L’opposition entre les infirmières et infirmiers libéraux d’une part et l’Ordre National Infirmier d’autre part est ancienne. Pour apaiser ces tensions, l’ONI a décidé de supprimer une partie de la dette des infirmières et infirmiers libéraux. Cette décision sera-t-elle suffisante pour créer une relation propice à la confiance ?

 

L’Ordre National des Infirmiers en quête d’une légitimité après une menace de dissolution

On se souvient des débats houleux, lors des discussions sur la loi de Santé, à l’Automne – Hiver 2015, et de la menace de dissolution de l’Ordre National des Infirmiers (ONI). A l’origine de l’amendement proposant cette suppression, la députée Mme Annie le Houérou justifiait son action en expliquant que « la création de l’ordre national des infirmiers – ONI – par la loi du 21 décembre 2006 avait suscité de très vives réactions de la part d’une grande majorité de ces professionnels, notamment des infirmiers salariés, qui représentent plus de 80 % de la profession« .

La député expliquait, que l’ONI n’avait pas réussi à s’imposer et qu’il était à l’origine de nombreux troubles au sein même de la profession. Ainsi, elle affirmait que cet Ordre « ne fait toujours pas consensus, qu’il n’est pas représentatif de la profession et qu’il continue à créer des tensions au sein d’une profession qui aurait besoin de se rassembler« .

Les défenseurs de cette proposition mettaient en avant 3 arguments principaux :

  • Moins d’un tiers des professionnels concernés était, à l’époque, inscrits à l’ordre.
  • Les professionnels non-inscrits tombaient alors «  sous le coup d’un exercice illégal de leur profession. Le risque élevé de contentieux qui en résulte est préjudiciable aux infirmiers comme aux patients« .
  • Les missions confiées à l’ONI pouvaient être attribuées à des organismes déjà créés sans difficultés majeures.

Vers une normalisation des relations entre l’ONI et les infirmières libérales

L’adoption définitive de la Loi de Santé a non seulement rejeté cette proposition de suppression de l’ONI, mais a en outre légitimé et renforcé la place de cet ordre national. Les infirmières libérales et les syndicats les représentant savaient dès lors qu’il fallait compter avec cet ordre. Cependant, la un syndicat dénonçait l’inégalité des professionnels en expliquant : « Dans les faits, seuls les infirmiers libéraux sont contraints de s’inscrire pour exercer sous convention et de cotiser, alors que dans le même temps, des dizaines de milliers d’infirmiers salariés ne sont pas inscrits et ne sont pas inquiétés« . C’est pour pallier à cette inégalité, qu’a été demandé à l’ONI un effacement de la dette des infirmières et infirmiers libéraux, qui avaient refusé de payer leur cotisation avant 2016.

Dans un esprit d’apaisement et de normalisation des relations avec celles et ceux, qu’il est en charge de représenter, l’Ordre National des Infirmiers a fait droit à cette demande. Cependant, pour être en conformité avec la loi, la cotisation 2015 reste due, puisque candidats et électeurs doivent être à jour de leurs cotisations des 3 années précédentes pour pouvoir participer aux élections ordinales.

Un Ordre National en ordre de marche ou la promesse de nouvelles difficultés ?

Certains affirment déjà que ce geste ne sera pas suffisant pour changer la donne, notamment en ce qui concerne l’image de l’ONI aux yeux des infirmières et infirmiers libéraux, alors que d’autres veulent voir dans cette décision un nouveau départ pour un organe nécessaire à la profession. Même si il est trop tôt pour comprendre quelle sera l’évolution de l’ONI, notamment en ce qui concerne les adhésions, on peut néanmoins souligner que cette avancée ne règle en rien les problèmes soulevés par ailleurs. La question de la légitimité de l’ordre est toujours de mise, de même que la difficulté à représenter infirmières libérales et infirmières hospitalières nécessite parfois des décisions contradictoires.

Il est néanmoins certain, que la mobilisation des infirmières libérales (mobilisation estimée au vu du nombre des inscriptions) sera scrutée de près aussi bien par les défenseurs de l’ordre que par ses détracteurs, et nul doute, que le débat sur l’utilité de son existence reviendra, d’ici quelques semaines, sur le devant de la scène. 

Etes-vous à jour de vos cotisations envers l’Ordre National des Infirmiers ? Ce geste d’apaisement de l’ONI est-il suffisant selon vous pour redorer son image ?