La question reste taboue. Sans juger et sans vouloir comparer l’incomparable, ne peut-on pas dire qu’une infirmière ou un infirmier libéral n’exerce pas le même métier qu’un infirmier anesthésiste ? Alors quelles différences entre IDEL et IDEL ?

Infirmière libérale ou infirmier hospitalier, des différences reconnues mais ignorées !

Personne n’oserait prétendre qu’il est possible d’assimiler le quotidien et donc les activités d’un neurologue à celui d’un médecin de campagne ? Chacun en imagine les différences et les spécificités. C’est pourtant, dans la même logique, que l’on se complait à assimiler systématiquement les infirmières et infirmiers libéraux à celles et ceux, exerçant en milieu hospitalier. Sans vouloir – personne ne le peut de toute façon – hiérarchiser ces différentes formes de la profession infirmière, force est de constater qu’une IDEL ne connait pas les mêmes contraintes qu’une infirmière hospitalière. Les infirmières libérales sont conscientes de la pression omniprésente, pesant sur les épaules des IDE, alors que ces derniers reconnaissent le stress quotidien des IDEL(s). Incomparables donc, ces professions aux missions et aux objectifs parfois contradictoires sont néanmoins, dans la majorité des cas, réunies sous une seule et même catégorie : les infirmières et les infirmiers.

Personne ne s’offusque que l’Ordre National des Infirmiers (O.N.I.) représente à la fois les professionnels de santé, exerçant en libéral et les infirmières et infirmiers de bloc opératoire, une des nombreuses spécialités reconnues par la profession. Si les soins infirmiers constituent un trait d’union reliant les nombreuses facettes de la profession, il n’en reste pas moins qu’affirmer une différence entre IDEL et IDE reste un sujet tabou, soulevant bien des problématiques.

La vocation d’une IDEL est-elle si différente de celle d’une infirmière hospitalière ?

Il suffit de parcourir les forums réservés aux infirmières et infirmiers libéraux, ou d’engager la discussion avec un(e) IDEL pour comprendre que les motivations de ces libéraux sont multiples et variées. Dans l’imaginaire collectif, l’attrait d’une rémunération plus importante ferait partie des motivations les plus fréquentes. Si on ne peut pas écarter le sujet d’un revers de la main, la motivation financière n’explique pas, à elle seule, les nombreux sacrifices endurés par les infirmières et infirmiers libéraux. L’argent ne constitue pas le seul et unique ressort d’un choix de vie, comme nous le soulignions déjà, il y a plusieurs années.

Il faut alors se retourner vers une certaine conception de la mission infirmière elle-même. L’infirmière libérale ne cherche-t-elle pas, en s’engageant dans cette voie, à être au plus près des patients eux-mêmes ? Alors que les tâches administratives se multiplient pour les infirmières et les infirmiers hospitaliers, les éloignant inexorablement des patients, les IDEL(s) souhaitent retrouver le sens premier de leur profession : soigner et accompagner. Ce sont deux approches différentes, dictées par les contraintes du milieu différent de chacune de ces professions.

N’exige-t-on pas des hôpitaux un raccourcissement des durées d’hospitalisation, contraignant les infirmières et les infirmiers à passer, de plus en plus rapidement, d’un patient à l’autre ? Dans le même temps, avec la consécration de l’hospitalisation à domicile, n’impose-t-on pas aux infirmières et infirmiers libéraux de voir leur patientèle de plus en plus constituée par des patients, dont le suivi sera permanent, ou tout du moins s’étendra sur une très longue durée ?

L’ambition d’une infirmière ou d’un infirmier libéral, le travail en toute liberté ?

Bien souvent, la vocation des IDEL(s) et des IDE reste la même, et les petites filles, rêvant de soigner et d’aider les malades et les démunis, ne s’interrogent pas sur l’exercice libéral ou non de leur rêve d’enfant. N’est-ce pas la recherche d’autonomie, qui peut pousser à cette installation en tant qu’IDEL ? En apparence peut-être mais en apparence seulement. Car si le personnel soignant d’un hôpital reste soumis à une organisation stricte et à des règles contraignantes, les pressions subies par les IDEL(s) au quotidien le sont tout autant. C’est l’infirmière libérale, qui doit se charger de toutes les tâches administratives. Que l’IDEL utilise ou non un logiciel infirmier, ces tâches chronophages s’ajoutent à un agenda déjà bien rempli.

Suivre le dossier de soins de ses patients, se déplacer d’un patient à un autre, gérer les urgences, suivre les remboursements de la CPAM et des mutuelles, …, les contraintes sont nombreuses et variées, et de nombreux IDEL(s) avouent leur lassitude face à ces tâches, qui s’accumulent en réduisant cette liberté d’exercice, qui a pu les attirer vers cette profession.

Le métier d’infirmière hospitalière n’est pas le même que celui assigné à une IDEL. C’est un fait, une réalité incontestable, qui ne doit pas opposer les unes aux autres mais permettre d’améliorer le quotidien et le travail de tous les professionnels de santé. Car après tout, infirmières et infirmiers libéraux, hospitaliers, spécialisés ou non, en ville ou en campagne, ….ne poursuivent-ils pas le même but ? Soigner.

Et vous, pourquoi avez-vous choisi de devenir IDEL ? Pouvez-vous imaginer travailler un jour dans un service hospitalier ? Et selon vous, quelle est la principale différence entre vous et une infirmière ou un infirmier libéral ?