Alors que l’actualité médicale des infirmiers libéraux était de préserver leurs compétences en matière de vaccination, une tragique information vient de nouveau interroger l’opinion publique sur le bénéfice-risque de certains vaccins. Alors que depuis 2006, des millions de nourrissons sont vaccinés contre la gastro-entérite par le Rotarix ou le RotaTeq nous venons d’apprendre qu’un second bébé est décédé en 2014 des effets secondaires dus à ces vaccins. La psychose gagne les parents pourtant n’oublierait-on pas un peu rapidement que ces vaccins sauvent aussi des vies ?

Le RotaTeq et le Rotarix : deux vaccins contre la gastro-entérite qui font débat

Deux bébés décédés à cause des effets indésirables d’un vaccin contre le rotavirus ont été identifiés suite à un bilan arrêté à fin 2014 remis à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Ces deux tragédies remettent bien évidemment en cause les deux vaccins oraux distribués par millions sur le marché pour protéger les nourrissons à partir de 6 semaines du rotavirus, soit du virus de la gastro-entérite.

Ce même rapport publié par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé remet en cause la vaccination conseillée jusqu’alors « Les membres du CTPV s’interrogent sur le bien-fondé de recommander la généralisation de cette vaccination en France et demandent que ce rapport soit transmis rapidement à la Haute Autorité de Santé et à la Direction Générale de la Santé ».

En effet il semblerait que le rapport bénéfice-risque ne soit pas suffisamment important pour que l’on puisse d’une part conseiller cette vaccination et d’autre part la rendre sujette à remboursement de la part de l’Assurance Maladie. « Ce suivi national de pharmacovigilance confirme la survenue d’effets indésirables graves au décours de la vaccination anti-rotavirus en France, dont le taux de notification est préoccupant si on le compare aux taux de notification observés avec d’autres vaccins pédiatriques ».

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gastros chaque mois
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Face à ces conclusions préoccupantes, les professionnels de santé comme les parents des jeunes enfants s’interrogent. Marisol Touraine, bien évidemment alertée sur le sujet a déclaré le mercredi 1er avril « Il faut être vigilant, extrêmement vigilant, (mais) ne pas inquiéter outre mesure les parents aujourd’hui », a-t-elle ajouté sur Radio Classique-LCI. Toutefois de nouvelles recommandations ont été apportées aux professionnels de santé prescrivant et administrant ces vaccins oraux afin de mieux prévenir la gestion d’éventuels effets indésirables.

La question est toutefois toujours plus ou moins la même de la part du grand public : la vaccination est-elle toujours utile et toujours efficace ?

Là où les infirmiers libéraux vaccinent, le public s’interroge

Les pharmaciens n’effectueront pas de vaccins mais les IDELs continueront à en dispenser. La question du vaccin anti rotavirus pour le nourrisson relance encore une fois un débat très certainement bien connu des infirmiers libéraux. Pourquoi vacciner ? Le risque des effets indésirables est-il suffisamment faible pour estimer que le vaccin injecté est efficient ?

Dans le cadre des vaccins contre la grippe hivernal, quel IDEL n’a jamais entendu « Ça ne sert à rien », « Je suis trop vieux » ou bien encore que « Les vaccins sont dangereux » ? La question se pose exactement de la même façon pour d’autres tels plus récemment sur le Gardasil, vaccin contre le papillomavirus effectué sur les jeunes filles ou maintenant celui contre la gastro-entérite du nourrisson.

En ce qui concerne le RotaTec ou le Rotarix, la réponse est effectivement en cours d’analyse car normalement un vaccin est jugé efficient en respectant une évaluation bénéfices-risques sur plusieurs années. La LEEM (Entreprises du Médicament) rappelle que : « Pour être commercialisé un médicament doit faire l’objet d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) fondée sur la détermination d’un rapport bénéfice/risque favorable. Ce rapport est particulièrement étudié lors de la phase III des essais cliniques. A ce stade, l’objectif est de savoir : si le risque lié aux effets indésirables est acceptable compte tenu de la maladie traitée, si les effets indésirables ne contrebalancent pas la totalité du bénéfice apporté par le médicament ». Ainsi chaque médicament ou vaccin est constamment contrôlé afin d’en qualifier son effet.

Rappelons tout de même que la gastro-entérite ou le rotavirus est la cause de chez les moins de 5 ans de « 300 000 épisodes par an dont 160 000 cas « sévères », 18 000 hospitalisations et nous l’avons vu, 13 à 14 morts ! Le ministère de la Santé a également évalué le coût annuel de ces maladies à 28 millions d’euros ».

S’il est bien triste de déplorer la mort de ces deux bébés, ce vaccin mérite peut-être donc d’être certes sous contrôle mais certainement pas banni pour autant…

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, que pensez-vous de ce triste évènement autour du vaccin contre le rotavirus ? Avez-vous déjà rencontré des personnes refusant de se faire vacciner ? Avez-vous réussi à les convaincre du bien-fondé du vaccin ? Si oui, quels ont été vos arguments ?