C’est en s’appuyant sur des données chiffrées, que l’Assurance Maladie entend comprendre les problématiques liées à l’activité de l’infirmière libérale. Mais le domaine de la santé peut-il être résumé à de simples chiffres ?

Une vue d’ensemble de la profession d’infirmière libérale avant les échéances de 2017

Les infirmières et infirmiers libéraux savent, et nous nous en sommes déjà fait l’écho, que 2017 ne sera pas qu’une année d’élection présidentielle mais représentera bien le moment d’une vaste réflexion sur la nomenclature. La Cnamts n’a pas, à cette date, défini précisément les contours de cette négociation, qui s’annonce tendue, même s’il est déjà prévu de définir précisément le BSI (Bilan de Soins Infirmiers). A quelques mois de cette année si importante pour la profession, les autorités publiques, mais aussi quelques syndicats infirmiers, se sont penchées sur les chiffres clés de la profession d’infirmière et d’infirmier libéral.

Question chiffres tout d’abord, car même en matière de santé l’aspect économique reste prépondérant, les soins infirmiers remboursés en un an, tous régimes confondus, se sont élevés à 5.3 milliards d’euros en 2012. Dans le détail, la moitié de ces dépenses concernent les pathologies cardiovasculaires et les facteurs de risque cardiovasculaire, au premier rang desquels le diabète.

5.3 milliards d’euros pour 520 millions d’actes d’IDELS. Certes, cette vision d’ensemble masque les disparités (très fortes) que ce soit entre les zones rurales et les grandes agglomérations, les régions désertées et les régions surdotées. Mais ces analyses ont surtout permis d’analyser l’activité des infirmières et des infirmiers libéraux au quotidien.

Le quotidien d’une infirmière libérale sous le prisme des statistiques

En moyenne, une infirmière libérale effectue 7807,6 actes par an soit environ 650 par mois. En soi, le nombre d’actes n’est pas très informatif, et il faut pousser plus loin l’analyse. En se basant sur la valorisation de l’activité (5.3 milliards d’euros), l’Assurance Maladie a analysé la répartition de ces remboursements, qui se décomposent comme suit :

  • Les actes Médico Infirmier (AMI) : 45 %
  • Les Actes de soins infirmiers (AIS) et la démarche de soins infirmiers (DI) : 36 %
  • 19 % Frais de déplacement

Inutile de lancer une nouvelle polémique, mais on pourra s’étonner que 19 % des sommes remboursées aient pu monopoliser l’attention des pouvoirs publics pendant des mois avec le problème des indemnités horokilométriques. 65 % du temps d’une infirmière libérale est donc consacré aux actes techniques (AMI). On ne peut pas pousser l’analyse plus en avant tant les AMI concernent toute la population, même si la patientèle âgée représente une part non négligeable (mais non chiffrée par l’Assurance Maladie). Il faut toutefois signaler, que 5% des patients représentent 80 % des AMI. Les infirmières libérales concentrent donc une grande part de leurs actes techniques sur un nombre restreint de patients.

Un constat pour inventer le futur de l’infirmière libérale ?

C’est pour pouvoir s’appuyer sur des bases factuelles et précises, que ces études sont réalisées ? Ces analyses soulignent aussi que depuis le milieu des années 2000, l’évolution des AIS suit désormais la même courbe que celle des AMI. Ces soins infirmiers participent grandement au maintien à domicile, et restent peu coûteux par rapport à l’hospitalisation ou même à l’hébergement en EPHAD.

C’est donc sur ces constats, que les travaux préparatoires de la Cnamts se basent en partie pour définir le cadre des négociations, qui s’annoncent. Mais c’est également sur ces mêmes bases, que reposent une grande partie des revendications des infirmières et des infirmiers libéraux. A ce jour, les représentants de la profession ont déjà fait savoir à leur autorité de tutelle, qu’ils entendaient profiter des négociations de 2017 pour aborder de nombreux sujets, parmi lesquels on peut citer :

  • L’évolution des tarifs conventionnels
  • Le problème des indemnités horo-kilométriques
  • L’implication plus forte des infirmières libérales dans le Dossier Médical Partagé (DMP)
  • L’extension du rôle vaccinal des infirmières libérales
  • La rémunération de la télésanté
  • La refonte des cotations
  • La télémédecine et la rémunération liée
  • L’élargissement du droit à prescription des IDEL(s) aux compléments alimentaires

Cette liste à la Prévert devra, nous en sommes convaincus, être largement réduite, mais personne ne connait sur quels critères, les autorités vont se baser pour retenir la pertinence de telle ou telle revendication. Comme quoi, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que commence les tractations de couloir et les pressions de toute sorte…

Que pensez-vous de ces analyses tendant à présenter la réalité du quotidien des infirmières libérales ? Dans la liste des revendications portées par les syndicats, quelle serait selon-vous LA thématique à conserver si il ne devait en rester qu’une ?