Semaine après semaine, les infirmières libérales se sentent un peu plus oubliées voire méprisées par leur autorité de tutelle. La colère monte et les revendications sont nombreuses, à un moment où un vaste mouvement des professionnels libéraux de santé en novembre prochain s’organise…

Les infirmières en danger, les IDEL(s) aussi se sentent menacés

Le 05 août dernier, l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) a publié son rapport sur l’année 2014. Au cours de cette dernière, 18.143 personnes ont été victime d’agressions verbales ou physiques, agressions ayant fait l’objet de 14.502signalements. Dans 85 % des cas ces agressions sont commises aux dépens du personnel de santé et les infirmières et infirmiers sont concernés dans 45 % des cas, soit presque une situation sur deux. Le rapport, consultable en ligne sur le site du Ministère des Affaires sociales et de la Santé, ne concerne par définition pas les infirmières libérales.

Mais lorsque 15 infirmiers sont victimes chaque jour d’agressions dans des établissements de santé, on peut se douter que la violence ne s’arrête pas à la porte des domiciles, au sein desquelles œuvrent les infirmières et infirmiers libéraux. La publication de ce rapport a marqué un durcissement des tensions entre la profession infirmière et le Ministère de la Santé en cet été 2016, marqué par le drame du suicide de plusieurs infirmières. Loin d’être détachés de ces préoccupations majeures, les infirmières et les infirmiers libéraux ont également de quoi craindre pour leur propre sécurité. L’agression d’une infirmière libérale, le 02 septembre dernier, par un patient à Vincennes, patient tué par les policiers alertés de ces violences.

Du sentiment d’abandon à la révolte, les infirmières et infirmiers libéraux prêts à se mobiliser

Ce fait divers tragique n’est que le reflet visible d’un véritable malaise. Intervenant au domicile de leur patientèle, les infirmières et infirmiers libéraux sont conscient du potentiel danger, qui, il faut le rappeler, ne constitue pas la règle. C’est plus le silence du Ministère de la Santé, qui pose problème, comme cela a été le cas, ces semaines passées. Les difficultés liées à la prise en charge de patients, souffrant de troubles psychiatriques, reviennent sur le devant de la scène, sans que les autorités ne puissent y apporter de réponses. A ce jour, le Smartphone ou le téléphone portable de l’infirmière libérale reste le seul outil d’alerte des infirmières libérales

Cette résurgence des conditions de travail difficile vient renforcer un climat plus que tendu entre les infirmières libérales et leur autorité de tutelle. Nous avons déjà évoqué l’opposition entre infirmières et infirmiers libéraux d’une part et hospitalisation à domicile (HAD) d’autre part. Mais désormais, une nouvelle opposition s’est faite jour et concerne le quotidien des IDEL(s).

L’organisation régionale de la santé se fera sans les infirmières et infirmiers libéraux

C’est encore une des conséquences de la loi de santé si décriée, qui a mobilisé tous les syndicats d’infirmières et infirmiers libéraux. Le projet régional de Santé (PRS) doit définir les besoins d’implantation mais aussi s’accorder sur les objectifs d’offres de soins par activité. Les conseils territoriaux de santé (CTS) participent grandement à ces prises de décision.

Or, si les infirmières et infirmiers libéraux restent, dans la grande partie des cas, les garants du maintien à domicile des patients 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ces professionnels de santé ont été écartés et ne feront donc pas partie de ces CTS. C’est par un arrêté du 03 aout 2016, que cette décision incompréhensible a été prise.

C’est un affront de trop pour les infirmières libérales, qui se voyaient déjà impuissantes à s’organiser devant la généralisation coûte que coûte de l’H.A.D. Si les infirmières libérales portent de nombreuses revendications, elles ne sont pas les seules, puisque toutes les professions de santé sont concernées à un degré plus ou moins important.

Dans ces conditions, et conscient des prochaines échéances électorales qui se préparent, plusieurs syndicats ont déjà appelé les infirmières et infirmiers libéraux à se mobiliser dans un grand mouvement des professionnels de santé contre la loi santé et ses effets pervers, mouvement initié par l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML). En novembre prochain, le temps sera donc venu de se faire entendre, et il ne fait aucun doute, que les IDEL(s) auront alors l’occasion de mettre en avant leurs griefs.

Participerez-vous, d’une manière ou d’une autre, à cette mobilisation de novembre ? Craignez-vous les effets de la composition de ces CTS et que pensez-vous de l’absence des infirmières libérales de ces conseils territoriaux ?