Décidément, la nomenclature fait couler beaucoup d’encre et les procédures en réclamation d’indus attisent la crispation des infirmières et infirmiers libéraux. Les IDEL(s) se sentent persécutés et stigmatisés.

 

Les indus, des origines difficiles à identifier pour un traumatisme bien réel !

 

Le manque de formation des infirmières libérales à l’origine des indus ?

 

De nombreuses infirmières et infirmiers libéraux ont réagi suite à notre entretien avec Mme Albanois et évoquant notamment les procédures d’indus envers les IDEL(s). Infirmière libérale depuis plus de 28 ans et engagée dans l’action syndicale, Mme Albanois pointait le manque de formation comme à l’origine de nombreuses procédures de réclamation en indus. Vous avez donc fait part de vos propres expériences en témoignant sur ce que vous vivez au quotidien.

Ainsi Samuel Bertin souligne que ce manque de formation ne peut pas tout expliquer, puisque « Le plus bizarre c’est que sur un cabinet, pour les mêmes actes côtés il réclament des indus à un seul idel et pas aux autres….. ». Il n’est pas le seul à incriminer les caisses d’Assurance Maladie dans la multiplication de ces procédures. Christelle Lepich Richard conforte ce sentiment, que le manque de formation ne concerne pas que les infirmières libérales, et qu’un effort devraient être faits pour le personnel des caisses. « Effectivement nos charmantes interlocutrices de la CPAM ne sont pas au clair avec les cotations et nous envoient droit aux indus. »

 

Le quotidien des infirmières libérales, une succession épuisante et stressante de contraintes

 

Toujours est-il, que cette peur des indus reste bien présente à l’esprit d’une grande partie des infirmières et infirmiers libéraux. Johnny Taasch propose que l’on se penche sur l’origine de ce problème en constatant que la «  nomenclature est une véritable usine à gaz «. Cette complexité de la nomenclature rend son application plus difficile au quotidien, d’autant que les infirmières libérales se plaigent fréquemment de la différence de traitement d’une région à l’autre. Et ces différences sont très mal vécues par les IDEL(s). Gaelle Fradin résume parfaitement cette opinion en nous écivant : « Il faudrait aussi que les Cpam aient la même appréciation des cotations dans toutes les régions de France! »

Mais ces procédures d’indus ne sont pas les seules craintes des infirmières libérales vis-à-vis de la Nomenclature. L’esprit même de la nomenclature énerve et stresse les infirmiers libéraux, comme l’explique Johnny Taasch : » On n’a pas le droit de se tromper sur la facture mais par contre ça ne les choque pas qu’on travaille gratuitement car la nomenclature a décidé de pas le prendre certains actes en considération… Et pendant ce temps le spécialiste prend 60 euros la consultation de 5 minutes et le kiné refuse de faire du domicile car au cabinet il peut prendre et facturer 4 patients à la fois… »

Un sentiment d’injustice et une incompréhension face aux décisions des autorités

 

Certes, les infirmières et infirmiers libéraux veulent bien admettre qu’une formation continue serait nécessaire. Laurent Raidi propose même d’aller plus loin : « Je pense qu’il faudrait une formation obligatoire sur la nomenclature délivrée par la CPAM du département d’exercice. Et surtout, bien faire comprendre aux IDEL que la nomenclature ne doit jamais être en leur faveur… »

Dans tous les cas, la très grande majorité des infirmières et infirmiers libéraux considèrent cette situation comme injuste, les amenant fréquemment à comparer leur situation avec celle d’autres professionnels libéraux de santé. Ce sentiment d’injustice se double en outre d’une incompréhension totale des décisions de certaines caisses d’Assurance Maladie. Valériane Pascal pose même deux questions pertinentes, deux questions sans réponse à ce jour : « Comment se fait-il que les caisses attendent si longtemps pour réclamer des indus? Qui s’avèrent bien sûr colossaux : trois ans d’indus notamment dans le cadre des AIS puisque ces derniers reçoivent les DSI au contrôle médical ? « 

Si chaque infirmière libérale a son opinion sur le sujet, la quasi-totalité des IDEL(s) s’accordent cependant sur un point : les indus sont, dans la quasi-totalité des cas, dus à des erreurs ou à des incompréhensions. La fraude volontaire reste exceptionnelle. Dans ces circonstances, les infirmières et les infirmiers libéraux ne peuvent-ils pas prétendre au droit à l’erreur, prôné par l’actuel Président de la République ? A ce jour, le projet de loi ne concerne pas les indus, mais il n’est pas interdit de rêver !

 

Et pour vous, quelle est la principale cause à l’origine de ces procédures d’indus ? Estimez-vous que le droit à l’erreur devrait être étendu pour apaiser les infirmières et infirmiers libéraux ?