La profession infirmière en parlait depuis de nombreuses semaines. Mardi 08 novembre 2016 devait marquer une étape importante pour toutes les infirmières libérales et hospitalières. N’a-t-on pas surestimé l’importance de la mobilisation, ou cette dernière a-t-elle été masquée par l’élection américaine ?

Les infirmières libérales et toute la profession infirmière mobilisée

L’histoire retiendra de ce 08 novembre 2016 l’élection de Donald Trump aux Etats Unis. Mais on se souviendra aussi longtemps, en France tout du moins, de cette journée comme l’origine d’une vaste mobilisation du personnel soignant en France et plus particulièrement de la profession infirmière. Même si l’élection Outre-Atlantique du milliardaire républicain a fait couler beaucoup d’encre, tous les médias français, tant dans la presse écrite qu’en ce qui concerne l’audiovisuel, ont témoigné de l’importance de cette mobilisation. Il faut dire, que depuis longtemps, toutes les infirmières, indépendamment de leur âge et de leur statut (infirmière libérale comme infirmier hospitalier) s’étaient préparés à cette contestation générale.

Les 700.000 infirmières de France, incluant les élèves en formation, étaient donc appelés à la mobilisation par … 18 organisations syndicales. Autant dire, que l’union sacrée avait été signée pour dénoncer les conditions dramatiques des infirmières hospitalières, les persécutions incessantes des infirmières libérales ou encore le manque de moyens criant des instituts de formation. Multiplication de revendications, qui au final restera comme un appel au secours de toute une profession. Si l’objectif consistait bien à interpeller les autorités publiques sur tous les problèmes rencontrés par les différentes professions infirmières, la journée du 08 novembre aura également permis d’informer le grand public et d’attirer l’attention de l’opinion publique.

Le point d’orgue d’une contestation ou le début d’une revendication de grande ampleur ?

Si la colère semble omniprésente aussi bien chez les infirmières libérales que chez leurs consœurs hospitalières, il reste difficile d’établir un bilan précis. Faut-il rappeler, que le personnel de santé peut être réquisitionné pour garantir la continuité des soins ?

« On n’est pas des machines, on est des êtres humains»

C’est avec ce type de slogan, que les manifestations ont défilé dans les principales villes de France. Certains ont vu voir dans cette mobilisation du 08 novembre le processus d’un mal-être des soignants, mal-être mis au grand jour par la multiplication des suicides d’infirmières au cours de l’été dernier. D’autres en revanche croient percevoir dans cette union de toutes les infirmières et infirmiers de France, indépendamment de leur mode d’exercice, le début d’un mouvement de plus grande ampleur, qui devrait se manifester dans les semaines à venir. Peut-être s’agit-il d’un peu des deux ? affirmeront les plus prudents.

La contestation est ancienne, et les sujets de discorde entre les infirmières libérales et le Ministère de la Santé par exemple, ne cessent de se multiplier. D’autre part, certaines décisions récentes inquiètent pour l’avenir même de la profession d’infirmière libérale. Et ce constat reste le même dans la fonction publique hospitalière.

Et maintenant, quelle forme pour la contestation des infirmières libérales ?

Un millier de manifestants à Paris, quelques centaines dans les grandes villes de province, …., les chiffres semblent contredire l’aspect généralisé de la contestation parmi les soignants de secteur hospitalier mais aussi parmi les infirmières et infirmiers libéraux. Mais de nouvelles formes d’actions s’annoncent, avec par exemple la multiplication de collectifs en ce qui concerne les IDEL(s). Les semaines prochaines démontreront si cette journée du 08 novembre 2016 aura été aussi historique, que certains l’affirment, pour la profession.

Cependant, parce qu’elle a été fortement médiatisée, cette mobilisation infirmière place les décideurs politiques au pied du mur. Les infirmières libérales reprochent, depuis de longs mois maintenant, l’absence de réponses fermes et précises sur de nombreux sujets (Affaire des IK, organisation de l’HAD, réclamation du statut d’infirmière référente, …). Ce 08 novembre, toutes ces demandes ont été portées sur la scène publique, et le Ministère de la Santé ne pourra plus feindre d’ignorer ces problématiques. Les conséquences, ou l’absences de suite, seront donc à étudier d’ici quelques mois , le temps pour les infirmières libérales de préciser en détails les griefs, qu’elles portent depuis de nombreux mois.

Jugez-vous décevante la manifestation du 08 novembre dernier, que l’on présentait comme historique ? Sous quelles formes, ces revendications vont désormais être portées selon vous ?