C’est à la fin du mois de novembre que sous l’action de l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), le numéro vert 08 05 23 23 36 a été mis en place pour répondre aux infirmières libérales, sages-femmes, et autres médecins. Sans entrer dans le détail des appels reçus, l’association a tiré un premier bilan à début janvier, en rappelant que 220 professionnels avaient contacté la plateforme téléphonique, dont 40 % de libéraux. L’essentiel des appels concernait l’épuisement professionnel (« Je n’en peux plus »,  »J’en ai ras le bol »…) sans pour autant concerner directement la profession même des appelant(e)s. Il faut dire, que les infirmières libérales, comme toutes les autres professions de santé, sont soumises à des obligations et/ou des contraintes de plus en plus nombreuses. Pour illustrer ce sentiment, et sans nous pencher sur les soins prodigués par les IDEL(s), deux exemples reflètent cette pression de tous les instants…

Les infirmières libérales, des partenaires de la sécurité au quotidien

Les infirmières et infirmiers à domicile le savent mieux que quiconque, le quotidien peut être un grand danger pour les personnes âgées maintenues à leur domicile. Ainsi d’après les études menées par l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et l’INPES, devenue Santé Publique France, la chute reste la première cause de décès accidentels chez les personnes de plus de 65 ans.

Loin des pathologies, qui sont souvent évoquées dès lors que l’on évoque l’activité des infirmières libérales, ces chutes représente 1200 passages quotidiens aux urgences. Et 90 % des 2 millions de chutes annuelles se produisent lors d’activités quotidiennes. C’est pour répondre à ce fléau, dont on ne parle pas souvent, que certaines régions ont pris des initiatives, dont certaines s’appuient fortement sur les infirmières et infirmiers libéraux. Car les mêmes études révèlent que la probabilité de retomber, après une première chute, est multipliée par 20, alors que 40 % des personnes hospitalisées après une chute ne retourneront pas à leur domicile.

Ainsi, des infirmières libérales participent dans plusieurs régions de France à des formations, dont le but est de sensibiliser les personnes âgées principalement aux risques que représentent ces chutes. Ces formations soulignent également les précautions à prendre, les gestes à adopter mais présentent aussi des solutions concrètes pour répondre aux multiples dangers de la vie quotidienne. Si il est impossible de dresser une liste exhaustive de ces initiatives, ces dernières démontrent bien que les infirmières et infirmiers libéraux interviennent au quotidien pour le bien-être de leurs patients, et ce sans considérer les soins prodigués.

L’organisation d’une tournée, une autre angoisse du quotidien pour les …. Infirmières libérales

Si les chutes représentent bel et bien une angoisse pour un grand nombre de patients, les infirmières et infirmiers libéraux connaissent eux-aussi bien des frayeurs au cours d’une journée. L’une d’elles revient chaque jour ou chaque semaine, quand il faut organiser la tournée. Il est difficile, voire impossible, pour les infirmières libérales de raisonner uniquement par secteur, comme le supposerait la logique. Certes, cette méthode permettrait de réduire le nombre de kilomètres parcourus et donc assurerait de gagner du temps, avantage non négligeable surtout au regard des nombreuses problématiques soulevées par les indemnités horokilométriques.

Mais l’infirmière libérale doit aussi tenir compte du « confort et du bien-être de son patient ». La prise de sang à jeun pourra-t-elle être faite à 14h00 au prétexte que le patient réside dans la zone géographique, concernée par les horaires de début d‘après-midi ? Est-ce à dire, que l’infirmière libérale doit effectuer toutes ces soins nécessitant d’être à jeun avant 8h00, quitte à devoir effectuer trois fois le tour de toute la région ? Le dilemme est complexe à résoudre, et pourtant chaque matin il faut connaitre précisément l’organisation de sa tournée. Le plus souvent, cette dernière mélange ces deux grandes lignes directrices (organisation par secteur et organisation par soins) mais dans (presque) tous les cas, elle est vite remise en cause lorsqu’un patient a oublié le passage de son IDEL. Et pour vous l’organisation de votre tournée, casse-tête assuré ou habitude routinière ?

Deux exemples donc bien différents mais qui attestent de la réalité quotidienne du terrain. Nous aurions pu lister toutes ces obligations qui s’imposent aux infirmières libérales. Prise séparément, chacune ne représente rien d’exceptionnel, mais assemblées les unes aux autres, elles conduisent à cet état d’épuisement professionnel.

Et vous, vous en êtes où face à ce constat ? Quelles seraient, selon vous, les solutions à privilégier pour réussir à faire baisser la pression ?