En annonçant le lancement dans quelques mois de Qual’Idel, un label qualité pour les infirmières et infirmiers libéraux, la FNI suscite beaucoup d’interrogations. Quels sont les objectifs et les modalités d’obtention de ce label ? Mais surtout, répond-il à un véritable besoin des infirmières libérales ?

Un label qualité pour les infirmières libérales, un projet à très (trop) court terme

C’est la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI), qui est à l’origine de l’initiative de créer une charte à destination des infirmières et infirmiers libéraux. Nom de l’opération : QUAL’IDEL. Souhaitant fédérer l’ensemble de la profession infirmière, cette charte ambitionne de devenir le label des infirmières et des infirmiers libéraux à l’horizon ….2017. Autant dire, que le projet est ambitieux et qu’il concerne l’avenir très proche. Certaines réserves peuvent être apportées à cette ambition de la FNI, qui annonce la première réunion d’information /formation le 08 septembre en Franche Comté. 34 autres dates suivront avant la fin de l’année 2016 pour finaliser l’opération. Puisque l’un des objectifs à atteindre réside dans la fédération de toute une profession, la FNI souligne avec force :

« Ces rencontres sont ouvertes aux infirmières libérales qu’elles soient adhérentes ou non à un syndicat »

On peut s’étonner d’un calendrier aussi serré, puisque le label QUAL’IDEL sera effectif, à en croire les responsables, dès 2017, ce qui ne laisse que quelques semaines pour expliquer mais aussi et surtout organiser cette « certification ».

Une initiative syndicale pour pallier à la déficience des pouvoirs publics ?

Outre le calendrier, qui apparait comme très (trop ?) difficile à tenir, la légitimité de ce projet peut poser question, dans la mesure où ce dernier résulte de l’action d’un syndicat et non pas des pouvoirs publics. La FNI a anticipé ces objections, en assurant que la charte en question ne fait que reprendre stricto sensu ce qu’ils font déjà en termes de soins, de coordination, de transmissions, de formation…sans y ajouter aucune contrainte supplémentaire.

En pratique

Pour pouvoir afficher le label Qual’idel dans leur cabinet, les infirmières et les infirmiers libéraux devront réaliser une auto-évaluation annuelle et s’engager dans le processus de ce label Qualité
L’obtention du label qualité par les professionnels de santé résulterait donc d’une stricte observance de règles, officielles cette fois-ci, déjà édictées. A ce stade, il apparait difficile de juger de l’opportunité d’une telle démarche, à moins qu’il ne s’agisse, comme le précise le syndicat, de créer un outil pour permettre aux infirmières libérales de se positionner dans un système de santé de plus en plus concurrentiel. Cela fait du reste partie des 5 objectifs visés par cette charte qualité :

  1. Garantir des soins de qualité aux patients
  2. Renforcer la légitimité et la reconnaissance des infirmières libérales
  3. Formaliser des pratiques déjà existantes
  4. Répondre à une obligation légale
  5. Permettre aux IDEL(s) de faire face à la concurrence

Label qualité ou code de bonne conduite, les interrogations persistantes face à Qual’Idel !

Le principe consiste donc à mettre en valeur ce qui est déjà fait par les infirmières et les infirmiers libéraux et ainsi de « rassurer » les patients des cabinets. Pour pouvoir prétendre à ce label qualité, qui ressemble donc plus à un code de bonne conduite, l’infirmière libérale devra, une fois par an, s’autoévaluer en répondant aux 107 items du questionnaire. Cette base obligatoire de la certification qualité se veut aussi être une évaluation des pratiques, devant conduire à une amélioration.

Cette initiative va-t-elle être à l’origine d’un véritable engouement de la profession ou restera-t-elle cantonnée à une minorité de cabinets infirmiers ? Il reste difficile de répondre à cette question. L’exercice même d’une profession réglementée, qu’il s’agisse d’infirmières libérales ou de tout autre profession de santé, n’est-il pas en soi la garantie de cette qualité de soins ?   De même, n’aurait-il pas été plus opportun de voir l’Ordre infirmier se saisir de cette question ? Car avant de pouvoir afficher ce label qualité sur le mur de leur cabinet, les infirmières libérales auront dû s’acquitter d’une adhésion de 100 € HT pour la première année et 60 € pour les années suivantes. En proposant des tarifs préférentiels pour ses adhérents (60 € la première année et 40 € les suivantes), la FNI ne cherche-t-elle pas à séduire les infirmières et infirmiers libéraux ?

Il conviendra donc de suivre ce lancement du label qualité pour les infirmières libérales et de revenir sur le sujet dans quelques mois, à moins que d’ici là, …

Que pensez-vous de cette création d’un label qualité pour la profession ? Vous sera-t-il utile au quotidien ? A ce stade, pensez-vous effectuer les démarches pour l’obtention de ce Qual’idel ?