l’heure où nous écrivons cet article que nous pourrions répondre par l’affirmative. Si nous avions déjà évoqué cette terrible épidémie d’Ebola en expliquant la source de la maladie puis en relayant les inquiétudes des professionnels de santé sur le manque d’informations données à cette époque, fort heureusement la situation a changé.

En réalité, le manque de communication reproché à Marisol Touraine s’explique par le fait que la stratégie choisie ait été plus que de créer une situation de surmédiatisation, une situation de préparation discrète de toutes les ressources utiles. Comme le signalait Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences de l’Hôtel-Dieu et un des référents sur les questions relatives à Ebola à nos confrères : « il ne s’agit pas de refaire les mêmes erreurs que celles commises lors de la grippe H1N1 ».

Ebola en France, Ebola en Afrique : quand la pauvreté tue…

Il semblerait donc que toutes les précautions aient été prises bien avant les déclarations publiques et la montée en puissance de l’inquiétude des français, relatée par les médias.

Aujourd’hui Marisol Touraine peut donc affirmer à nos collègues que « l’ensemble des professionnels a été sensibilisé au geste réflexe à accomplir en cas de suspicion : l’appel systématique du 15 pour interrogatoire puis classement éventuel par l’Institut de veille sanitaire ».  Les exercices effectués par les douze établissements français choisis comme référents tout comme le SAMU se sont passés, selon la ministre, dans « de bonnes conditions ». La stratégie de lutte du ministère est maintenant claire : former tout d’abord le corps médical qui est en première ligne face aux potentiels malades d’Ebola puis informer les autres professionnels de santé dans leur ensemble, l’information et la formation de tous ne pouvant s’effectuer dans un même temps.

Toutefois Marisol Touraine rappelle aux professionnels de santé que tous sont concernés à différentes échelles par la maladie et précise dans une interview récente que  « dans ce dispositif, les infirmières libérales ont donc un rôle essentiel de repérage, d’identification et d’orientation d’un cas suspect vers le 15 pour permettre, si nécessaire, une prise en charge rapide et éviter toute contamination secondaire ». Un moyen de réaffirmer l’importance des personnels de santé de « terrain ».

Vous avez donc, Mesdames et Messieurs les infirmiers libéraux, toutes les raisons de penser et de croire que vos soins et votre proximité aux malades sont ô combien essentiels. Vous êtes donc invités par Marisol Touraine à consulter régulièrement le site mis en place par le Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, ainsi qu’à vous inscrire sur la liste de diffusion par mail « DGS urgent ».

La situation en Afrique de l’Ouest, entre drame, solidarité et prévention…

Si la situation en France comme dans les pays européens semble être jugulée, Ebola ne cesse d’évoluer dans les pays d’Afrique de l’Ouest à une vitesse vertigineuse.

Au 25 Novembre, l’OMS, qui publie des Points épidémiologiques Ebola – Afrique de l’Ouest régulièrement, rapporte un total de 15 325 cas (suspects, probables et confirmés) et 5 450 décès dans les 4 pays affectés d’Afrique de l’Ouest (Guinée, Libéria, Sierra-Léone et Mali). Le journal Le Monde, observait une différence de 1200 morts entre un bilan datant du mercredi 26 novembre et un bilan du samedi 29 novembre. Une hécatombe.

Pourtant, les pays touchés se sensibilisent petit à petit, les mesures d’hygiène sont prises à contre- cœur par la population meurtrie qui se sent désarmée face à ce fléau qui s’étend sans commune mesure. Le Président guinéen Alpha Condé qui s’apprêtait à recevoir François Hollande affirme au Monde, le 28 novembre 2014 : « Les institutions internationales n’ont pas réagi assez tôt. Ensuite, il y a eu une mauvaise communication. On peut, peut-être, nous reprocher de ne pas avoir dit qu’Ebola est une maladie très grave, mais dont on peut guérir ».

Malheureusement les proportions qu’ont pris Ebola dans ces trois pays ne font que mettre en évidence un système de santé défaillant, une population pauvre et sans grand moyen de communications ou d’informations. Ainsi Alpha Condé rappelle les paroles du président de la Banque mondiale : « On laisse mourir les pauvres et on soigne les riches. Ça fait trente ans qu’Ebola est connue, mais comme c’est en Afrique, les laboratoires ou les États ne s’y sont pas tellement intéressés ».

Et pourtant, la solidarité entre les peuples est aussi de mise… Les Américains s’occupent du Liberia, la Grande-Bretagne de la Sierra Leone, la France de la Guinée, tant du point de vue de l’aide humanitaire que concernant l’aide matérielle. Le Ministère de la Santé déclare  que conformément aux annonces du Président de la République les efforts vont être multipliés afin de répondre à cette crise sanitaire en Guinée grâce à la création d’un centre spécial géré par la Croix Rouge ainsi que par  l’envoi, après 4 missions successives, de nouveaux réservistes  de l’EPRUS  dans les 6 prochains mois. En attendant une possible rémission ? Un traitement curatif va être testé à la mi-décembre en Guinée forestière, dans le centre de Guéckédou. Croisons les doigts…

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, pensez-vous être désormais suffisamment informés pour être capable de reconnaître un cas suspect d’Ebola parmi vos patients ? Que pensez-vous de la médiatisation et de l’aide apportée par les pays occidentaux aux pays d’Afrique touchés le plus durement par Ebola ? Avez-vous déjà pensez à rejoindre les bénévoles des organisations humanitaires afin de porter secours à ces pays en détresse ?