Evoquer la profession d’infirmière libérale ne se résume pas à l’énumération des actes techniques, qu’elles prodiguent continuellement ou faire état des revendications, qu’elles portent. Le métier d’infirmière libérale interroge aussi aux valeurs qui conduisent ces hommes et ces femmes à s’engager pour la santé de leurs patients…

 

Etre Infirmière libérale, une histoire de valeurs

 

On ne le répétera jamais assez, mais le métier d’infirmière libérale n’est pas une profession comme les autres. On ne se décide pas à ouvrir un cabinet comme on signe un contrat de travail. L’infirmière ou l’infirmier libéral ne peut pas être défini uniquement par rapport aux soins médicaux, qu’ils prodiguent. Certes en tant que professionnel de santé, il dispense des actes techniques, respecte des protocoles rigoureux et participe au suivi médical de sa patientèle.

Mais l’infirmière médicale est aussi cette professionnelle de santé, qui va redonner confiance à un patient introverti. Ses visites quotidiennes permettront à d’autres patients de retrouver une place dans la société en rompant leur isolement. Doit-on revenir sur le rôle essentiel joué par ces infirmières libérales auprès des familles des patients ?

Ce sont alors les qualités relationnelles de l’infirmière libérale qui sont au cœur de son métier du point de vue des patients bien sûr. Car même si cette capacité à créer ou recréer du lien ne leur est pas contestée par les autorités publiques, elle n’en apparait pas pour autant dans les missions qui leur sont dévolues. Les formations des infirmières et des infirmiers de France font une place à cette relation à l’autre, mais cette place ne représente pas l’importance de ces valeurs humaines dans l’exercice quotidien de la profession d’infirmière libérale.

 

L’infirmière libérale, une professionnelle reconnue sur tous les plans ?

 

Pourtant, les infirmières et infirmiers libéraux restent, en règle générale, plutôt silencieuses sur le sujet. Comment pourraient-elles exprimer ce qu’elles arrivent à apporter à leur patient d’un simple geste, d’un regard ou même d’une présence ? Il ne s’agit pas de pudeur ou de grandeur d’âme mais bien d’une impossibilité d’exprimer en mots ce que ces professionnels de santé peuvent donner pour le bien-être de leurs patients.

Certains évoqueront la similitude de cette situation avec celle des religieuses du XIXème siècle, qui sont à l’origine de cette image d’Epinal de l’Infirmière libérale en soutane. D’autres préféreront voir dans ce rapport au patient une vocation plus qu’une profession, un choix de vie plutôt que le choix d’un métier.

Ainsi l’infirmière libérale exerce un métier relationnel. Les compétences et la technicité sont nécessaires mais ne suffisent pas à prendre soin d’une patientèle de plus en plus nombreuse. C’est sur cet aspect humain de leur activité, que les infirmières libérales doivent encore être mieux reconnues par la population d’une part mais aussi par les autorités publiques.

 

Le rôle social de l’infirmière libérale, une mission essentielle et pourtant …

 

L’importance de la relation entre l’infirmière libérale et son patient revêt une importance toute particulière avec l’engagement de la Santé Publique en France pour une généralisation accrue de l’ambulatoire et de l’hospitalisation à domicile. On ne peut plus alors nier l’aspect social de ces professionnelles de santé, sur lesquelles reposeront en partie les questions sur l’adaptabilité du logement pour un maintien du patient à domicile, sur la présence ou non d’aidants familiaux, … Est-ce utile de préciser que toutes les assistantes sociales de France étaient, jusqu’en 1970, des infirmières ayant suivi une spécialisation dans leur cursus de formation ? Sanitaire et social sont indissociables, bien que l’on rechigne à le reconnaître.

A un moment où de nombreuses interrogations et de nombreux doutes pèsent sur l’avenir de la profession, les infirmières libérales n’ont pas à rougir de leur implication dans l’accompagnement social de leur patientèle. Ce dernier n’apparait pas dans les arcanes de la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP) mais personne ne remet en cause, que le vieillissement de la population d’une part et la volonté de maintenir à domicile les patients qui le souhaitent vont conduire à devoir adapter la politique de santé sur l’ensemble du territoire à ces nouvelles réalités. Peut-être qu’alors, ces valeurs, portées par la profession, pourront trouver une nouvelle dimension et participer à la redéfinition des missions de l’infirmière libérale.