De plus en plus d’annonces sont faites au sujet d’expérimentations d’EHPAD à domicile. Dans la pratique, ces tests impliquent le recours aux infirmières libérales, devant pallier à l’insuffisance récurrente de personnel au sein de ces structures.

 

Simplification ou empilement de structures, quelle place pour les infirmières libérales ?

Un article consacré à la concurrence, que peut représenter l’Hospitalisation à domicile (HAD) vis-à-vis des infirmières et infirmiers libéraux, a suscité de nombreuses réactions. Les infirmières et infirmiers libéraux ont ainsi pu s’exprimer et faire connaître leur avis sur le sujet. Certes, il n’existe pas de position unique, appliquée par tous les IDEL(s) de France. Si certains reconnaissent l’utilité et l’intérêt de cette HAD, d’autres, en revanche, dénoncent une forme de concurrence déloyale. Pourtant, la grande majorité des infirmières et infirmiers libéraux comme tous les autres professionnels de santé souhaitent plus de transparence dans les pratiques et la gestion de l’hospitalisation à domicile. La multiplication des structures mais aussi des formes d’HAD contribue, en effet, à rendre cette forme singulière d’hospitalisation plus difficile à cerner et à comprendre.

Imaginée à l’origine pour des soins trop complexes ou trop techniques pour relever des soins de ville, l’Hospitalisation à domicile devait permettre d’éviter, ou réduire la durée, d’hospitalisation classique. Pour les personnes âgées, si l’infirmière libérale et plus généralement ces soins dits de ville n’étaient plus suffisants, l’HAD permettait d’éviter le placement dans un établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).  

L’EHPAD à domicile, des expérimentations qui inquiètent les infirmières libérales !

Depuis plusieurs années, de nouvelles expérimentations semblent complexifier un peu plus la situation. En effet, des solutions d’»EHPAD à domicile » sont proposées aux patients et patientes. L’objectif consiste bien à assurer les mêmes prestations garanties dans les EHPAD directement au domicile du patient. Les prestations proposées ne se limitent donc pas aux soins, prodigués par les infirmières libérales ou les infirmières de l’EHPAD, mais à l’ensemble des aspects de la vie quotidienne des personnes âgées concernées. Des animations peuvent être ainsi proposées, alors que les repas peuvent être livrés aux patients, qui le souhaitent. Un service technique pourra même intervenir pour solutionner les tracas de la vie quotidienne. Si sur le papier, la solution a de quoi séduire les Françaises et les Français, elle répond aussi aux envies de la population, qui souhaite majoritairement finir sa vie à domicile. Dans les faits, les expérimentations menées ont bien mis en évidence, qu’un EHPAD ne pouvait pas faire face à toutes ses nouvelles obligations sans recourir à des prestataires extérieurs.

 

Les infirmières libérales à la rescousse des EHPAD à domicile ?

En effet, une grande partie des tests d’EHPAD à domicile garantisse la présence d’un (e) psychologue mais aussi d’une infirmière de garde 24h/7J. Au quotidien, les soins infirmiers ne peuvent pas être assumés par les infirmières et infirmiers de l’établissement, déjà occupés avec les patients admis de manière plus traditionnelle dans ces structures. Ce sont donc bien les infirmières et infirmiers libéraux de la ville concernée, qui sont sollicités pour pouvoir faire face à ces attentes. Après l’hospitalisation à domicile, l’EHPAD à domicile représente, à son tour, une nouvelle forme de concurrence pour les IDEL(s).

On peut supposer, que ces expérimentations devraient, à moyen terme, être généralisées à l’ensemble du territoire. Et il n’est pas impossible de penser que ces mesures seront, d’une façon ou d’une autre, intégrées à l’HAD.

La problématique posée reste bien la diminution des débouchés accessibles aux soins de ville et donc aux infirmières libérales. Certes, les soins infirmiers ne diminuent pas, et devraient même, dans le domaine des soins aux personnes âgées, continuer à croitre avec le vieillissement de la population. Les infirmières et infirmiers libéraux seront donc amenés à collaborer de plus en plus avec ces différentes structures d’HAD. Sans être salariés, les IDEL(s) seront alors sous l’autorité et la responsabilité de ces établissements, risquant de dénaturer l’aspect libéral de la profession infirmière. N’est-ce pas une « ubérisation » des soins infirmiers qui se dessinent, où les établissements d’HAD ou d’EHPAD fixeront les règles à appliquer ? Dans tous les cas, ces expérimentations ne sont pas de nature à répondre aux attentes de clarification et de simplification, dont nous nous faisions l’écho pour commencer cet article.

 

Et vous, pensez-vous que l’on se dirige vers une centralisation des soins infirmiers ? Une ubérisation de la profession ?