Bien que leur statut ait été récemment reconnu officiellement, les aidants restent dans une situation délicate. Et pourtant au quotidien, ils constituent le principal partenaire des infirmières et infirmiers libéraux.

Les infirmières libérales, des soignantes mais pas uniquement

Si le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes notamment fait partie des grandes ambitions de la politique de santé publique en France, c’est notamment grâce aux soins prodigués par les infirmières et infirmiers libéraux. Au plus près des patientes et des patients, les infirmières libérales permettent à leurs patients d’éviter (ou de repousser) l’hospitalisation. On rappelle assez souvent l’implication de ces infirmières libérales pour la prise en charge de ces patients en perte d’autonomie et/ou atteints de maladies chroniques. Les emplois du temps surchargés des infirmières et infirmiers libéraux attestent de cette réalité.

Mais les infirmières libérales ne sont pas les seules à prendre soin de ces patients, qui sont souvent assistés « d’aidants ». Sous cette appellation générique, il faut comprendre les proches du patient, puisque sur les 8 millions d’aidants en France, 80 % sont des membres de la famille, et dans la majorité des cas, ce sont des femmes (60 %). Ces aidants font tout pour permettre à leur proche de rester à domicile, malgré toutes les contraintes et les efforts que cela implique. Si les infirmières libérales ont pour mission de soigner et d’accompagner leurs patients, ces « femmes aidantes » sont, pour ce qui les concerne, engagées, dans 1 cas sur deux, dans une activité professionnelle.

Les aidants, les premiers partenaires des infirmières libérales ?

C’est un sujet, qui reste très peu évoqué, et pourtant au quotidien, les infirmières libérales travaillent au contact de ces aidants. Ces derniers, dont le statut et la situation mériteraient d’être clarifiés (même s’il faut admettre que des efforts sont entrepris en la matière depuis quelques années), représentent la présence quotidienne, sur laquelle les IDEL(s) peuvent s’appuyer. Combien d’infirmières ou d’infirmiers libéraux ont prodigué des conseils, des « formations informelles » à ces aidants pour qu’ils puissent affronter plus sereinement les situations difficiles auxquelles ils sont confrontés ?

Par définition, l’aidant n’est pas un partenaire ou un professionnel de santé, mais cela n’empêche pas l’infirmière libérale de lui porter plus de considération que la société ne lui en accorde. Même si une récente loi a officialisé et donc reconnu ce statut d’aidant (un congé a été octroyé ainsi qu’une aide financière modeste certes mais qui a le mérite d’exister), ces proches deviennent des auxiliaires médicaux par obligation et non par choix. Ce n’est pas toujours facile de s’adapter, et dans ces cas-là, on se tourne vers les professionnels présents. Or qui à part l’infirmière libérale intervient quotidiennement chez les patients ?

Les aidants et la famille, des relations fortes avec les infirmières et infirmiers libéraux

Des relations fortes se tissent entre les aidants et les infirmières libérales. Ces dernières ne sont plus perçues uniquement comme des soignantes mais comme des référentes. Du conseil pour prodiguer certains soins à l’écoute attentive en cas de doutes ou de dépression temporaire, les infirmières libérales prennent en considération les attentes de ces derniers mais aussi, plus généralement, celles de toute la famille de leurs patients. Elles ne peuvent pas se substituer à ces relais familiaux, déjà trop contraintes pas des emplois du temps surchargés mais peuvent, en revanche, encadrer ce partenariat informel et pourtant bien réel, afin de le rendre efficace.

Cette relation peut parfois dépasser le seul stade de soignant / patient / famille. Dans tous les cas, elle participe à favoriser le maintien à domicile tant par les soins prodigués que par l’aide morale et matérielle. L’objectif poursuivi (rendre possible le maintien à domicile pour le plus grand nombre) est alors atteint.

Cette problématique de la « collaboration » entre les infirmières libérales d’un côté et les aidants et la famille de l’autre doit être posée dans toutes ses dimensions. Avec le vieillissement de la population, la cohabitation de ces deux acteurs majeurs du maintien à domicile est appelée à se développer un peu plus encore.

Et vous, quelle est votre approche des aidants et de la famille des patients ? Ces relations se sont-elles renforcées au fil des années ? Quelles modifications souhaiteriez-vous voir adopter ?