Quand IDEL(s) et hôpitaux font cause commune pour promouvoir l’…HAD !

Aussi paradoxal, que cela puisse paraître, le CHU de Limoges expérimente un dispositif dont l’objectif consiste à renforcer le développement et l’efficacité de l’hospitalisation à domicile. Les IDEL(s) aussi peuvent en tirer bénéfice.

 

Quand les IDEL(s) doivent se substituer aux établissements hospitaliers

Les infirmières et infirmiers libéraux se substituent déjà en partie aux soins dispensés en milieu hospitalier. Les professionnels de santé et/ou diverses structures de santé, créées et développées par le Ministère de la Santé, assurent cette nouvelle vocation de la politique de santé publique : l’hospitalisation à domicile. Combinée au vieillissement de la population, cette vocation implique pour les IDEL(s) la prise en charge de plus en plus de personnes âgées, dont l’un des objectifs reste de se maintenir à leur domicile. Ainsi, la patientèle des infirmières et des infirmiers libéraux vieillit au même rythme que la population générale, et avec ce vieillissement, les IDEL(s) sont de plus en plus souvent confrontés à des patients aux multiples pathologies, rendant le suivi de ces derniers plus complexe.

Les réflexions des professionnels de la santé publique, menées en la matière, ainsi que diverses initiatives locales, visent tous à ne plus opposer hospitalisation et hospitalisation à domicile, mais à créer des liens entre ces deux modes distincts de prise en charge. C’est dans ce but qu’est expérimenté un projet, devant créer un travail collaboratif entre gériatres hospitaliers, infirmières libérales et médecins. Initié par le CHU de Limoges, le projet est suivi de près, afin de savoir si sa généralisation à l’ensemble du territoire pourrait être bénéfique pour les patients d’une part mais aussi pour les IDEL(s).

Quand les IDEL(s) se rapprochent des services hospitaliers pour le bien-être de leurs patients

A l’initiative du projet, le service de médecine gériatrique du CHU de Limoges, dirigé par le Pr Thierry Dantoine, projetait de prévenir les ré hospitalisations des patients âgés. Il a donc été décidé, de favoriser l’aide, que peut apporter le médecin gériatre au médecin traitant mais aussi à l’infirmière ou infirmier libéral du patient. Lorsqu’un patient est sélectionné pour faire partie de l’expérimentation (les critères restent nombreux et stricts à ce niveau du projet), une équipe mobile de gériatrie réalise alors une évaluation gérontologique globale au domicile du patient. A l’issue de cette évaluation, certains patients seront alors équipés d’un kit de surveillance, composé notamment de différents capteurs (pouls, glycémie, poids, tension, …). Cette même équipe mobile de gériatrie va ensuite former l’infirmière libérale du patient, qui est, elle, déjà habituée à son cadre de vie. Le service hospitalier, le médecin traitant et l’IDEL du patient peuvent avoir accès à l’ensemble des données, enregistrées par les capteurs, via une plateforme dédiée.

La télésurveillance par l’équipe de gériatrie du CHU de Limoges se double donc d’une aide au quotidien pour l’infirmière libérale se déplaçant au domicile de son patient.

La télésurveillance, comme trait d’union entre l’hôpital et l’infirmière libérale

L’expérimentation, dont l’objectif reste le mieux-être du patient, apparait comme bénéfique aussi bien pour le CHU d’une part que pour l’IDEL d’autre part. Le Pr Thierry Dantoine l’explique fort simplement : « Il s’agit de prendre les décisions le plus rapidement possible afin d’éviter que la nouvelle décompensation entraîne une ré hospitalisation. Nous faisons de la télésurveillance chronique, ce qui implique une connexion pour voir les données, nous ne recevons pas d’alerte. »

De son côté, l’infirmière libérale dispose des constantes en temps réel et peut ainsi, en cas de problème, contacter au plus vite le médecin gériatre. L’objectif de cette étude reste de démontrer l’intérêt de la télésurveillance, avec la diminution du nombre d’hospitalisation aux urgences mais également la baisse du taux de ré hospitalisation. Les résultats de cette expérimentation, qui se terminera au cours de l’été 2016, seront détaillés à la fin de l’année, mais le Pr Thierry Dantoine n’attend pas cette date pour souligner un autre objectif du projet : « Nous voulons modéliser l’acte infirmier et l’acte médical pour voir si nous ne pouvons pas les optimiser davantage ». Il s’agira alors de valoriser l’intervention de l’infirmière ou infirmier libéral au quotidien en l’incluant dans ce processus d’origine hospitalière.

L’hôpital en général, et le service de gériatrie dans cet exemple, apporte donc leur concours pour aider les IDEL(s) à faire face à cette hospitalisation à domicile, comme quoi en matière de santé, l’innovation s’appuie toujours sur les bases solides d’une politique de santé efficace.

Ne considérez-vous pas, comme ironique, que l’hôpital participe à l’essor de l’HAD ? En quoi ce genre d’initiatives peut-il influer positivement sur votre quotidien ? Avez-vous des exemples concrets et précis ?