En visitant des patients toujours plus nombreux, aux pathologies toujours plus complexes, l’infirmière ou l’infirmier libéral doit faire preuve d’un grand professionnalisme et d’une adaptabilité sans faille. Mais le quotidien de l’IDEL consiste aussi à renforcer et à améliorer la relation qu’il entretient avec ses patients.

Les soins, une partie seulement du quotidien des infirmières et des infirmiers libéraux

Il nous faudrait des dizaines, voire des centaines, d’articles pour décrire la complexité et la diversité des soins infirmiers aujourd’hui. Les infirmières et les infirmiers libéraux sont, comme tout le personnel soignant, confrontés à la multiplication des pathologies pour un même patient. A ces difficultés qu’impliquent ces patients aux pathologies multiples s’ajoutent aussi l’augmentation du nombre de patients en lui-même. En effet, les patientes et les patients sont, depuis plusieurs années maintenant, incités à rester à leur domicile plutôt que de se faire hospitaliser.

Ce maintien à domicile, ambition portée par la politique de Santé actuelle, accroit encore cette complexification des soins, puisqu’il est à l’origine d’une nouvelle typologie de patients, que l’on retrouvait auparavant en milieu hospitalier.

Mais, le quotidien des IDEL(s) de France ne peut pas être limité à ces seuls actes de soins. Sans évoquer la partie administrative de l’exercice libéral de la profession d’infirmière (et en ce domaine aussi, les obligations et les contraintes se font de plus en plus nombreuses), il nous faut souligner un autre aspect spécifique du métier d’IDEL, à savoir la relation avec leur patientèle et les familles.

La relation IDEL – patient, un apprentissage lent et complexe

Plus que quiconque, les infirmières et infirmiers libéraux apparaissent comme les aidants au quotidien aux yeux de leurs patients. Et contrairement au milieu hospitalier, l’infirmière libérale se retrouve seule lorsqu’il s’agit de se confronter à des comportements difficilement compréhensibles, voire totalement incompréhensibles. Car la maladie, quelle qu’elle soit, transforme un individu. Le repli sur soi comme les comportements agressifs attestent de cette réalité du quotidien d’une IDEL.

Des conséquences d’une maladie d’Alzheimer surmédiatisée à celles d’un retour (trop ?) rapide à domicile après une intervention chirurgicale, ces modifications comportementales doivent être prises en compte. Si une équipe, en milieu hospitalier, sera armée et préparée à détecter et affronter ces relations difficiles avec le patient, l’infirmière ou l’infirmier libéral, doit concilier cette nécessité de prise en compte avec le handicap de sa « solitude » professionnelle.

C’est en cela, que la relation IDEL – patient représente une difficulté supplémentaire. Au fil des semaines et des visites chez le même patient, l’IDEL adaptera son approche et son comportement en fonction du profil et des difficultés de ce dernier.

Cette relation humaine fait partie intégrante de la mission d’une infirmière ou d’un infirmier libéral, qui apprendra, tout au long de sa carrière, à faire face à (presque) toutes les situations, aussi pénibles et difficiles soient-elles.

La relation humaine au cœur de la profession d’infirmière libérale

Si par définition, ces relations sont uniques et adaptées à chaque situation, l’infirmière libérale n’est pas seule face à ses patients. Souvent, l’IDEL travaille également en équipe, et il lui faudra alors faire part à ses collègues de l’évolution de l’état de santé de chacun de ses patients mais aussi des modifications perçues dans la relation IDEL-patient. Par exemple, une patiente sera plus réceptive à quelques mots gentils échangés, alors qu’un patient sera plus marqué par un sourire. Toutes les situations sont différentes, et comme chaque détail compte, l’infirmière ou l’infirmier libéral devra ne rien oublier dans ses transmissions auprès de ses collègues. Les dossiers de soins, transmis par application mobile ou sous forme manuscrite, démontrent bien l’importance de cette relation soignant / soigné pour l’exercice quotidien de la profession d’IDEL.

C’est dans le même état d’esprit et la même approche que devra être considérée la relation entre l’infirmière libérale et la famille de ses patients. Cette famille n’a pas les mêmes demandes que celle ou celui, dont elle est au chevet. L’IDEL devra alors lui apporter les réponses adaptées, ce qui exige, là-encore, un apprentissage continu et progressif.

Car en s’engageant dans cette voie, qui privilégie le maintien à domicile plutôt que l’hospitalisation, notre système de santé a basculé de nouvelles attentes sur les épaules des IDEL(s). Puisque ces derniers sont les professionnels de santé, intervenant quotidiennement au domicile des patients, ils sont sollicités par toutes les parties et sur tous les sujets. Malgré ce que l’on pourrait croire de prime abord, cette relation entre l’IDEL, ses patients et leur famille appartient bien à la mission de la profession infirmière. Il ne reste plus alors qu’à savoir, si les moyens, matériels et financiers, répondent à cette dimension de l’action des infirmières et des infirmiers libéraux …

Avez-vous les moyens aujourd’hui de vous consacrer pleinement à ces relations entre vous et vos patients ? Quel est, selon vous, le principal obstacle (temps disponible, formation, moyens matériels ou financiers, …) ?