En ce mois de reprise du travail, pour les infirmières libérales comme pour bien d’autres professions, et de rentrée littéraire, un roman place l’infirmière libérale au cœur du débat. Pas une IDEL du XXIème siècle mais une des premières infirmières libérales de Lyon …

Les corps fragiles d’Isabelle KAUFFMANN, la rentrée des infirmières libérales

Avouez qu’il est rare que les infirmières libérales fassent la une de l’actualité en septembre. Ce mois de septembre marque plus généralement la fin des vacances estivales et se confond donc avec la rentrée scolaire, et plus généralement la reprise du travail. Mais le mois de septembre reste aussi le mois de la rentrée littéraire, période durant laquelle des centaines de romans sont publiés chaque année.

En 2016, l’un de ces romans fait la part belle aux infirmières libérales sous une forme, qui en fera sourire certaines et en étonnera beaucoup d’autres. Médecin et écrivain, Isabelle Kaufmann signe, avec son roman Les Corps fragiles, un récit intimiste et tendre, empreint de nostalgie. Certes, le roman intéressera déjà les infirmières libérales, puisque l’auteur n’a pu s’éloigner totalement de sa profession. En guise de nom de chapitre, Isabelle Kauffmann a préféré nommer les différentes parties de son ouvrage en reprenant les différentes parties du corps (le cœur, les mains, le sexe, la voix, …). Mais, c’est dans l’inspiration de l’écrivain, que les infirmières et les infirmiers libéraux trouveront de quoi se passionner. Car si le roman relate le quotidien d’une infirmière libérale à Lyon, il est très largement inspiré de Marie Antoinette, 87 ans, qui fut réellement une des premières infirmières libérales de l’ancienne capitale des Gaules.

Infirmière libérale, une vocation avant d’être une profession

A une époque, qui peut paraître très éloignée, Marie Antoinette se souvient, qu’elle travaillait comme infirmière dans un hôpital, lorsque son fils malade l’a contraint à devoir rester à la maison. « C’est comme ça que j’ai commencé à travailler à domicile » confie-t-elle. Un hasard, qui fait bien les choses serait-on tenté de dire. A l’époque, les procédures et autres protocoles de soins se limitaient à quelques lignes tout au plus. Marie Antoinette explique, avec nostalgie : « j’allais chez les gens du quartier pour faire des perfusions, des intraveineuses, des pansements, la toilette du papy qui venait de mourir, un peu tout. »

Elle restitue parfaitement ce qui faisait son quotidien, et qui aujourd’hui, constitue encore le point de départ d’un grand nombre de vocations : « Le matin, je partais pour des urgences, des piqûres d’insuline, des anticoagulants et le soir, je recevais les clients qui rentraient du boulot ». Elle se souvient très bien avoir aménagé ce qui ressemblait fort à un dispensaire au rez-de-chaussée de son habitation. On ne parlait pas encore de conformité des locaux sous peine de devoir abandonner sa vocation. Marie Antoinette fut une des premières infirmières libérales et a, à ce titre, « essuyé les plâtres ». Si aujourd’hui tout semble (trop ?) codifié, organisé, à l’époque les soins demeuraient l’unique priorité et pour le reste (les papiers, les procédures, ….), on faisait au mieux, mais on le faisait bien.

Un témoignage émouvant pour un hommage à une profession : Infirmière libérale

Les corps fragiles d’Isabelle Kauffmann n’est qu’une œuvre romanesque, mais c’est dans le témoignage de Marie-Antoinette, qui s’est épanchée sur son expérience lors de nombreuses interviews, que les infirmières libérales pourront trouver de quoi se réjouir d’exercer une si belle profession. 50 ans de travail (le débat sur les retraites n’existait pas encore à cette époque), 50 ans à arpenter les rues de son quartier lyonnais, voilà le témoignage de cette infirmière libérale, qui évoque avec malice la paire de bas usée chaque jour, et sa paire de chaussures mensuelles pour pouvoir tenir le choc. L’époque a changé, et aujourd’hui une infirmière libérale en milieu urbain s’interrogerait plus sur le choix à effectuer entre les transports en commun ou la voiture électrique.

Mais c’est dans tous ces petits détails du quotidien d’une infirmière libérale au siècle dernier, que nous prenons le plus de plaisir. Avant de vous laisser vous plonger dans le livre d’Isabelle Kauffmann, laissons Marie Antoinette avoir le dernier mot :

« Je n’ai que de bons souvenirs de mon métier, je n’ai aucun mérite car j’étais faite pour ça et ça ne m’a jamais coûté de soigner les gens qui souffrent. Encore maintenant s’il le fallait, je me sentirai capable de travailler. Je ne suis qu’une petite bonne femme mais j’ai fait tout ce que j’ai pu. »

Avez-vous lu le livre d’Isabelle Kauffmann, ou avez-vous envie de vous plonger dans les souvenirs de cette infirmière libérale ? Et vous quel jugement, quel témoignage souhaiteriez-vous apporter sur votre quotidien, celui d’une infirmière ou d’un infirmier libéral en 2016 ?

Les corps fragiles. Isabelle KAUFFMANN. Editions le Passage. 140 p.