L’hospitalisation à domicile reste une ambition forte des pouvoirs publics mais représente aussi une forte demande de la population française. Sa généralisation va imposer aux infirmières et infirmiers libéraux de s’interroger sur l’avenir même de leur profession. Pourquoi ?

L’hospitalisation à domicile, un choix délibéré ou la recherche d’économies ?

Est-il encore utile de rappeler l’ambition des autorités publiques d’amplifier l’hospitalisation à domicile, à qui on a même donné une abréviation H.A.D. et des structures, qui doivent encore faire leur preuve ? Que ce soit pour répondre aux attentes des personnes âgées de pouvoir rester le plus longtemps possible à leur domicile, pour substituer des soins médicaux effectués à domicile à ceux dispensés dans un service hospitalier ou encore pour réduire considérablement la durée d’hospitalisation, l’HAD représente plus qu’une simple mode mais apparaît être comme une tendance de fond. Les infirmières et les infirmiers libéraux restent au cœur de cette volonté.

Mais si cette généralisation répond à une demande de plus en plus importante des Françaises et des Français, elle résulte aussi dans d’une recherche d’économies à réaliser dans le secteur de la santé. Cette nécessité de réduire les coûts peut alors s’opposer à l’objectif ultime de notre politique de santé : proposer les meilleurs soins à tous les patients. Entre réalité financière et évolution de la société, quelle est la volonté des patients eux-mêmes ?

L’hospitalisation à domicile, plébiscitée par les patients…

La réponse à cette question nous est apportée par un sondage réalisée auprès de patients, atteints de maladies chroniques, pour le compte de la Fédération des prestataires de santé à domicile (PSAD). Réalisée du 29 au 31 octobre 2015 par Opinion Way, cette étude d’opinion confirme la forte demande des patients de voir se développer des réponses pratiques et adaptées à cette hospitalisation à domicile. 95 % des patients interrogés estiment en effet bénéfique la possibilité de rester chez soi plutôt que de se faire hospitaliser. Même si les raisons de cet engouement sont multiples et variées, la quasi-totalité des patients plébiscitent cette nouvelle forme d’organisation de la santé en France.

Les aspects bénéfiques pour leur vie quotidienne représentent une des plus fortes motivations de ces patients atteints de maladie chronique. Ainsi 55 % estiment que la possibilité de rester dans un environnement connu et au plus près de sa famille et de son entourage représente un confort de vie. Un patient sur deux (51 % pour être précis) recommande cette hospitalisation à domicile qui permet, contrairement à l’hôpital, de mener à bien des projets voire même de poursuivre son activité professionnelle.

C’est donc un véritable consensus, qui se dessine dans la population française, consensus, auquel doivent faire face les infirmières et les infirmiers libéraux.

Les infirmières libérales, les chevilles ouvrières de l’hospitalisation à domicile ?

La volonté politique étant forte et continue depuis des années et l’engouement de la population pour l’HAD se confirmant, l’hospitalisation à domicile relève bel et bien d’une réalité qui va s’amplifier dans les années à venir. Les infirmières et les infirmiers libéraux sont alors au cœur de ce développement. Car qui dit hospitalisation à domicile exige que les soins infirmiers soient dispensés dans les « règles de l’art » et conformément aux protocoles de soins, qui ne cessent d’évoluer.

On comprend aisément, dans de telles conditions, l’émergence de nouvelles responsabilités sur les professionnels de santé, intervenant au domicile de leurs patients. Le vieillissement de la population combinée à cette généralisation de l’HAD impose à ces professionnels de santé de pouvoir assurer :

  • La même qualité des soins que ceux dispensés dans un service hospitalier
  • Un suivi médical, rigoureux, nécessaire à la continuité des soins
  • Une coordination des soins, afin de garantir la réussite d’un tel maintien à domicile

Même si des structures d’HAD sont mises en place, les infirmières et infirmiers libéraux, comme tous les professionnels de santé concernés, se doivent de répondre à ces nouveaux défis. La réponse sera apportée en partie par les innovations technologiques (dossier de soins sur Smartphones par exemple) mais devra aussi être traitée par une réorganisation des tâches des IDEL(s) notamment (par exemple, les IDEL(s) d’un territoire donné doivent pouvoir garantir un service de soins permanent : urgence, une infirmière ou un infirmier libéral joignable 24/7, …). C’est à cet immense défi de réorganisation, que doivent désormais s’atteler les pouvoirs publics, les infirmières et les infirmiers libéraux et tous les autres professionnels concernés.

Comment voyez-vous l’avenir de votre profession par rapport à cette hospitalisation à domicile ? Se dirige-t-on, selon vous, vers des IDEL(s) « employés » de structures établies ? Ou faut-il repenser le quotidien et les missions de l’exercice libéral de la profession infirmière ?