L’appel n’est pas formalisé ni officiellement lancé et pourtant. Une vaste refonte du système sanitaire français a été lancé avec la récente loi de modernisation. Et comme tous les professionnels de santé, les infirmières et infirmiers libéraux sont appelés à s’engager dans cet ambitieux projet.

Les infirmières libérales moins nombreuses que les Institutions publiques !

Certes l’affirmation est quelque peu exagérée, mais quand même. Face à l’évolution des réglementations en tout genre, les infirmières libérales doivent répondre à leur devoir de « formation continue ». Pourtant, il n’est pas facile au quotidien de disposer de toutes les informations nécessaires et utiles, et c’est donc pour gagner en efficacité, que les IDEL(s), comme tous les autres professionnels de santé, peuvent se tourner vers l’une des institutions publiques, créées dans le domaine de la santé. Seulement, à quel organisme s’adresser ? La question, simple en apparence, devient vite un véritable casse-tête face à un nombre pléthorique de Haut Conseil, d’Institut, ….

Cette multiplication des agences de santé en tout genre date des années 1970 – 1980, période durant laquelle éclatèrent plusieurs crises sanitaires. Cela conduisait même l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a mettre en garde, dès 1992, de la  « très grande faiblesse de l’administration de la santé. » De ce constat a suivi la multiplication des agences et autres organismes. Haut Conseil pour la Santé Publique (HCSP) , Centre National des soins palliatifs et de fin de vie, Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), …

Même si chaque institution a été créée dans un but précis, il faut avouer qu’aujourd’hui la profusion de ces dernières rend l’accès à l’information difficile. Chaque agence souhaite préserver son « pré carré », quitte à marcher sur les plates-bandes d’autres institutions. Les infirmières libérales et plus généralement l’ensemble des personnels soignants restaient désemparés face à cette situation.

Vers une simplification du système sanitaire français !

Ce constat n’est pas nouveau et n’émane pas uniquement des seuls professionnels de santé, mais il est partagé par les autorités sanitaires du pays. C’est pourquoi a été créée (et oui une de plus !!!) une nouvelle institution : Santé Publique France. Cette nouvelle agence de veille sanitaire a été initiée par la loi de modernisation de la santé, et son existence est officielle depuis le 1er mai dernier. Regroupant 4 anciennes institutions (Institut National de Veille Sanitaire, Institut National de prévention et d’éducation pour la santé, Etablissement de préparation de réponse aux urgences sanitaires, et Addictions drogues alcool Info Services), Santé Publique France est la première pierre d’une politique de restructuration et de simplification de l’administration de la santé en France.

Réduire le millefeuille des agences et des organismes en tout genre est aussi une des priorités de Mme Marisol Touraine, qui précisait sa position au début de l’été en expliquant que l’ambition était de travailler à une meilleure synergie des acteurs de la santé ».

Si la réorganisation (et donc le rapprochement des agences entre-elles) reste une des voies utilisées, cette rationalisation passera également par une plus grande implication des professionnels de santé eux-mêmes, au premier rang desquels les infirmières et infirmiers libéraux.

Les infirmières libérales invitées à s’engager mais à quoi précisément !

A la tête de Santé Publique France, François Bourdillon précise que s’agissant des infirmières libérales mais aussi des autres professionnels de santé, « nous voulons être leur interlocuteur référent pour les grands enjeux de santé publique (…). Nous nous inscrivons dans une logique de dialogue et de concertation. »

Même esprit et même tonalité du côté du côté de la Haute Autorité de la Santé (HAS). Directeur délégué auprès de la direction générale à la HAS et chef du service « Certification des établissements de santé », Sébastien Leloup va même plus loin en évoquant les travaux d’évaluation : « Il est important que les IDEL(s) s’engagent dans ces travaux afin d’agir collectivement pour favoriser une ouverture sur la ville et réussir le virage ambulatoire avec tous les professionnels de santé ».

L’ambition affichée de vouloir associer les infirmières libérales ainsi que d’autres professions de santé à ces réformes à venir, est louable. Cependant si les infirmières et infirmiers libéraux ont toute leur place au sein de ces instances, force est de reconnaitre que rien n’est fait pour leur faciliter la tâche. Par définition, l’activité libérale impliquera d’accepter une journée chômée par mois – ou plus selon les structures choisies –  pour les réunions et de consacrer un temps non négligeable à la préparation des dossiers et aux divers déplacements. Un investissement humain, financier et en temps donc pour les IDEL(s).

Et vous, êtes-vous prêts à vous investir pour participer à l’un de ces organismes ? Estimez-vous que cet engagement est nécessaire pour faire bouger les choses ? Sous quelle forme estimez-vous pouvoir être le plus utile à la Santé publique en France ?