A quelques semaines de la fin de sa fonction ministérielle, Marisol Touraine a dévoilé le volet ambulatoire de son projet pour l’amélioration des conditions de vie des professionnels de santé. Mieux vaut tard que jamais, mais le projet est-il vraiment à la hauteur ?

Prendre soin des infirmières libérales et de tous les libéraux…. Enfin !

Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales et de la Santé, a présenté, le 22 mars dernier, le second volet du vaste plan national baptisé « Prendre soin de ceux qui nous soignent ». Le premier volet de cette stratégie d’amélioration des conditions d’exercice des professionnels de santé avait été dévoilé en décembre dernier et concernait le personnel hospitalier. C’était donc aux professionnels de santé libéraux de découvrir les mesures les concernant directement. Lors de sa présentation, Marisol Touraine a tenu a expliqué le sens et l’importance de ce projet :

Les professionnels qui exercent en ville sont des acteurs incontournables de la transformation de notre système de santé, leur responsabilité dans le déploiement de politiques de prévention et dans l’accompagnement du virage ambulatoire est majeure. Leur rôle dans le maintien du lien social l’est tout autant.

Certains regretteront que le constat de l’importance des infirmières libérales comme de tous les autres professionnels de santé dans le système de santé ne soit dressé qu’à cette occasion, alors que les prochaines semaines verront un changement d’équipe au sein du ministère.

Une première étape pour protéger ou pour prendre conscience ?

Les professionnels en ambulatoire, qui représentent 95% des libéraux, ont des attentes, des inquiétudes, qui sont légitimes et qu’il faut entendre. Au premier rang d’entre elles, il y a celle de disposer de conditions d’exercice permettant de travailler sereinement, en tout sécurité et sans épuisement psychologique. Cette explication de la Ministre de la santé a permis de planter le cadre de la réflexion, ayant conduit à la rédaction de ce second volet.

Cette prise de conscience du Ministère débouche donc sur trois axes principaux, qui ont été expliqués et détaillés par la Ministre de la Santé. Le premier consiste à améliorer les conditions d’exercice, ce qui passe par une lutte contre l’isolement. Des adaptations de mesure déjà existantes sont proposées comme par exemple avec la généralisation de l’accueil spécifique des libéraux dans des centres de santé, accueil spécifique réservé jusque-là aux seuls médecins. La sécurité marque le deuxième axe de ce projet national, avec la volonté affichée de renforcer la collaboration santé-police-justice notamment.

Enfin, un troisième axe prioritaire a été défini pour la prévention et la prise en charge des risques psycho-sociaux. Des dispositifs d’écoute mais aussi des formations dédiées sont programmés pour les mois et les années à venir.

Une décision tardive sans grande ambition pour les infirmières libérales

On ne peut que se féliciter que le sujet des conditions de travail des infirmières libérales soit enfin au centre du débat. En revanche, on peut également regretter le manque de décisions tranchantes et d’importance face au constat de malaise qui a été fait. Ainsi alors que Marisol Touraine reconnait que « L’une des principales attentes des professionnels de santé aujourd’hui est de travailler en sécurité. Que des soignants soient mis en danger dans le cadre de leur travail, c’est inacceptable et intolérable », on s’attend alors à des mesures drastiques et imposant le respect. Mais ce second volet prévoit une campagne de sensibilisation du grand public à ces problèmes de violence et d’incivilités à l’égard des infirmières libérales et de tous les professionnels de santé. La décision est-elle vraiment à la hauteur des enjeux ?

Il faut néanmoins souligner, que le ministère de la Santé a reconnu que bon nombre de professionnels n’avait pas attendu ce projet pour prendre en main leurs conditions de travail. La Ministre a même insisté sur ces «  initiatives sont nombreuses, parfois éparpillées ou insuffisamment connues : l’objectif de la stratégie nationale est de leur donner un cadre, de les valoriser, de partager de nouvelles solution et de généraliser ces bonnes pratiques. » En un mot, prendre exemple sur ce qui marche pour l’améliorer avant de l’étendre à tous les professionnels de santé. Une ambition louable certes, mais qui repose sur les efforts et les réflexions de ces mêmes libéraux, que le projet est censé protéger.

« Prendre soin de ceux qui nous soignent « , le projet national vous semble-t-il atteint ? Quels sont les axes prioritaires, selon vous ? Est-on sur la bonne voie ?