Le milieu infirmier est, comme vous le voyez tous les jours, essentiellement composé de femmes. Malgré les années et la démocratisation des métiers liés au genre, les hommes infirmiers présents dans le domaine hospitalier ou libéral sont rarissimes alors que dans le domaine psychiatrique ils sont légèrement plus nombreux. Alors pourquoi ce métier de soin et de proximité est-il déserté par les hommes ? Et surtout comment les quelques spécimens masculins infirmiers voient leur rôle d’infirmier au masculin ? Doit-on les considérer comme une espèce en voie d’extinction à protéger ? Messieurs les IDE et les IDELs nous vous laissons la parole !

Pourquoi la profession d’infirmier, libéral ou hospitalier, est essentiellement féminine ?

Au 1er janvier 2010, le répertoire Adeli recense près de 520 000 infirmiers en activité en France. C’est la première profession de santé en termes d’effectifs devant :

  • les médecins (212 000),
  • les pharmaciens (75 000) et,
  •  les masseurs-kinésithérapeutes (71 000).

Pourtant la profession est très certainement une des plus sous-représentées en hommes. Au 1er janvier 2014, la profession comptait :

  • 87,1 % de femmes et donc seulement 12,9 % d’hommes là où ils sont,
  • 32,8 % chez les pharmaciens ou bien encore,
  • majoritaires chez les masseurs-kinésithérapeutes avec 50,4 %.

Alors, une question, mesdames les infirmières libérales : où sont les hommes ? Plus sérieusement comment explique-t-on une si petite représentation masculine dans la profession infirmière ?

Tout d’abord, peut-être évoquons la raison historique : la femme, la mère a toujours a été celle qui accompagne la vie tout comme celle qui accompagne la mort, là où l’homme exécute des soins techniques et protège la tribu… Bon évidemment l’homme a arrêté de protéger sa famille du haut de sa montagne mais le résultat de ces siècles de représentations féminines de la profession infirmière comme d’une « soignante maternelle » ou comme une religieuse apportant le soin divin demeure aujourd’hui, même si ce côté bobonne maternante vous exaspère au plus haut point, nous le savons !

De plus on peut constater que le rôle de l’infirmière a été longtemps vu comme celui de l’assistante du médecin, une simple exécutante des ordres médicaux là où LE médecin est un technicien, un chef.

Bref, nous avons beau être en 2015 il est évident que les clichés sur la profession sont nombreux. De ce fait, beaucoup d’hommes s’ils font le choix de se tourner vers l’IFSI, vont plutôt se diriger vers des spécifications techniques comme les métiers d’IADE (Infirmiers Anesthésiste Diplômé d’État) ou d’IBODE (Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômé d’État) ainsi que les métiers d’infirmiers psychiatriques, qui eux en revanche, gardent le cliché inverse de l’homme fort qui stoppe net les patients déments, franchement dépassé…

Ainsi dans un journal suisse, Krankenpflege, de septembre 2009, un article consacré aux hommes infirmiers affirmait que : « En recensant le nombre d’hommes et de femmes travaillant dans les hôpitaux publics généraux

[ils ne sont que 10 % en Suisse en 2007], il est apparu clairement que les infirmiers choisissent majoritairement les services aigus. Proportionnellement, les hommes sont surreprésentés dans les soins continus et intensifs, l’anesthésie ou encore les urgences. Le personnel masculin préfère ainsi les services qui mettent en exergue les gestes techniques et moins le relationnel.». Pour sauvegarder une image de la virilité ou se préserver de l’imprégnation forte du cliché de la femme infirmière ?

Pourtant il y a aussi quelques hommes qui font le choix d’exercer le métier d’IDE ou d’IDELs, quelles sont leurs motivations, quels sont les avantages et les inconvénients d’être « l’homme de la situation » ?!

Ces hommes qui choisissent de devenir IDEs ou IDELs…

Voici le témoignage de Philippe élève infirmier délivré à L’Express en 2004 :

« Lorsque j’ai fait mon stage d’infirmier, j’ai été confronté à des situations où des femmes refusaient d’être soignées par un homme. En maison de retraite, des dames âgées trouvaient gênant qu’un infirmier fasse leur toilette. Je me souviens aussi d’une femme d’une trentaine d’années qui avait subi une hystérectomie. Après ce type d’opération, il faut refaire le pansement très souvent. Quand je suis entré dans la chambre avec l’infirmière que j’étais censée assister, la patiente a fondu en larmes ».

Malheureusement, les années ont passé et cette situation est toujours aussi présente et pas toujours bien vécue par les infirmiers masculins dans les services ou à domicile. Ainsi Franck, un élève infirmier suisse voulait effectuer son stage en service obstétrique, le chemin a été long mais il a réussi : « «J’ai eu beaucoup de mal à faire mon stage en obstétrique. Le directeur de la clinique ne voulait pas. Je lui ai dit : donnez-moi une seule raison pour laquelle je ne peux pas faire le stage ici. Il n’a pas pu me répondre alors je suis resté ».

Toutefois ce même article paru en Suisse, évoque aussi un mélange des genres et des compétences plutôt apprécié d’une manière générale par les patients et le personnel féminin, les femmes seraient réputées plus « douces » et plus à même de gérer le relationnel là où les hommes sont plus techniques et imposent leur force physique plus facilement face à des patients récalcitrants… ou des enfants ! Pour Myriam, infirmière suisse collaborant avec des hommes : « Peut-être les enfants les plus grands écoutent plus attentivement, ou les parents écoutent peut-être un petit peu plus si c’est un homme qui leur parle ». Le rôle du père à la fois protecteur et imposant le respect ?

Enfin lorsque l’on interroge un homme infirmier sur la difficulté d’exercer un métier majoritairement féminin, il répond : « Je pense même que les hommes sont plutôt valorisés dans cette profession parce qu’un meilleur équilibre des genres est unanimement souhaité.». Ainsi, malgré les barrières stéréotypées et les blocages psychologiques de certains patients, il semblerait bien que ces hommes infirmiers libéraux ou hospitaliers soient très utiles et très appréciés par leurs compétences masculines s’ajoutant et se complétant à l’équipe féminine de soins.

Voilà pourquoi chez Albus, nous parlons toujours au masculin, vous n’êtes que très peu, mais désolés mesdames, le genre masculin l’emporte toujours sur le féminin (pas très juste d’ailleurs…) et surtout nous sommes absolument contre tous ces clichés d’un autre temps. Ce sont nos différences qui font nos richesses, alors vive la mixité chez les IDELs !

Et vous, les infirmières libérales, souhaiteriez-vous collaborer plus souvent avec des collègues masculins ? Que pensez-vous des clichés et des barrières imposés à vos collaborateurs infirmiers libéraux masculins ? Et vous messieurs les infirmiers libéraux, que pensez-vous de votre métier ? Comment arrivez-vous à casser les préjugés entourant votre présence dans un métier essentiellement féminin ?