Le temps, c’est de l’argent. A la lecture de cet adage, on comprend aisément les raisons économiques poussant à la généralisation de l’ambulatoire ou encore au questionnement sur les techniques de récupération rapide. Aussitôt rentrés à l’hôpital, les patients en ressortent déjà, à charge pour les infirmières et infirmiers libéraux d’en prendre soin ! 

Nouvelle consécration du virage ambulatoire pour le système de santé en France

Nous évoquons souvent la volonté forte du gouvernement d’intensifier le développement de l’ « Ambu » dans le système hospitalier français. En 2016 comme en 2015, cette ambition est réaffirmée de manière claire, que ce soit en mots ou en actes. Ainsi, au cours du 2nd semestre 2015, une instruction de la direction générale de l’offre de soins (DGOS) définissait les priorités en ce qui concerne la formation des agents de la fonction publique hospitalière (FPH).

Et le virage ambulatoire se partage la tête d’affiche avec tout ce qui touche les soins palliatifs et fin de vie. L’instruction qualifie cette priorité donnée à l’ambulatoire comme d’une « importance particulière dans la stratégie nationale de santé et dans l’évolution de la législation ».

Les infirmières et les infirmiers libéraux savent -et ils ne sont pas les seuls-, que cette chirurgie ambulatoire réduit bien la durée de l’hospitalisation en elle-même mais qu’elle ne limite pas les soins infirmiers à prodiguer avant ou après l’intervention. La chirurgie ambulatoire nécessite bien une réorganisation complète d’un système hospitalier, pensé à l’origine pour des séjours plus longs. Les soins, prodigués par les auxiliaires de santé, que sont les infirmières ou les infirmiers libéraux, font partie des éléments à prendre en compte dans cette ambitieuse remise en cause de notre offre de soins.

Mais la loi de santé, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, ne souhaite-t-elle pas une accélération de cette généralisation, et la montée en puissance des établissements dits d’hospitalisation à domicile (HAD).

Les IDEL(s), tout en continuant à faire entendre leur position et leur connaissance fine des patients, font face à ces patients hospitalisés pour moins d’une journée. L’hospitalisation doit être la plus courte possible, alors l’ambulatoire se voit désormais allié à une nouvelle technique de soins pour aller encore plus vite !

RRAC, un acronyme que les IDEL(s) vont devoir apprendre à gérer !

Vous ne connaissez pas encore la RRAC. Comprenez par cet acronyme Récupération Rapide Après Chirurgie. Cette méthode de soins, encore peu développée en France, fut mise au point par le docteur danois Henrik Kehlet. Très présente en Scandinavie, la récupération rapide après chirurgie consiste, comme son nom l’indique, à réduire considérablement la durée de l’hospitalisation d’un patient. A l’inverse des services dits ambulatoires, cette nouvelle pratique hospitalière s’appuie sur l’incitation faite au patient de devenir un véritable acteur de sa guérison. Le docteur Karem Slim, chirurgien au CHU de Clermont-Ferrand (un des rares établissements à appliquer cette méthode depuis 2007) motive sa mobilisation pour le développement de cette technique en France, dans la mesure où elle « stresse » moins le patient. K. SLIM poursuit « moins immuno-déprimé, le patient se sent mieux, se remet plus vite, et fait moins de complications »

La réticence éventuelle des IDEL(s) balayée par des résultats plus qu’encourageants

Les résultats sont visibles et considérables. A la clinique Claude Bernard (Lyon), la durée d’hospitalisation moyenne pour une prothèse de hanche est ainsi passée de 7 jours à fin 2013 à 4.5 jours fin 2014 avec l’application de cette technique dite de récupération rapide. Une durée d’hospitalisation, qui diminue, n’implique évidemment pas la disparition des soins post-opératoires, laissés à la charge des infirmières ou des infirmiers libéraux, voire des services d’Hospitalisation à domicile. Si les IDEL(s) peuvent soulever, ici et là, quelques réserves quant à cette technique de récupération rapide, celles-ci devraient se multiplier lorsque l’on généralisera la méthode.

Car n’en doutons pas, la méthode sera, totalement ou en partie, généralisée dans le milieu hospitalier français. Certes, nous attendons un rapport précis sur la RRAC de la Haute Autorité de Santé au cours de ce printemps 2016, mais l’Assurance Maladie n’a cependant pas patienté pour faire connaître son souhait en considérant que c’ »est une dynamique à encourager » puisqu’elle participe à une « diminution de la durée de séjour, l’amélioration de la convalescence et de la qualité de vie du patient « .

Infirmières et infirmiers libéraux, comment jugez-vous cette ambition de toujours aller plus vite dans les soins prodigués ? Ambulatoire, RRAR, …quelle sera la prochaine étape ?