Si elle n’en est qu’à ses origines, la télémédecine représente l’avenir de la santé si l’on en croit de nombreux spécialistes. Mais cette médecine du futur sera-t-elle réellement une avancée pour les infirmières et infirmiers libéraux ?

Une médecine tournée vers le futur et aspirée par les nouvelles technologies

On sait que les projets, visant à la mise en place de services de télémédecine, se multiplient. Car en la matière, la France connait un retard  important par rapport à bon nombre d’autres pays d’Europe. Une législation contraignante impose ainsi l’obtention d’un agrément pour pouvoir proposer cette médecine du futur. Cette autorisation, délivrée par l’une des agences régionales de santé, explique en partie le délai moyen de 18 mois entre l’initiation du projet et sa mise en service.

Cependant, constatant le succès de la télémédecine, dans les pays où cette dernière est déjà bien implantée, plusieurs services de téléconseil se sont créés. La différence entre téléconseil et télémédecine (la seule possibilité en France pour autoriser la consultation à distance) est d’autant plus ténue, que même si un service est autorisé par la CNIL et l’ARS, il ne pourra pas prétendre à être inclus dans la nomenclature de la CNAM et n’ouvrira donc pas droit à remboursement pour le patient.

Malgré les réserves soulevées par l’Ordre National des Médecins, la télémédecine gagne cependant, peu à peu du terrain. Que ces offres de télémédecine soient à destination du public ou réservées à des services hospitaliers, elles répondent à une véritable nécessité pour des patients, dont la seule alternative consisterait au recours à un transport en VSL au mieux, voire à une hospitalisation dans certains cas. Réponse pratique à un problème de société ou décision économique pour rester maitre des dépenses de santé, le développement de la télémédecine n’est pas sans incidence sur le quotidien des infirmières et des infirmiers libéraux.

Les IDEL(s), les professionnels de santé au service de la télémédecine

L’éloignement entre le patient et son médecin traitant ne sera donc bientôt plus un obstacle pour réaliser une consultation. Avec l’essor du Big Data mais aussi la consécration des objets connectés, le patient disposera même de ces mêmes objets (connectés) pour contrôler lui-même ses propres variables. De son côté, le médecin sera assisté, pour son diagnostic, par des logiciels dits « machine learning », où l’apprentissage s’effectue à partir de l’étude de toutes les consultations médicales, rendues, pour l’occasion, anonymes. Cette médecine du futur n’est plus un rêve pour certains ni même une peur pour d’autres, mais bien une réalité, qui existe déjà à certains endroits.

La question de l’infirmière ou de l’infirmier libéral se pose alors avec plus d’importance et de problématique. Pour commencer, il faudra bien qu’un professionnel de santé puisse accomplir le bon geste au bon moment. Avant que ces ambitions ne deviennent réellement opérationnelles, seul(e) l’infirmière(e) libéral(e) pourra intervenir physiquement auprès du patient pour réaliser les soins prescrits par le médecin, qui se trouvera à des dizaines de kilomètres de là.

Les infirmières et les infirmiers libéraux à la rescousse de la médecine de demain

L’avènement de cette télémédecine est en outre prometteuse en théorie, mais en pratique elle reste difficilement envisageable. En effet, on souligne souvent ici, que le quotidien des infirmières et infirmiers libéraux se conjugue avec les soins aux personnes âgées, souvent atteintes de multiples pathologies. Pourra-t-on exiger de ces patients, qu’ils soient capables de se servir de ces objets connectés, qui seront indispensables à la réussite de la télé consultation ? Ou le médecin devra-t-il demander, en urgence, l’assistance d’un IDEL pour venir l’assister au cours de sa consultation ?

Si 2 % seulement de la population a déjà été téléconsulté, ils sont plus de 32 % à se déclarer favorable à cette évolution des soins médicaux. Ces questions, qui vont prendre de l’ampleur au fur et à mesure des avancées dans ce domaine, se complexifient alors un peu plus lorsqu’il s’agit d’évoquer l’aspect financier. Accepterait-on qu’une infirmière ou un infirmier libéral facture des indemnités horokilométriques alors que tout est fait pour « soigner à distance » ? On comprend mieux les enjeux de ce débat, à un moment où ces mêmes indemnités de déplacement font déjà débat. Alors, la télémédecine est-elle vraiment un confort assuré pour les infirmières et les infirmiers libéraux ?

Infirmières et infirmiers libéraux, comment imaginez-vous la télémédecine de demain ? Quelles incidences ou quels avantages voyez-vous pour votre activité au quotidien ?