Les étudiants et étudiantes infirmières sont moins nombreux en 2017 qu’en 2016. Mais au-delà des problématiques sur le numérus clausus, la baisse importante des candidatures peut poser question pour les infirmières libérales comme pour leurs consœurs hospitalières.

Le numerus clausus en IFSI, un premier quota pour les infirmières libérales de demain !

 

On l’oublie trop souvent, mais l’encadrement des infirmières et des infirmiers ne se constate pas qu’en ce qui concerne l’installation des infirmières libérales. Les zones sous-dotées ou sur-dotées interdisent ou facilitent le choix des candidates à la fonction d’infirmière libérale. Mais avant d’en arriver là, ces mêmes infirmières ont déjà dû franchir un obstacle quantitatif, à savoir le numerus clausus des élèves en Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI). Avant de pouvoir commencer ces 3 années d’études amenant vers la profession infirmière, les étudiantes et étudiants doivent non seulement réussir leur concours d’admission mais aussi compter sur des quotas favorables. C’est par un arrêté (Journal Officiel du 14 avril 2017), que le Ministère de la Santé a rendu public la baisse du nombre de place en IFSI, une baisse modeste (50 places de moins sur le plan national) mais une baisse quand même. Ainsi, les étudiants en 1ère année sont limités à 30.947 places.

Soulignons ici toute la difficulté de cette définition de quotas, puisque les conséquences de ces décisions ne seront visibles que dans 3 ans minimum. Si l’évolution démographique est bien connue, celle du système de santé l’est beaucoup moins. Mais ce numerus clausus ne doit pas masquer également la baisse des candidatures.

 

Infirmière libérale ou hospitalière, une vocation en voie de disparition ?

 

Directrice de l’Institut de formation en soins infirmiers de Sarreguemines (57), Mme Nathalie Bouring constate ainsi amèrement face aux journalistes du Républicain Lorrain « une baisse du recrutement d’environ 5 % ». Elle se réconforte en constatant que la baisse dans certains Instituts atteint les 40 %. Il faut dire, que les étudiants en 1ère année ne présentent pas toutes et tous le même profil. Des jeunes bacheliers côtoient des quadras en reconversion professionnelle. On peut alors légitimement se poser la question de l’utilité d’un numerus clausus, à une époque où la profession infirmière attire de moins en moins. Pour la directrice de l’IFSI de Sarreguemines, ce désintérêt s’explique « par des conditions de travail difficiles en milieu hospitalier. Le burn-out n’est pas rare parmi les infirmiers. La rémunération d’environ 1500 € au départ n’est pas, valorisante, eu égard aux responsabilités incombant aux infirmiers ». Devenir infirmière ne ferait donc plus rêver même si il faut souligner que certains jeunes arrivent à l’IFSI après l’obtention d’un baccalauréat professionnel Accompagnement, soins et services à la personne. Ces étudiants démontrent que la vocation précoce (à devenir infirmière) existe encore bel et bien même si elle est de moins en moins importante.

 

Les élèves de l’IFSI, les infirmières libérales de demain

 

Même si cette baisse des candidatures au concours d’infirmier n’est pas dramatique, elle pose néanmoins question. Le vieillissement de la population, avec toutes les conséquences induites, impliquera, dans les années à venir, des besoins plus importants. Qu’il s’agisse d’infirmières en milieu hospitalier ou encore d’infirmières libérales, les besoins en professionnels reconnus ne suivront pas la même courbe des candidatures. Il faudra donc bien trouver une solution pour garantir l’égalité d’accès aux soins, la continuité des soins et la qualité de ceux-ci.

On se souvient alors de plusieurs polémiques nées ces dernières semaines et ces derniers mois. Les infirmières européennes, autorisées à exercer en partie leur activité, l’arrivée progressive et discrète d’opérateurs privés dans le domaine de la santé (La Poste a eu à pâtir de l’irritation de certaines infirmières libérales). Est-ce la voie choisie pour pallier à cette baisse des vocations pour devenir infirmière libérale ou hospitalière ? On peut se poser la question même si rien ne le laisse présager.

 

Et vous, comment comprenez-vous et expliquez-vous cette baisse des vocations ? Est-ce une tendance de fond ou un phénomène temporaire selon vous ? Quelles solutions vous apparaissent comme étant les plus efficaces pour pallier à cette désaffection ?