Créés pour réduire le nombre de ré hospitalisation et pour améliorer le suivi post-opératoire des patients, les protocoles Prado placent les infirmières libérales notamment au cœur du dispositif. Pourtant, ces infirmières et infirmiers libéraux ne semblent pas convaincus par l’utilité et l’efficacité de ces mesures.

Les PRADO, pour un meilleur suivi post-opératoire du patient

C’est en 2010, que les premiers protocoles Prado (acronyme pour Programmes de retour à domicile) ont vu le jour. Cela ne concernait alors que la maternité et l’objectif affiché était clair : participer à l’amélioration de la prise en charge post-hospitalisation. Ainsi les jeunes mamans concernées quittaient la maternité plus précocement « en échange » d’un nombre de visites des sages-femmes plus important qu’à l’habitude. On retrouve dans ces Prado le même esprit et la même finalité que l’Hospitalisation à domicile. Les professionnels de santé libéraux étaient donc dès le départ concernés par ces nouvelles mesures, que l’Assurance Maladie n’a cessé de proposer aux assurés en vantant les atouts de ces dispositifs :

« L’Assurance Maladie vous propose un service pour faciliter votre retour à domicile après votre accouchement et être suivie, chez vous, par la sage-femme de votre choix.

Avec ce service, l’Assurance Maladie met tout en œuvre pour que vous puissiez rentrer à la maison dans les meilleures conditions après la naissance de votre enfant. »

Ces protocoles ont connu un succès incontestable auprès des patients. Depuis les premiers protocoles, le Prado a été élargi à l’orthopédie, à la cardiologie, à la pneumologie (..) et aux personnes âgées en 2016.

Une nouvelle forme de HAD, plébiscitée par les hôpitaux

Ce succès des Prado auprès des patients peut aussi s’expliquer par les droits, que ces protocoles ouvrent aux assurés concernés, notamment en ce qui concerne les aides ménagères et le portage des repas.

De leur côté, les établissements hospitaliers se montrent plutôt satisfaits de ces protocoles, qui sont appelés à se multiplier. En effet, la gestion de la prise en charge à domicile se fait par l’Assurance Maladie elle-même selon un cadre réglementaire bien défini. Les hôpitaux se rassurent surtout, en sachant qu’un tel protocole garantit d’un suivi post-opératoire. Ce dernier n’est pas toujours assuré dans les autres cas souligne-t-on du côté des hôpitaux participant à l’expérimentation.

Mais ces protocoles Prado permettent aussi aux établissements hospitaliers de mieux s’organiser en anticipant le retour à domicile des patients. Le retour à domicile peut ainsi être programmé avant même le début de l’hospitalisation, garantissant aux hôpitaux une meilleure visibilité de leur activité.

Les protocoles Prado et les infirmières libérales, une relation difficile à mettre en place ?

On comprend aisément l’importance des infirmières libérales dans la réussite de ces dispositifs. Pour autant, s’il n’existe pas d’étude officielle quant à l’avis de ces professionnelles sur ces dispositifs, il existe de nombreux témoignages d’infirmières et d’infirmiers libéraux. Le recueil de ces témoignages a permis à certains, comme Actusoins, de souligner que l’accueil des Prado par les infirmières libérales était plus que mitigé. Les infirmières et infirmiers libéraux déplorent, en premier lieu, le manque d’informations émises par leur CPAM. Certains IDEL(s) soulignent que cette pénurie d’informations est principalement due, selon eux, à une méconnaissance de ces nouveaux dispositifs par les collaborateurs de l’Assurance Maladie elle-même.

La nécessité de suivre une formation pour bénéficier de l’autorisation d’intervenir dans le cadre de ces protocoles Prado, le transfert de patientèle imposé parfois par le PRADO, font partie des reproches les plus récurrents de la part des infirmières et infirmiers libéraux. Sans rejeter totalement l’utilité de ces protocoles, les infirmières libérales se désolent quand même qu’ils se multiplient et s’élargissent à de nouvelles disciplines. Le dispositif Prado Plaies Chroniques, qui est actuellement expérimenté, concentre une grande partie des inquiétudes.

Enfin, d’autres infirmières libérales ne comprennent pas la création de ces nouveaux protocoles, estimant que leur activité au quotidien consiste déjà à exercer cette mission de surveillance, et qu’il est donc inutile de leur assigner un coordinateur ou un responsable pour qu’elles l’accomplissent. Toujours est-il que si les patients et les établissements hospitaliers semblent plutôt convaincus de l’intérêt et de l’utilité de ces protocoles, les acteurs au quotidien de ces derniers, au premier desquels on retrouve les infirmières libérales, se révèlent plutôt méfiants et interrogatifs.

Et vous, avez-vous déjà participé à un tel protocole PRADO ? Quel en est alors votre ressenti ? Quels seraient selon vous les axes à améliorer ?