Les infirmières et les infirmiers libéraux sont comme tous les professionnels de santé concernés par la cohésion nationale s’agissant de la politique de santé. Cela doit-il passer par les quartiers prioritaires ? La question se pose au vu d’un rapport publié en mai 2016.

Les infirmières et les infirmiers sont dans la ville

Le premier rapport de l’Observatoire National de la Politique de la Ville (ONPV) est passé relativement inaperçu le 03 mai dernier, et pourtant ses conclusions concernent le quotidien d’un grand nombre de Français et de Françaises. Les infirmières et les infirmiers libéraux, aussi, sont concernés par cette étude de la situation des quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ces quartiers, qui remplacent les anciennes ZUS, depuis la nouvelle loi de 2014, sont au nombre de 1296, et la moitié de la population concernée réside en Ile de France.

S’intéresser à la politique de la ville dans ces quartiers comme partout sur notre territoire, revient à s’attacher à la situation de l’emploi, de la sécurité, du niveau de vie mais aussi de la santé. L’ONPV s’est donc attaché à faire un point sur l’offre de santé existante, situation étudiée au cours de l’année 2014. Il s’agissait alors d’analyser la présence d’infirmières et d’infirmiers libéraux et plus généralement de tous les professionnels de santé et de la comparer avec le reste du territoire.

Les professions libérales de santé participent à la « cohésion de la société »

Le premier constat est sans appel et pose question, puisque dans ces quartiers prioritaires, les professionnels de santé sont 1.8 fois moins présents que dans les villes non répertoriées comme prioritaires. Cette règle générale d’une désertification appelle néanmoins quelques nuances. Ainsi la densité des chirurgiens-dentistes souffre d’une sous-représentation de 2.6 fois. La densité des infirmières libérales est quant à elle 1.4 fois moindre que dans le reste du pays. On se rapproche donc de l’équilibre, et ce dernier est presque atteint s’agissant des pharmacies, dont l’ouverture est conditionnée au nombre d’habitants d’une zone définie.

On peut s’interroger sur l’utilité d’une telle étude, qui ne se base que sur du quantitatif. Mais puisque l’objectif est de susciter un élan de cohésion dans ces quartiers prioritaires, on ne peut que constater que les professionnels de santé en général, et les infirmières et infirmiers libéraux en particulier, ont un rôle à jouer. Le maintien à domicile n’est pas une volonté des patients résidant seulement hors de ces quartiers et les conditions de vie difficiles dans ces derniers renforcent la nécessité d’une proximité des soins. Certes, l’étude montre vite ses limites, comme nous allons le montrer ci-dessous mais quand même, force est de constater que seules les professions « réglementées » réussissent à présenter un bilan à peu près homogène sur l’ensemble du territoire.

Le nombre d’infirmières libérales n’implique pas une représentation exacte de l’offre de soins

Les auteurs de l’étude signalent eux-mêmes les limites quant à l’interprétation de ces données. En effet, il s’agissait de mesurer le nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux, dont le cabinet est implanté en quartier prioritaire mais en aucun cas d’analyser la facilité d’accès pour les patients. La proximité géographique ne peut pas remplacer l’accessibilité aux soins, recherchée par les habitants de ces zones sensibles.

Il faut aussi souligner, que cette étude n’a pas permis de dissocier les professionnels libéraux de santé des maisons et centres de santé Ces regroupements d’infirmières libérales et plus généralement de professionnels de santé ont néanmoins fait l’objet d’une seconde étude en février 2015. Il en ressortait que 20 % de ces quartiers possédaient une maison de santé (ou que cette dernière était située à moins de 500 mètres). 60 % de ces mêmes quartiers prioritaires ne possédaient pas de maison de santé, ou cette dernière se situait à plus de 6 kilomètres de distance.

Moins d’infirmières libérales, moins de professionnels de santé, manque (ou, au mieux, éloignement) des maisons de santé, ….le constat est cruel et pourtant sans appel. Ces quartiers prioritaires ne bénéficient pas (et c’est peu de le souligner) d’un traitement de faveur en ce qui concerne leur santé. La publication du rapport pourra servir d’enseignement, mais elle sera aussi la base d’éventuelles mesures à prendre en termes d’installation des professionnels de santé, et notamment des infirmières libérales.

Pensez-vous que l’installation des infirmières libérales doivent être favorisées dans ces quartiers prioritaires ? Etes-vous concernés par ces éventuelles nouvelles mesures ?