De fortes chaleurs, voire des épisodes de canicule dans certaines régions sont attendues sur toute la France durant les premiers jours de juillet 2015. Depuis la canicule de 2003 où 15 000 personnes âgées ont perdu la vie, nous nous sommes interrogés sur les bouleversements que cette onde de choc avait provoqués. Plan canicule, alertes Météo France, recensement par commune des personnes les plus fragiles… Des mesures intéressantes mais suffisent-elles pour ne plus voir répéter ce genre de drame ?

La canicule de 2003 et la surmortalité des personnes âgées a-t-elle changé les habitudes ?

La surmortalité due à cette énorme vague de chaleur qui avait envahie notre pays est restée dans les mémoires de tous. La canicule de 2003 a frappé les esprits tant par son incroyable puissance que par la fragilité de nos moyens humains face aux éléments naturels. Bien sûr, la mort de 15 000 personnes âgées a soulevé nombre de questions auxquels le gouvernement, les prévisionnistes météo mais aussi les professionnels de santé ont tenté de répondre ces dernières années.

Tout d’abord rappelons qu’une période de canicule se définit lorsque, pendant trois jours et trois nuits consécutifs, la température dépasse certains seuils définis par Météo France. « À son plus bas niveau, le plan canicule consiste en une « veille saisonnière » automatique qui s’étend du 1er juin au 31 août. Les échelons s’étalent ensuite de l’« avertissement chaleur » à la « mobilisation maximale » en passant par l’« alerte canicule » ». Il semblerait que désormais les prévisions soient relativement simples à obtenir et compréhensibles par tous.

Depuis 2004 le plan canicule est déclenché, comme nous l’avons dit, systématiquement. Il a par ailleurs obligé les EHPAD à créer une salle de repos climatisée dans chaque établissement. Quant aux personnes âgées chez elles qui ne bénéficient d’un réseau de professionnels de maintien à domicile, tel que vous les infirmiers libéraux, la commune dans laquelle elles résident se doit de les recenser et de les appeler régulièrement si le niveau d’alerte est donné. Enfin, les informations concernant toutes les mesures de sécurité à prendre en cas de fortes chaleurs ou de canicule sont largement diffusées.

Pourtant à en croire certains spécialistes, toutes les solutions pour protéger nos personnes âgées n’ont pas été encore trouvées. Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France, estime en effet que certains moyens ont été développés pour répondre aux besoins criants des personnes âgées mais qu’ils sont encore loin d’être suffisants pour être totalement efficaces : « En revanche, dans les hôpitaux il y a encore des problèmes, explique-t-il. Notre pays doit comprendre que les canicules vont revenir de plus en plus souvent et qu’il faut qu’on s’adapte dans les hôpitaux. Avec le manque de personnel et de temps qu’on connait, ça n’est pas facile de le faire. Il faudrait plus de moyens et pas en demander trop aux soignants ».

Infirmier libéral et canicule : quelles sont les précautions à suivre en fonction des traitements médicamenteux ?

Bien évidemment en tant qu’IDEL il est évident que vous êtes totalement formés pour répondre aux besoins physiques de vos patients préférés ! Nous ne vous ferons pas l’affront de vous répéter les consignes à suivre pour eux une nouvelle fois… En revanche, certaines informations sont nettement moins diffusées, notamment celles qui concernent les traitements médicamenteux et leurs conséquences en cas de fortes chaleurs.

L’ANSM a publié un mémento mis à jour le mois dernier intitulé : Mise au point sur le bon usage des médicaments en cas de vague de chaleur.

En effet certaines prescriptions établies depuis longtemps par le médecin traitant peuvent s’avérer dangereuses pour votre patient en cas de chaleur intense de son domicile. Il s’agira alors de voir avec le prescripteur au cas par cas comment adapter le traitement médicamenteux de votre patient en fonction de ces conditions climatiques rares mais existantes.

« Sur la base de leurs propriétés pharmacologiques, certains médicaments pourraient contribuer à l’aggravation des états pathologiques graves induits par la chaleur. C’est donc la connaissance de l’ensemble des facteurs de risque, y compris le traitement médicamenteux déjà en place, qui permettra de proposer les mesures de prévention et de suivi adaptées à mettre en œuvre en cas de vague de chaleur ».

Nous vous laissons, grâce au lien que nous vous fournissons, la possibilité de télécharger cette liste de médicaments potentiellement dangereux : soit parce qu’ils risquent d’induire une hyperthermie soit parce qu’ils sont plus simplement en risque de se dégrader de par leur conditionnement.

Enfin, la meilleure des préventions pour toutes les personnes fragiles comme vos patients, se situe bien évidemment dans vos attentions quotidiennes et dans la bienveillance que notre société veut bien leur accorder. La canicule de 2003 a tué c’est vrai, mais l’isolement et la solitude de bon nombre de ces victimes en est la plus grande cause…

Vous aimez nos personnes âgées, sachons les aimer aussi en leur redonnant une place de choix.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, avez-vous des astuces à faire partager à vos collègues pour faire baisser la température chez vos patients ? Que pensez-vous des Plans canicule ? Pouvez-vous témoigner de votre expérience pendant la période de canicule de 2003 ? Avez-vous l’impression dans votre travail quotidien que les choses ont changé ?