Après une mobilisation générale en demi-teinte, les infirmières libérales et hospitalières ont bien envie de tirer profit de cette période électorale pour se faire entendre. Les nouvelles formes de mobilisation semblent bien s’adresser aux candidats de demain et non plus aux décideurs d’aujourd’hui !

Fin d’année 2016, festivités pour tous et mobilisation pour les infirmières libérales

Nous le pressentions et nous l’avions annoncé, mais la journée de mobilisation du 08 novembre dernier n’aura été qu’un point de départ, car les revendications, toujours présentes, seront, à en croire les différentes organisations, portées sous d’autres formes par toute la profession. Mais, alors qu’il était difficile, quelques heures après cette journée de mobilisation, de préciser l’ampleur de cette dernière, les chiffres officiels donnent désormais la tendance du phénomène :

  • A Paris, 10.000 infirmières entre la gare Montparnasse et le Ministère de la Santé
  • A Lyon, 2000 infirmières
  • A Strasbourg, 1000 infirmières
  • ….

(Chiffres communiqués par le Syndicat National des Professionnels Infirmiers – SNPI)

Même si la bataille des chiffres ne sera jamais close, le ministère s’est empressé, devant cette mobilisation, de recevoir les représentants des infirmiers pour « calmer le jeu ». Même si toutes les revendications ne peuvent pas être résolues en une réunion, l’approche du cabinet de Mme Marisol Touraine semble aller dans le bon sens. Des mesures ont été annoncées pour toutes les infirmières et infirmiers, y compris pour celles et ceux, exerçant sous la forme libérale.

Des promesses pour les infirmières libérales, entre doute et incertitudes ?

Pour commencer, les services du Ministère de la Santé ont d’ores et déjà fait savoir que le décret réduisant l’exercice infirmier sur la vaccination à la grippe sera abrogée. Les conditions (personnes âgées ou maladies chroniques et première vaccination déjà prescrite par un médecin) sont certes maintenues, mais cette suspension faisait partie des revendications des infirmières libérales, face à la « menace » d’une vaccination par les pharmaciens.

Le décret d’actes et de prescription des dispositifs médicaux devrait également être revu pour évoluer afin de faire face aux nouvelles attentes des patients d’une part mais aussi pour s’adapter aux innovations médicales. L’ensemble des infirmières et infirmiers libéraux ne peut que se réjouir de telles annonces, comme l’a déjà fait le SNPI, qui soulignait :   « Cela répond à une forte attente, car le décret d’acte infirmier n’a pas évolué depuis 2002, contrairement aux techniques médicales, et il convient de sécuriser juridiquement les pratiques des 600.000 infirmières »

Mais en ces temps où les infirmières libérales peuvent être, comme bien d’autres professions, considérés comme un « réservoir de voix » (au vu des prochaines échéances électorales de 2017) , les promesses ne suffisent plus. Des actes concrets sont attendus rapidement, la profession ayant rappelé, qu’il n’était pas possible d’attendre mai 2017 avant de prendre les décisions qui s’imposent. Infirmières et infirmiers libéraux seront-ils entendus ?

Une mobilisation durable ou des revendications guidées par l’opportunité ?

C’est parce que cette période pré-électorale ralentit les avancées pratiques, que la profession infirmière a décidé de rester mobilisé pour faire entendre sa voix. De manière générale, les infirmiers de l’Education Nationale défileront dans les rues de Paris, le 17 novembre prochain, pour contester l’externalisation de leur activité. Les infirmières libérales, aussi, continueront de se mobiliser sous une autre forme.

Le 24 novembre prochain sera la Grande Journée du soignant libéral, avec la mobilisation des infirmières, médecins, kinés, ….. Des revendications sont certes à l’ordre du jour de ces manifestations, organisées dans les Grandes villes de France, mais l’objectif affiché de cette journée consiste à démontrer aux décideurs que les professionnels libéraux de santé sont organisés et prêts à se mobiliser pour leur cause.

Au vu du soutien de l’opinion populaire aux manifestations des policiers depuis plusieurs semaines, les professionnels de santé réfléchissent aussi à l’instauration de « Nuits Blanches de la Santé. » Il s’agirait alors pour les infirmières libérales et tous les soignants de rejoindre les forces de l’Ordre et les pompiers afin d’amplifier la contestation. Le mot d’ordre de ces Nuits Blanches de la Santé est d’ores et déjà connu : contraindre les politiques « à intégrer la santé dans leur programme autrement qu’avec des mesurettes. » C’est donc bien un appel, qui est lancé aux prétendants à la fonction présidentielle, qui est lancée, pour qu’ils viennent prendre des engagements clairs et ambitieux pour le système de santé en France.

Ce glissement des revendications vers la demande d’engagements des candidats vous parait-il de nature à faire avancer les choses ? pensez-vous que les promesses d’aujourd’hui de ces mêmes candidats feront la politique de la Santé de demain ?