Mobilisation de toute la profession infirmière en début de mois, manifestation avec tous les autres libéraux de santé cette semaine, les infirmières libérales sont sur tous les fronts. N’est-ce pas prendre le risque de brouiller le message et de rendre les revendications inaudibles ?

 

L’infirmière libérale veut être reconnue dans le choix de son statut

 

Après la grande mobilisation de toute la profession infirmière du 08 novembre dernier, les infirmières et infirmiers libéraux se retrouvaient à nouveau engagés dans une action menée, cette fois-ci, par les professionnels libéraux de santé. Le 24 novembre, ces libéraux étaient bien décidés à faire entendre leur position et à souligner les spécificités de cet exercice libéral pour ces professions si exigeantes. Organisée par l’Union française pour une médecine libre (UFML), cette journée de mobilisation a réuni un grand nombre de soignants paramédicaux et médicaux, dont la grande majorité exerce sous forme libérale. On retrouve certes des revendications communes entre ces deux mobilisations mais les infirmières libérales ont cependant pu faire entendre leur diversité et leurs demandes spécifiques.

L’objectif affiché visait à mobiliser l’opinion publique et à attirer l’attention des hommes et des femmes politiques sur l’état de la Santé de ville en France, une occasion de s’inviter dans le débat pré électoral. « Laissez-nous travailler, laissez-nous soigner », le slogan avait le mérite d’être clair et simple à comprendre. Il avait aussi le grand mérite de concentrer les griefs de toutes les professions représentées. Les infirmières libérales comme les autres libéraux de santé affichaient ainsi leur mécontentement face à la baisse de la qualité des soins.

 

Un système de santé en France, organisé par des technocrates ?

La nécessaire refonte de la nomenclature faisait partie des revendications communes, avec la nécessité de s’adapter à l’évolution des soins. Mais la dégressivité des actes ainsi que les problématiques liées à la généralisation du tiers payant concentraient aussi une partie des efforts des manifestants. Les infirmières libérales mobilisées ont également dénoncé le « harcèlement » des Caisses d’Assurance Maladie avec des contrôles qui se multiplient et qui sont de plus en plus, selon elles, justifiées par de « mauvaises raisons ». Susciter l’adhésion de l’opinion publique était donc bien au cœur des actions des libéraux mobilisés au cours de cette journée.

Mais les infirmières libérales, rejointes par les kinés et tous les autres professionnels de santé, ont également voulu alerter les pouvoirs publics sur des dangers plus sournois encore. Des charges trop lourdes, des contraintes administratives de plus en plus complexes, font peser un grave danger sur la survie même des cabinets d’infirmières et d’infirmiers libéraux. Les libéraux de la Santé jugent ainsi que les différentes réglementations, organisant et régissant leur activité, sont en réalité inadaptées et incompréhensibles. C’est bien les technocrates, qui sont dans le collimateur des infirmières libérales et des professionnels libéraux de la santé.

 

Une mobilisation pour les patients avant tout !

Si les kinés partagent ainsi les mêmes demandes que les infirmières libérales, c’est que ces professionnels agissent avant tout pour l’intérêt de leur patient. Le manque d’information à destination de ces derniers était ainsi une des demandes de la mobilisation du 24 novembre dernier. Les professionnels de santé réclament ainsi à leur autorité de tutelle de s’engager dans une plus grande transparence dans la communication, qui est faite autour des grandes lois de Santé. Infirmières libérales et kinés notamment s’insurgent contre le fait que la dernière loi de Santé se résume à la généralisation du tiers payant aux yeux de la population. Que dire du libre choix de son professionnel de santé ?

Les libéraux de la santé ont d’ores et déjà fait savoir, que leurs actions se multiplieraient jusqu’aux prochaines échéances électorales. Mais les infirmières libérales se sont déjà prononcées sur leur mobilisation quant à la poursuite du mouvement initié le 08 novembre dernier. Cette multiplication des griefs, des approches, des contestations rend le message difficilement compréhensible auprès de l’opinion publique. A force de vouloir « tout demander tout de suite », les infirmières libérales placent certes le problème de la santé dans le débat public et politique, mais ne risquent-elles pas, dans le même temps, de voir leurs attentes se diluer dans des revendications plus générales et plus « populaires »….

 

Pensez-vous, que les infirmières et infirmiers libéraux doivent continuer à se mobiliser sur tous les fronts ? N’estimez-vous pas que trop de manifestations rendent les revendications inaudibles ?