Toute la profession infirmière était invitée à s’exprimer à la table ronde organisée par l’Assemblée Nationale sur le thème de l’épuisement professionnel. Si la fonction publique hospitalière a concentré une bonne partie des débats, les infirmières libérales ont néanmoins, pour une fois, pu se faire entendre …

La profession infirmière, victime des maux d’une société malade

Nous avons déjà souligné, il y a quelques jours, la prise en compte de la difficulté du métier d’infirmière libérale par l’opinion publique mais aussi par les hommes et femmes politiques. Alors que les revendications se multiplient de la part de tous les corps de métier (et on pense bien évidemment aux policiers), à quelques jours de la mobilisation de toutes les infirmières et infirmiers de France (le 08 novembre prochain), l’Assemblée Nationale a accueilli, le 20 octobre dernier, une table ronde relative au syndrome d’épuisement professionnel, notamment en ce qui concerne la profession infirmière hospitalière mais aussi les infirmières et infirmiers libéraux.

Certes, ce ne sont pas les infirmières libérales, qui ont été au cœur des débats, car il s’agissait notamment de tranquilliser les infirmiers hospitaliers après une série de suicides au sein de la profession, qui a choqué l’opinion publique. Mais cette table ronde a permis de mettre en exergue le mal-être infirmier, qui ne s’arrête pas, loin de là, aux portes de l’hôpital. On reconnait ainsi dans le malaise hospitalier un grand nombre de revendications portées par les IDEL(s) eux-mêmes. Lorsque Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI),explique que la profession infirmière doit « subir les contraintes économiques et les restrictions budgétaires. Nous avons des exigences à atteindre mais de moins en moins de moyens. On se retrouve écartelé entre ce qu’on nous demande de faire, ce qu’on voudrait faire et les moyens qui nous sont donnés. », on peut transposer ces griefs à l’exercice libéral de cette profession.

Les infirmières libérales aussi sont au bord du burn-out !

Il aura fallu compter sur la présence de Florence Ambrosino (Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés et Étudiants) pour aborder les problématiques spécifiques aux infirmières et infirmiers libéraux. Aussi a-t-elle pu pointer du doigt devant le députés la complexité des prises en charge mais aussi le vieillissement de la population avec ce que cela implique notamment en ce qui concerne la fin de vie. Mme Ambrosino s’est également étonnée que la réglementation de l’exercice libéral soit durcie au fil du temps, alors que rien n’est fait pour solutionner le problème récurrent d’une nomenclature dépassée. Enfin, elle a dénoncé la multiplication des contrôles à l’encontre des infirmières et infirmiers libéraux.

Il ne s’agit donc pas de nouveautés mais de situations déjà souvent citées et détaillées, ici et sur bien d’autres supports. Cette intervention a néanmoins le mérite de replacer les infirmières et infirmiers libéraux au cœur du débat, qui semble vouloir s’ouvrir sur l’état du système de santé en France.

A quand la prise de décisions après cette phase d’écoute des infirmières libérales ?

La question mérite d’être posée. Depuis plusieurs semaines, les gestes à l’égard des infirmiers en général et des infirmières libérales en particulier se multiplient. Mais à ce stade, si tous les décideurs s’accordent à dire qu’il faut réfléchir aux enjeux de la santé de demain, on en reste encore au stade des bonnes intentions et des promesses. Les infirmières et infirmiers libéraux, comme toute la profession infirmière et même plus généralement l’ensemble des professionnels de santé, comptent bien sur la mobilisation du 08 novembre prochain pour que cette phase d’écoute et d’identification des problèmes à résoudre soit suivie de décisions concrètes et efficaces. Les échéances électorales à venir risquent de retarder le passage à l’acte, mais les infirmières souhaitent désormais plus que des bonnes paroles et autres promesses.

Car faut-il le rappeler le sujet de cette table ronde consistait bien à s’interroger sur l’épuisement professionnel de toute une profession. Et si rien n’est fait rapidement, la prévention ne sera plus suffisante et il faudra alors oser un traitement plus lourd, d’autant plus que le diagnostic est posé et validé par tous…

Vous considérez-vous au bord de l’épuisement professionnel ? Sentez-vous un changement d’attitude des pouvoirs publics, de l’opinion publique à votre égard ? D’après vous, ces multiples réunions et ces tables rondes déboucheront-elles sur des décisions concrètes dans un avenir proche ?