L’IDEL, le patient et l’aidant : un trio de confiance avant tout…

Bien évidemment en tant qu’infirmiers libéraux, le centre de votre attention se porte sur les bons rapports que vous exercez avec votre patient afin de le soigner idéalement. Pourtant à domicile encore plus qu’en soins hospitaliers, l’entente entre aidant et infirmier est presque autant indispensable pour établir des liens durables de confiance. Parfois, les aidants ne vous aident pas ! Et là c’est toute la bonne gestion des soins administrés au patient qui en est bouleversée. Comment faire pour que le trio infirmier-patient-aidant puisse vaincre la maladie en bonne entente ?

L’infirmier ou l’infirmière libérale face à la jalousie du conjoint de son patient : patience et communication sont les maîtres-mots

Les soins administrés aux patients par l’infirmier ou l’infirmière libérale sont multiples et variés. Ils sont gérés via leur logiciel  de gestion infirmier. Certains sont relativement courants et ne posent pas le problème de l’intimité du patient mais d’autres peuvent gêner le malade comme son conjoint présent.

Certaines comme certains de vos collègues IDELs témoignent, en particulier sur le Net, de la difficulté de gérer le manque d’intimité liée au nursing ou à la pose de sondes qui peuvent blesser dans leur pudeur le patient, tout comme celui que l’on a oublié dans la médecine trop longtemps, son conjoint. Un conjoint qui doit déjà être l’aidant d’une maladie mais aussi supporter que cette intimité, qui lui est normalement désignée, soit partagée. Évidemment vos actes sont professionnels, il n’y a strictement aucune comparaison possible avec une relation intime de couple, mais parfois l’aidant se rebiffe et oublie le professionnel de santé libéral pour n’y voir qu’un homme ou une femme. Et la jalousie prend le dessus sur la médecine…

Nous avons pu lire sur notre forum SOS Cotation, un témoignage qui nous a sensibilisés à ce problème, nous vous le livrons :

 « Bonjour, J’ai eu en charge un patient pour injection sous-cutanée depuis 15 jours tout se passait très bien quand sa copine a eu une altercation avec moi me disant de ne pas toucher le slip de son ami quand je fais son injection. L’ami ayant honte de son attitude m’a demandé d’arrêter la prise en charge. Quel est notre recours pour se protéger ? Merci de votre soutien ».

Comment répondre à l’agressivité d’un ou d’une conjoint(e) se sentant menacé dans sa relation ? Pas toujours facile… Surtout que dans le cas présent la partenaire n’avait, à priori, jamais assisté à l’acte  de l’injection sous-cutanée sur son petit ami, d’où cette attitude angoissée qui a pu causer cette crise de jalousie à l’encontre de l’infirmière libérale en charge du soin. Lorsque ce comportement va jusqu’à l’arrêt de la prise en charge choisi par le patient, qui par ailleurs ne peut être contré par l’IDEL, la situation d’échec est bien triste…

Gérer la maladie du patient à domicile : l’importance de l’entente entre l’aidant et l’IDEL

Pendant des siècles et des siècles, la place de « l’aidant » a toujours été dévolue à un rôle d’accompagnateur non averti subissant la maladie de son ou sa partenaire, sans vraiment être pris en compte par le corps médical. Aujourd’hui les règles du jeu ont changé, bien que dans certains cas, la place dévolue au mari ou à la femme du patient soit encore compliquée à garder.

Pourtant on accorde volontiers à l’aidant un rôle essentiel dans la gestion de la maladie de son partenaire : il est l’accompagnateur physique, psychologique et moral du malade. Mais ce rôle a aussi un prix : le malade subit ou se bat, l’aidant ne peut qu’assister, se sentant parfois impuissant face à la maladie. Cette impuissance est donc très anxiogène pour l’aidant et il convient de prendre en compte, en particulier à domicile, ce stress lié à l’incompréhension de certains actes de soins.

Pour Martine Ruszniewski, psychologue et psychanalyste : « l’aidant entend la souffrance du patient et l’accompagne ». Pourtant comme le souligne Johanne de Montigny, psychologue canadienne : « certains accompagnants le sont malgré eux, ils n’ont pas choisi d’être là ». Pas de choix possibles, impuissances, doutes, peurs… sont le lot quotidien des aidants qui eux, n’ont pas encore assez un rôle qu’ils considèrent, à tort bien souvent, suffisamment actif face à la maladie.

La proximologie, néologisme tiré du mot proximité et du suffixe –logie (parole scientifique) soit l’étude des relations entre patient, entourage et professionnels médicaux, entend désormais faire partie intégrante du soin. Ainsi sans le savoir peut-être, en tant qu’infirmiers libéraux, ce qui vous semble parfaitement normal, tel que tisser des liens de confiance avec un patient comme son partenaire, ne l’est encore que très rarement fait dans d’autres domaines médicaux.

Finalement, il est logique que la confiance, la proximité et la communication soient les maîtres–mots de vos relations avec un malade mais aussi avec ses proches. À domicile, comment soigner autrement qu’en équipe ? Comment guérir autrement qu’en équipe ?

Ainsi, tenir compte de l’importance des liens entre IDEL et patient semble très proche de l’importance des liens entre IDEL et aidant. En étant tous les trois liés par cette confiance, non seulement le malade pourra accueillir ses soins infirmiers avec sérénité mais l’aidant ne pourra que mieux jouer son rôle clé dans la gestion de votre présence infirmière comme du quotidien.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, pensez-vous avoir été suffisamment formés pour répondre aux besoins spécifiques des aidants ? Avez-vous déjà des soucis de jalousie avec le ou la partenaire de votre patient ? Comment avez-vous réussi à résoudre ce conflit ?