Les étudiants infirmiers parisiens sont en colère. Leur formation à l’IFSI subventionnée jusqu’alors par l’AP-HP, déléguée à la région Île-de-France, risque d’être pour certains totalement à leurs frais voire même d’être remboursée de leur poche rétroactivement. Les étudiants, par l’intermédiaire de la FNESI, ont donc décidés de protester en décembre dernier contre cette mesure. Après une rencontre entre les acteurs concernés, des décisions ont été prises. Mais, au fond, ne cherche-t-on pas à économiser la facture gouvernementale de la formation professionnelle sur le dos d’étudiants qui seront, une fois diplômés,  encore bien souvent dans des situations de grande précarité ?

Le financement des études en IFSI est menacé

Comme vous le savez très certainement, les étudiants en Institut de Formation en Soins Infirmiers, peuvent bénéficier de certaines aides afin de payer leurs frais de scolarité. Ces aides peuvent provenir dans le cadre d’une reconversion professionnelle principalement de Pôle Emploi ou du FONGECIF. Pour les autres étudiants, depuis la loi de décentralisation de 2004, ce sont les régions qui définissent tout d’abord les critères d’éligibilité à une aide financière puis qui versent les sommes allouées aux étudiants. Ce qui, malheureusement, a eu pour conséquence directe une inégalité évidente des chances entre des étudiants de régions différentes. La Fédération Nationale des Étudiants en Soins Infirmiers (FNESI) évoque ainsi dans un communiqué une « sélection sociale des étudiants » ajoutant que « le coût de l’accès à la formation en soins infirmiers, tout comme les aides sociales, sont ainsi inégaux sur le territoire ». La guerre entre étudiants en soins infirmiers parisiens et l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, ayant délégué ses pouvoirs sous convention à la Région en février 2012, a éclaté le 9 décembre 2014 après une réunion houleuse entre FNESI et AP-HP laissant entendre une éventuelle facturation du coût de la formation infirmière pour les étudiants. Ainsi la FNESI lança un appel à manifestation pour le 18 décembre 2014 qui a réuni plusieurs centaines d’étudiants brandissant des slogans évocateurs. « On ne veut pas payer, sacrifiés en premier », « Étudiants en colère »  criaient-ils dans les rues parisiennes…

Les étudiants infirmiers en colère, des étudiants infirmiers précaires

Une réception de la délégation étudiante manifestante accompagnée de Loïc Massardier, président de la FNESI et de Thierry Amouroux, Secrétaire Général du SNPI, fut organisée sous l’égide de l’AP-HP afin de trouver des solutions à ce problème. Les décisions prises ont été rendues publiques par l’intermédiaire d’un communiqué de L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris du 18 décembre et sont plutôt conciliantes envers les étudiants concernés. Il reste tout de même un problème de fond à résoudre pour les cas qui « ne rentrent pas dans les cases »… Et ils sont nombreux à faire partie des cas particuliers, bien que les chiffres entre l’AP-HP et la FNESI divergent ! Pour l’AP-HP ils seraient « moins d’1% soit 75 étudiants sont en moyenne amenés à autofinancer leur formation », pour la FNESI ils étaient encore 200 étudiants en IFSI au moment de la manifestation à être concernés par le problème. Car, soyons francs, la plupart des étudiants infirmiers en région parisienne ne sont pas socialement aisés. Comme le confient certains d’entre eux à nos confrères du journal Le Monde lors de la manifestation  « Il y a beaucoup de reconversions, de pères et de mères de famille : très peu de post-bac. On ne vient pas de milieux aisés, il y a très peu de Parisiens, et nous n’avons pas accès aux bourses universitaires mais aux bourses régionales qui ne correspondent pas aux mêmes échelons ». Ainsi, selon le président de la Fédération Nationale des Étudiants en Soins Infirmiers, les conditions de financement des formations devront absolument être réétudiées afin qu’elles puissent être plus souples et bénéficier au plus grand nombre. L’AP-HP estime elle aussi que la convention triennale, actuellement en cours de renégociation entre l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et la région Île-de-France pour la période 2015-2018, devrait permettre de définir des critères d’éligibilité aux bourses de formations plus souples afin que les étudiants en soins infirmiers n’aient plus à souffrir d’un autofinancement de leur formation qui, c’est évident, pourrait en décourager beaucoup dans cette voie. Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, que pensez-vous de ces bourses accordées aux étudiants infirmiers ? Trouvez-vous que les conditions d’attribution de ces aides soient justes ? Avez-vous eu des soucis financiers durant vos études ou après, à cause de ces conditions d’éligibilité des aides à la formation en IFSI ?