Quelles compétences pour les infirmières libérales et hospitalières ?

Les infirmières et infirmiers se doivent, qu’ils exercent dans un établissement ou sous forme libérale, de se plier au décret de compétences les concernant. Ce dernier est toutefois abondamment modifié ces derniers temps sans pour autant que cela nécessite un quelconque dialogue avec les infirmières et infirmiers….

Les infirmières libérales, des professionnelles de santé au champ de compétences modulable ?

 

Même si elle peut en choquer certains, la question mérite d’être posée, tant les limites entre les différentes professions paramédicales sont fluctuantes. Pourtant, comme toutes les professions médicales, qu’elles soient libérales ou non, les infirmières se plient avant tout à un décret de compétences, définissant en théorie ce qui est permis et ce qui ne l’est pas. Si les infirmières et infirmiers doivent respecter scrupuleusement ce cadre légal, ils sont en droit d’attendre que les autorités publiques en fassent de même, ce qui n’est pas réellement le cas au vu des propos des uns et des autres.

Ainsi, depuis mai 2015, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) encadre la réingénierie de la profession d’Aide-Soignante. C’est au cours de ces travaux, qu’il a été proposé de déléguer la glycémie capillaire aux aides-soignantes. Pour rappel, qu’il relève du rôle prescrit (prélèvement veineux capillaire) ou du rôle propre (la glycémie comme recueil de données biologiques), cet acte reste du domaine des infirmières et des infirmiers. Bien que la proposition provienne de la réalité d’un grand nombre d’EPHAD, où les AS pratiquent déjà cet acte (de manière illégale), les organisations d’infirmières et d’infirmiers craignent pour l’ensemble de la profession. Il s’agirait, en effet, du premier acte d’une longue liste, qui, à terme, concernerait également les infirmières et infirmiers libéraux.

Les infirmières et infirmiers ont déjà fait entendre leur opposition à cette « délégation », mais ils devront patienter jusqu’au 06 décembre date à laquelle la question sera tranchée définitivement.

 

Les pharmaciens, des remplaçants pour les infirmières libérales pour la vaccination …

 

La polémique est toute aussi importante en ce qui concerne la vaccination. En effet, l’Assemblée Nationale a adopté le 18 octobre dernier un amendement autorisant les pharmaciens à vacciner contre la grippe. Les députés ont beau souligné qu’il s’agit d’une simple expérimentation, les infirmières et infirmiers ont vu là l’affront de trop fait à leur profession. Une pleine page de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) , publiée dans le journal Le Monde, en témoigne. Certes l’amendement vise à lutter contre « l’insuffisance de la couverture vaccinale en France chez les adolescents et les adultes » mais aussi à combattre la défiance de la population envers l’efficacité de ces vaccins, défiance dont l’une des conséquences reste «l’extension des maladies infectieuses« . Dans son édition du 27 octobre, le célèbre journal du soir publie donc cette lettre ouverte à Mme la Ministre de la Santé, Mme Marisol Touraine.

Infirmière, une profession à intégrer dans une organisation à définir

 

Les termes dénotent la colère et l’incompréhension en soulignant :

 

Depuis plusieurs années, régulièrement, l’Ordre écrit à la Ministre, à ses services, à la Caisse nationale d’assurance maladie pour demander qu’on reconnaisse le rôle majeur des infirmiers, qu’on élargisse le champ de la vaccination infirmière, qu’on rémunère correctement nos actes. En vain. Et la seule réponse apportée est que l’on veut permettre aux pharmaciens de vacciner… Nos compétences, notre rôle sont méconnus

 

Ce n’est pas tant l’autorisation donnée aux pharmaciens, qui est condamnée, mais bien le manque de considération envers les infirmières et infirmiers, notamment libéraux. L’ONI s’étonne et pose la question :

Pourquoi se priver du rôle majeur que peut jouer dans l’amélioration de la couverture vaccinale la profession de santé la plus nombreuse (600000 professionnels dont 100 000 infirmiers libéraux se rendant quotidiennement au domicile des patients…) ?

Pourtant, comme le rappelle la lettre ouverte, la « vaccination est un acte infirmier par excellence » et les infirmières et infirmiers libéraux sont au contact direct des patients. N’est-ce pas la meilleure façon de lutter contre cette défiance de la population et redonner un peu de confiance à ces vaccins ? C’est la position de l’ONI, qui n’est donc semble-t-il pas partagé par le Ministère de la Santé ? Une lettre ouverte sera-t-elle suffisante pour faire changer la donne ? Et que sera-t-il décidé le 06 décembre en ce qui concerne les aides-soignantes ? la question des compétences des infirmières semble bien être posée ces dernières semaines, alors à quand une révision de ce décret de compétences, inchangé depuis …2002.

 

Comment jugez-vous ce transfert de compétences des infirmières vers les pharmaciens ou les aides-soignantes ? Pensez-vous qu’il faudrait alors aller plus loin et revoir la relation médecin – infirmière ?