Pourquoi l’hospitalisation à domicile peut concurrencer l’infirmière libérale ?

La rentrée a sonné pour tous. Pour les infirmières libérales, c’est le moment de s’interroger sur cette hospitalisation à domicile, avec laquelle elle doive collaborer au quotidien. Alors, l’HAD, une opportunité ou une menace ?

Une hospitalisation à part entière pour répondre aux enjeux de Santé Publique

Si l’Hospitalisation à Domicile est fréquemment évoquée ces derniers mois, elle n’en reste pas moins une forme déjà relativement ancienne d’hospitalisation. Importée des Etats Unis, elle apparait en France au cours des années 1950, et dès 1957, un premier établissement d’hospitalisation à Domicile est inauguré à Paris. Il faudra attendre quelques années avant qu’elle ne soit officiellement et légalement reconnue (1970). C’est cependant au cours des années 1990, que l’HAD se développe réellement et massivement en France, puisqu’à partir de 1991, le code de la Santé Publique la considère comme une réelle alternative à l’hospitalisation plus classique. En 2009, la loi Hôpital Patients Santé Territoire (HPST) considère même l’HAD comme une hospitalisation à part entière, ne se contentant plus de la définir comme alternative.

Cet aspect technique de l’hospitalisation à domicile ne doit pas non plus masquer l’aspect social, qu’elle représente. En effet, la HAD est aussi une réponse aux attentes des patientes et des patients. Avec le vieillissement de la population et l’augmentation continue du nombre de personnes âgées, dépendantes ou non, l’hospitalisation à domicile reste une réponse aux aspirations de la population d’une part mais aussi aux objectifs et aux ambitions des autorités publiques d’autre part.

L’hospitalisation à domicile, une hospitalisation encadrée et organisée

Le décret du 02 octobre 1992 définit précisément cette forme si particulière d’hospitalisation en détaillant : « Les structures d’hospitalisation à domicile permettent d’assurer au domicile du malade, pour une période limitée mais révisable en fonction de l’évolution de son état de santé, des soins médicaux et paramédicaux continus et nécessairement coordonnés. Les soins en HAD se différencient de ceux habituellement dispensés à domicile par la complexité et la fréquence des actes. »

On comprend donc bien, que dans l’esprit du législateur, ce sont les infirmières libérales et les autres professionnels de santé qui prodiguent ces soins. En revanche, ils le sont de manière coordonnée. L’HAD représente donc une solution permettant d’éviter ou de réduire l’hospitalisation des patientes et des patients, en permettant des soins plus complexes que ceux pouvant être réalisés par une infirmière libérale seule.

C’est à ce titre, que l’HAD doit bien être différenciée des Services de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). Pour les infirmières libérales, si l’HAD peut être considérée, dans certains cas, comme une concurrence, elle peut aussi être à l’origine d’un volume d’activités non négligeable. Les relations pourront être difficiles et susciter des conflits, mais cette forme nouvelle d’hospitalisation pose aussi et surtout question dans la nature même de l’exercice libéral du métier d’infirmière. L’infirmière libérale ne risque-t-elle pas de perdre autonomie et indépendance, en intervenant de plus en plus fréquemment dans des structures d’HAD ?

L’Hospitalisation à domicile, avant tout un choix économique

Pour coordonner les soins et donc permettre l’intervention de plusieurs professionnels, dont les infirmières libérales, l’HAD doit aussi garantir une prise en charge globale du patient tout en lui assurant une qualité et une continuité des soins, comme dans un service hospitalier. En 2010, chaque département comptait au minimum un établissement d’HAD (270 au total à la fin de l’année 2010 sur l’ensemble du territoire hexagonal). Avec 4 millions de journées, l’Hospitalisation à domicile ne concerne que 0.8 % des dépenses de l’Assurance Maladie.

On constate cependant très rapidement l’intérêt financier à privilégier ces structures. Selon une étude réalisée par le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie, une journée d’hospitalisation traditionnelle coûterait 703 euros contre 196 seulement pour l’Hospitalisation à domicile. L’écart entre ces deux formes d’hospitalisation (507 euros) explique les nombreuses mesures, prises ces dernières années, pour renforcer cette hospitalisation à domicile. Cela n’est pas sans poser question pour l’avenir même de la profession d’infirmière libérale. Car si les soins de ville, et donc les infirmières libérales, prenaient autrefois le relais lors d’un retour à domicile après hospitalisation, la donne a désormais changée en faisant une large place à l’HAD. Il reste à savoir jusqu’où cette généralisation s’étendra ….

 

Et vous, quel est votre avis sur la place de l’hospitalisation à domicile dans le système de santé en France ? Quels sont les changements à apporter pour aider les infirmières libérales à mieux s’insérer dans ces nouvelles structures ?